Éducation nationale : succès de la première mobilisation pour des recrutements immédiats

InFO militante par Evelyne Salamero, L’inFO militante

Rassemblement à Paris. © F. BLANC

En grève nationale à l’appel de six organisations syndicales, dont FO, plusieurs milliers de personnels des écoles, collèges et lycées ont manifesté dans tout le pays pour obtenir des recrutements immédiats, alors que le protocole sanitaire élaboré par leur ministère est inapplicable tant les classes sont surchargées.

Ils étaient environ 1 500 rassemblés aux abords du ministère de l’Éducation nationale ce 10 novembre après-midi. En province, les personnels des écoles, lycées et collèges ont manifesté en direction des services départementaux de l’Éducation nationale (DSDEN) et des rectorats de nombreuses villes. On en comptait 2000 à Paris, 1500 à Toulouse, 700 à Bordeaux, 550 à Grenoble, 300 à Marseille, 400 à Rouen, 200 au Havre, 200 à Lyon, 300 à Tours….

Rassemblement des enseignants le 10 novembre 2020 devant le rectorat de Lyon pour dénoncer le manque de moyens.

Les personnels de l’Éducation Nationale ont répondu nombreux à l’appel à la grève nationale lancé par six organisations syndicales, dont la fédération FO (FNEC FP FO, enseignement, culture et de la formation professionnelle). Une première mobilisation nationale réussie, par temps de crise sanitaire, dont était annonciatrice la multiplication des initiatives locales (débrayages, réunions syndicales, assemblées générales, rassemblements) depuis la rentrée scolaire du 2 novembre.

La solution existe

Le protocole sanitaire élaboré par le gouvernement pour cette rentrée scolaire semble bien se révéler inapplicable en raison du trop grand nombre d’élèves par classes. La revendication des grévistes est donc simple. Ils exigent le recrutement immédiat de personnels, comme l’ont rappelé les six organisations syndicales au ministre Jean-Michel Blanquer, dans un courrier commun qu’elles lui ont adressé le 3 novembre, préconisant en particulier d’avoir recours aux listes complémentaires des concours et de les réabonder si nécessaire.

La situation sanitaire liée à la propagation de la pandémie de la Covid-19 nécessite une protection totale et complète de la santé des agents publics. Cette obligation réglementaire est de la responsabilité des employeurs publics qui doivent prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer cette protection. Or nous ne pouvons que constater et regretter que ce ne soit toujours pas le cas., écrivaient-elle il y a déjà une semaine dans ce courrier.

Deux jours plus tôt, dimanche 1er novembre, veille de la rentrée, l’ensemble des organisations syndicales de l’Éducation nationale, ce qui ne s’était pas vu depuis très longtemps, ainsi que la fédération des Parents d’élèves FCPE et les deux syndicats lycéens, l’UNL et la FIDL, avaient déjà demandé d’une même voix au ministre de procéder sans attendre à des recrutements, en commençant par recourir aux listes complémentaires aux concours.

Pour la fédération FO, c’est une remise en cause du caractère national de l’Ecole publique

Mais pour seule réponse, le ministre a annoncé le 5 novembre un réaménagement du baccalauréat pour cette année 2020-2021. Au menu : le renforcement du contrôle continu, ainsi que l’encouragement de l’enseignement à distance, avec cette phrase qui risque fort de semer plus de colère encore : à chaque établissement d’établir son protocole, car chaque établissement est particulier.

© F. BLANC

Pour le secrétaire général de la FNEC FP FO, Clément Poullet, Sous prétexte de protocole renforcé le ministre remet en cause une fois de plus le caractère national de l’école publique. Il veut imposer le télé-enseignement qui n’est pas de l’enseignement et qui conduit les personnels à travailler jour et nuit dans des conditions insupportables, avec des obligations de service et des emplois du temps explosés. Il fait exploser le baccalauréat national, a-t-il notamment précisé, rappelant l’opposition de FO à la réforme du Bac et à Parcoursup.

Il faut recruter des milliers de profs tout de suite et cela est possible !, a insisté le responsable de la fédération FO qui met également en avant la nécessité de renoncer aux 1 800 suppressions d’emplois prévues pour le second degré dans le budget 2021.

Le soutien de la confédération FO

Autant de revendications appuyées et relayées par la confédération FO, dont le secrétaire général Yves Veyrier est allé soutenir les grévistes, en participant au rassemblement parisien.

Pour la confédération FO en effet, Dans le contexte de crise sanitaire majeure à laquelle nous sommes confrontés, dont les conséquences n’épargnent aucun secteur d’activité, il s’agit d’assurer, à la fois, la protection des personnels et des enfants, en l’occurrence au sein de l’éducation nationale pour ce qui concerne les écoles, collèges, lycées notamment, et la continuité de la mission d’instruction publique à égalité et dans les meilleures conditions pour toutes et tous les élèves..

Alors que le ministère n’a pas même répondu à la demande d’audience des organisations syndicales ce 10 novembre, celles-ci devaient se réunir à l’issue du rassemblement parisien pour discuter de la suite à donner à la mobilisation. Pour ce qui la concerne, la FNEC FP FO appelle les personnels à se réunir en assemblées générales avec les parents et les lycéens dès jeudi 12 novembre, a annoncé son secrétaire général à l’issue du rassemblement parisien.

10112020Rassemblement enseignants01

Evelyne Salamero Ex-Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération