Ehpad : en grève, les salariés d’Orpea et de Clinea disent « stop à la maltraitance »

InFO militante par Chloé Bouvier, L’inFO militante

© Laurent GRANDGUILLOT/REA

Ce 8 mars, à l’appel de FO et d’autres syndicats, de nombreux professionnels du secteur des Ehpad ont manifesté devant le siège du groupe Orpea et de sa filiale Clinea, revendiquant une amélioration des conditions de travail pour les agents et une meilleure prise en charge des résidents. Alors qu’un livre a mis en lumière les pratiques douteuses du groupe, FO, notamment, demande l’ouverture d’une enquête parlementaire.

Plus d’un mois après les révélations du livre  Les Fossoyeurs  du journaliste Victor Castenet, Force Ouvrière appelait les personnels des Ehpad du groupe Orpea et sa filiale sanitaire Clinea à faire grève ce mardi 8 mars. Dans un tract co-signé avec un autre syndicat l’USNP-FO demande une amélioration des conditions de travail ainsi qu’une meilleure prise en charge des patients et résidents. Leur mot d’ordre ? Stop à la maltraitance.

Ils étaient ainsi nombreux à 10h ce 8 mars devant le siège d’Orpea pour faire entendre leurs revendications. Plusieurs centaines de personnes, estime Franck Houlgatte, secrétaire général de l’UNSP-FO. Des psychologues sont notamment venus nous témoigner leur soutien, et plus largement des organisations syndicales belges, italiennes et allemandes du secteur. Cette mobilisation avait une dimension européenne importante puisque l’appel à la grève a été appuyée par l’European Federation of publics unions (EPSU) et le syndicat allemand unifié des services VER.DI. Les mauvaises conditions de travail sont une vérité dans le secteur, qu’importe les frontières :  l’intérêt du groupe est d’engranger des bénéfices, qu’importe les soignants et les soignés et donc le pays dans lequel ils vivent, souligne le secrétaire général de l’USNP-FO.

Le soutien à l’échelon européen est d’autant plus important que l’ensemble des organisations syndicales sont concernées par la répression qu’exerce le groupe sur les salariés qui s’engagent. Hier encore, nous avons apporté notre soutien à une syndiquée de VER.DI qui est sous le coup d’une procédure de licenciement, alors qu’elle n’a fait que son travail, raconte Franck Houlgatte. D’autres salariés, adhérents de FO ou d’autres syndicats ont été licenciés par le groupe.

Des mesures annoncées qui demeurent en deçà des enjeux

Ce 8 mars, jour de cette mobilisation, Olivier Véran, ministre de la Santé et des Solidarités, a présenté de son côté un plan gouvernemental visant à renforcer le contrôle sur les Ehpad et la transparence de leur gestion.  Les mesures annoncées restent en deçà de nos espérances et de l’importance des enjeux, réagit Franck Houlgatte. Il nous a déjà été promis des contrôles réguliers des structures lucratives mais si ceux-ci se déroulent comme actuellement, c’est-à-dire en prévenant les établissements en amont, ils sont inutiles.

Depuis un mois, l’exécutif aligne les promesses portant sur des mesures contrôles à mettre en place concernant des Ehpad et établissements appartenant à des groupes privés. Mais comment cela peut-il changer les problèmes systémiques que connaît le secteur ?, interroge Franck Houlgatte. Par manque de temps et d’effectifs, les salariés risquent de maltraiter les résidents, et sans que ce soit de leur faute !

La demande syndicale d’une commission d’enquête parlementaire

FO et d’autres syndicats demandent l’ouverture d’une enquête parlementaire sur le groupe Orpea, concernant lequel le récent livre-enquête révèle les pratiques de détournement d’argent via des postes financés mais non pourvus ou encore des rétrocommissions sur des achats. Seule une commission d’enquête parlementaire permettrait d’auditionner immédiatement et sous serment les dirigeants du groupe Orpea, faisant dès lors peser une responsabilité pénale sur leurs propos, et de se faire communiquer tout document qu’elle jugerait utile, souligne une tribune publiée dans Le Monde et signée par le secrétaire général de la Confédération, Yves Veyrier, ainsi que d’autres représentant de FO. FO a d’ores et déjà porté plainte sur ces sujets, et notamment celui concernant le syndicat Arc-en-Ciel, qui aurait été créé par la direction et aurait bénéficié d’avantages financiers.

Dans un courrier envoyé à plusieurs ministres du gouvernement, le secrétaire général de Force Ouvrière demande notamment à Elisabeth Borne, ministre du Travail, d’établir la liste des licenciements effectués au sein du groupe dans un contexte de répression syndicale. Il demande également à Olivier Véran que lumière soit faite sur les faits de détournement d’argent public relatés dans le livre de Victor Castenet. Il faut se poser de vraies questions : ces groupes privés à but lucratif ont-ils leur place dans notre société ? Et quelle société voulons-nous pour nos aînés ?

Chloé Bouvier

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération