Education nationale et Supérieur : les mobilisations s’organisent

InFO militante par Chloé Bouvier, L’inFO militante

En ce début d’année, les étudiants, les parents d’élèves ainsi que les personnels de l’Education nationale et de l’Enseignement supérieur protestent contre un axe budgétaire 2025 qui verse toujours et encore dans l’austérité. À Paris, en régions et y compris dans les zones rurales, les mobilisations prennent forme, se multiplient et se déploieront encore dans les semaines qui viennent.

La dégradation du service public de l’Education risque hélas de se poursuivre. Dans la loi de finances pour 2025, adoptée une nouvelle fois à coups de 49.3, les secteurs de l’Education et de l’Enseignement supérieur ne connaissent aucune hausse massive des moyens à la hauteur de besoins. Ainsi, pour l’enseignement scolaire, les crédits s’élèvent à 88,6 milliards d’euros (dont la prise en compte de la contribution aux pensions), contre 86,8 milliards en 2024. Dans le détail, hors pensions, 27,4 milliards vont à l’enseignement public de premier degré et 39,4 milliards au second degré. Le privé (premier et second degrés) affiche lui un niveau de crédits de 8,9 milliards d’euros.

L’Enseignement supérieur et la Recherche sont aussi impactés par la sévérité budgétaire, avec une latitude de crédits de 26,7 milliards d’euros (30,9 milliards si l’on prend en compte les contributions aux pensions). Une baisse importante par rapport à 2024 (31,8 milliards d’euros). C’est une coupe d’un milliard d’euros qui a été assénée, s’indigne FO ESR. Ce budget ne peut être qu’inquiétant, dans un contexte où déjà beaucoup d’universités sont en déficit, souligne Sylvain Excoffon, secrétaire général du syndicat. Le militant cite notamment Paris-1 et Toulouse-1 (11 milliards d’euros de déficit à la fin de l’année 2024) et Paul-Valéry Montpellier (6 milliards d’euros de déficit). Conséquences de l’axe budgétaire ? Dans les établissements, cela signifie le gel des recrutements de titulaires et le non-renouvellement des contractuels. Et pour les étudiants, des classes surchargées, des diminutions d’heures de formation voire la disparition de certaines filières...

Les vrais-faux reculs du gouvernement

La colère est d’autant plus présente que le recul annoncé par le gouvernement sur la mesure concernant les effectifs n’en est pas vraiment un, insistent les militants FO. Le gouvernement a tenté de montrer que l’annulation de la suppression des 4 000 postes dans le second degré était une amélioration, mais non cela demeure insuffisant, s’indigne Christophe Lalande, secrétaire fédéral à la FNEC-FP-FO, mais on voit déjà apparaître d’autres coupes budgétaires, comme par exemple la part collective du Pass culture qui permet d’organiser des sorties et actions culturelles dans le cadre scolaire. Par ailleurs souligne-t-il, ce que le gouvernement présente comme un recul, notamment sur la réforme du choc des savoirs, n’en est pas. Ainsi si elle n’est que partiellement appliquée en 4e et 3e, elle demeure pour les élèves de 6e et 5e, note-t-il.

Au sein de la Recherche, le projet de labellisation « Key Labs » fait l’objet d’un moratoire. Annoncé par le P-DG du CNRS, cette labellisation vise à concentrer les crédits sur une minorité de laboratoires susceptibles de peser dans la compétition internationale, en délaissant tous les autres financièrement, explique Sylvain Excoffon. Face à l’opposition vive des acteurs, le ministre Philippe Baptiste a finalement annoncé un moratoire de cette mesure. Mais il ne s’agit que d’un moratoire. Nous exigeons un abandon pur et simple de ce projet dangereux, insiste le militant.

Vers une manif nationale le 11 mars dans le Supérieur

Face à des moyens budgétaires insatisfaisants, les mobilisations prennent diverses formes. Il y a des formes classiques, comme la manifestation à Paris, explique Christophe Lalande. Le 11 février, dans la capitale, 34,5 % des enseignants étaient en grève et presque un millier de personnes ont manifesté devant le rectorat pour dénoncer la fermeture de 198 classes. Le budget 2025 prévoit en effet la suppression de 470 postes dans le premier degré, dont 110 sur Paris. Ces suppressions de postes se traduisent sur le terrain par des fermetures de classes. Ailleurs sur le territoire, notamment dans des zones rurales, les mobilisations prennent d’autres formes, comme le blocage d’écoles par les familles et les membres du Snudi-FO. Dans l’Yonne, après plusieurs actions de blocage et 300 personnes mobilisées devant le rectorat, la Direction des services départementaux de l’Education nationale a annulé les 40 fermetures de classes qui étaient annoncées. En Haute-Loire, voilà plus de deux semaines que parents et enseignants se mobilisent contre les fermetures programmées, bloquant les établissements et manifestant devant les représentations de l’administration de l’Education nationale. Nous ne lâcherons rien, prévient le comité inter-établissements en défense des écoles publiques.

L’Enseignement supérieur n’est pas en reste. Le 11 février, près de 500 personnes étaient rassemblées à Paris, sur la place du Panthéon, refusant les mesures d’austérité du gouvernement, rappelle Sylvain Excoffon. FO et d’autres syndicats s’étaient joints à l’appel à cette manifestation initiée par les organisations de jeunesse. Dès le 3 février, plusieurs mobilisations locales ont été organisées dans les universités, donnant lieu à des blocages ou des assemblées générales. Lille, Rennes, Toulouse, Caen, Aix-Marseille ou encore Tours, la liste s’allonge. C’est important que ses mobilisations soient suivies d’AG pour que le mouvement se structure. Avec le syndicat, nous accompagnons ces mobilisations, notamment pour la rédaction de cahiers de doléances les plus précis possibles. Car si l’austérité touche tous les établissements, les conséquences peuvent être différentes d’une fac à l’autre. Avec l’intersyndicale de l’Enseignement supérieur, FO prévoit d’appeler à une série de journées de mobilisations, qui participeront à construire une manifestation nationale le 11 mars.

Chloé Bouvier

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération

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