Ehpad : Des conditions de travail difficiles, des personnels très engagés

Service Public par Françoise Lambert

Alors que les mouvements de grogne se multiplient ces derniers temps dans les Établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), les conclusions d’une étude gouvernementale sur la difficulté des conditions de travail des salariés de ce secteur, réalisée en 2016, restent plus que jamais d’actualité.

Ils sont infirmiers, aides-soignants, aides médico-psychologiques, auxiliaires de vie sociale, ou encore agents administratifs dans des établissements publics, privés à but non lucratif ou privé commerciaux.

Au-delà de leurs différences, l’ensemble des personnels des Ehpad (Établissements d’hébergement pour personnes âgées) se regroupent autour d’une identité professionnelle forte. Ils ont en commun des conditions de travail difficiles et un engagement important dans leurs métiers.

Une organisation du travail souvent en tension

L’organisation du travail est souvent en tension en peut être source de dégradations des conditions de travail , relève la Direction des statistiques des ministères de l’Économie, des Affaires sociales et de la Santé (Drees), dans une étude de septembre 2016, qui reste d’actualité.

Les Ehpad manquent de personnel. Les moyens financiers des établissements, soumis aux dotations publiques, conditionnent les dotations en personnels, et par conséquent le taux d’encadrement et la charge de travail par individu, explique la Drees.

Alourdissement des charges de travail

Avec une entrée plus tardive des personnes en Ehpad et un niveau de dépendance plus élevé des résidents, les personnels soignants soulignent un alourdissement de leur charge de travail et une modification de leurs conditions de travail.

Les tâches sont recentrées sur le soin, au détriment de l’accompagnement humain et de la qualité relationnelle avec les résidents.

Pénibilité mentale et physique accrues

Une évolution qui accentue la pénibilité mentale de métiers qui peuvent être pesants par ailleurs, avec la confrontation fréquente à des décès et la nécessité de s’adapter très régulièrement à de nouveaux arrivants.

La proportion croissante de résidents atteints de troubles psychiatriques, d’un handicap ou d’une addiction n’est pas toujours prise en considération dans la formation des personnels ou l’organisation de l’établissement. La fuite du résident dément est un stress permanent pour le professionnel soignant, note la Drees.

La pénibilité physique du métier s’est également accrue.

En raison du degré de dépendance plus important des personnes accueillies, les gestes techniques de soins effectués par les personnels, comme aider une personne à se lever ou porter une personne de son lit à son fauteuil, demandent des efforts physiques plus nombreux.

Raréfaction des financements

En septembre 2016, la Drees relevait de fortes inquiétudes de la part des personnels, en lien avec la raréfaction des financements et la croissance de la charge de travail.

Ils revendiquent que soit pris en compte le lien organique entre la qualité de leurs conditions de travail et la qualité de la prise en charge proposées aux résidents, ajoutait la Drees.

Les craintes et les revendications des personnels des Ehpad sont aujourd’hui inchangées. Ils demandent une amélioration de leurs conditions de travail, ce qui passe par des moyens financiers et humains.

 

Repères
50% des places en hébergement pour personnes âgées dépendantes sont dans des établissements publics, 28% dans des établissements privés à but non lucratif et 22% dans des établissements privés commerciaux. L’âge moyen de l’entrée en Ehpad était de 84 ans et 9 mois en 2011. Plus de 40% des résidents en Ehpad souffrent d’une pathologie démentielle. La durée de séjour moyenne est d’environ deux ans et demi.

Françoise Lambert Journaliste à L’inFO militante

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