Édouard Philippe, vulcanologue, expert en gouffre des dépenses publiques

Revue de presse par Michel Pourcelot

Séance de questions au gouvernement a l’Assemblée nationale. © HAMILTON/REA

La politique de déclaration de politique générale du chef du gouvernement Édouard Philippe devant l’Assemblée nationale le 4 juin 2016 a abordé nombre de sujets, dont notamment celui des dépenses publiques. La presse a cru y discerner l’annonce d’une nouvelle cure d’austérité. Aperçus.

Paris-Normandie
Devant le Congrès réuni à Versailles, le président Emmanuel Macron, sur un ton quelque peu grandiloquent, a fixé le cap de la France pour les cinq années à venir. Hier, à l’Assemblée nationale, c’est un premier ministre, les deux pieds dans la glaise, qui a prononcé un discours de politique générale sans emphase. Avec de l’argile jusqu’aux chevilles ?

Le Républicain Lorrain
Certains s’esbaudissent devant tant de simplicité : il prend des exemples simples pour dénigrer l’addiction française à la dépense publique et choisit des images. Dantesques. Les Français sont accros à une drogue de confort et dépasse les limites prescrites (3%), se mettant en grand danger. Résultat : Nous dansons sur un volcan qui gronde de plus en plus fort. Sauf que le chef du gouvernement semble oublier que l’expression, due à un aristocrate moins de deux mois avant la révolution de 1830, a été surtout utilisée à l’époque de la Restauration, en faisant allusion au mécontentement populaire, puis pour la période précédant la crise de 1929.

 Le Figaro
Seul moyen d’éviter de plonger dans le gouffre : une loi de programmation des finances publiques quinquennale, qui devraient permettre à la Sécurité sociale d’atteindre l’équilibre à l’horizon 2020, a précisé le premier ministre. Nous devrons d’ici là définir de nouvelles règles permettant de proscrire dans la durée le déficit de nos comptes sociaux, a-t-il dit. Bref, des diurétiques dans la durée, sur ordonnances prescrites par les docteurs Macron et Philippe, diplômés de l’académie libérale. Édouard Philippe a affirmé Si nous voulons financer nos priorités, et ne pas continuer à paupériser l’État, nous devrons choisir et remettre en cause certaines missions : faire bien ce que nous devons faire ; arrêter de faire ce que d’autres font mieux que nous […], a affirmé le locataire de Matignon, brandissant le benchmarking pour réduire certaines missions.

La Tribune
Moins de service public, plus d’impôts ? C’est du moins ce à quoi, selon une étude d’opinion réalisée le 4 juin : Plus de la moitié des sondés s’attend à une hausse d’impôts. Sont-ils convaincus par les professeurs Macron et Philippe ? Seuls 26% des interrogés —soit un peu plus d’un sondé sur quatre— ont jugé le discours du chef de l’État, donné lundi à Versailles, convaincant. Pour le Premier ministre et son discours de politique générale à l’Assemblée nationale, c’est un tout petit plus puisque 27% des sondés y ont été sensibles.

Le Monde
Sensiblement plus sensible, le patronat a salué mardi la volonté du gouvernement de baisser la dépense publique en France, mais il a averti qu’il restait sur ses gardes et a regretté le report de certaines mesures phares pour les entreprises, jouant la mouche du « coach » du gouvernement. Somme toute satisfait, le Medef partage l’ambition du premier ministre de désintoxiquer le pays de sa dépendance aux déficits publics, a indiqué l’organisation patronale après les velléités de ce Premier ministre à administrer un sevrage à ces intoxiqués de Français, à tel point qu’ils ne voient pas qu’ils sont au bord du gouffre, foi de vulcanologue.

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante