Élections dans la fonction publique : jour 1 pour voter FO

Les articles de L’InFO militante par Valérie Forgeront, L’inFO militante

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On y est. Depuis ce matin, les élections professionnelles dans la Fonction publique ont débuté. De ce 1er décembre jusqu’au 8, les agents publics, fonctionnaires et contractuels, sont appelés à voter, à 85% par voie électronique, pour leurs représentants. FO, première organisation à l’État, 2e à l’hospitalière et 3e dans le versant territorial, compte bien booster encore son audience. Alors que ce grand rendez-vous électoral, qui a lieu tous les quatre ans, se déroule cette année sur fond d’une grogne sociale particulièrement vive, notamment sur les salaires et les conditions de travail, FO a montré qu’elle portait sans relâche les revendications de plus de 5,6 millions d’agents, y compris au plus haut de l’appareil d’État. L’objectif est donc de gagner ces élections, pour être encore plus en capacité de défendre et de faire progresser les droits des agents. Pour cela, ainsi que l’ont souligné les représentants FO de différents secteurs du public lors d’un meeting à Paris le 29 novembre, en présence du secrétaire général de la confédération Frédéric Souillot, il faut voter FO. Et c’est facile. C’est parti pour ce scrutin majeur.

Depuis le 13 septembre, la campagne FO pour les élections professionnelles dans la Fonction public a mobilisé toute l’organisation : la confédération, les fédérations concernées directement mais aussi, en solidarité, celles du secteur privé, les UD... En tout, cent-trente-quatre déplacements sur le terrain (meetings, AG, visites de sites...), dont 53 initiés par la seule confédération, ont été organisés en moins de trois mois. Les élections se gagnent au plus près du terrain résumait le 29 novembre Frédéric Souillot, le secrétaire général de la confédération lors d’un meeting à Paris sonnant la fin de cette campagne. Avec les fédés et les UD, nous avons parcouru toute la France.

Il s’agissait notamment d’apporter un soutien aux militants de terrains dans la construction des listes. Et le nombre de listes FO est plus important qu’en 2018. Une première victoire... qui s’explique. La récompense soit un bon résultat à ces élections, Ndlr ne peut nous échapper car nous avons été au combat syndical, et dans un combat de longue haleine pour les salaires, la défense du Statut général et des statuts particuliers, des acquis sociaux indiquait lors du meeting FO, Emmanuel Baudin, secrétaire général de la fédération Fage-FO, rappelant que « chaque voix compte, chaque vote est utile ».

Vote à 85% par voie électronique

Alors que ces élections concernent 20 000 instances, la difficulté cette année est que ces instances, nées de la loi de transformation de 2019, sont nouvelles et avec de nouvelles compétences dès janvier 2023. Ainsi en est-il du comité social (né de la fusion des comités techniques/CT et des CHSCT) -qui prend le nom de comité social d’administration dans le versant État, de comité social territorial (à la territoriale) et de comité social d’établissement (dans l’hospitalière). Ainsi en est-il aussi des prérogatives modifiées des CAP (réorganisées hiérarchiquement et non plus par corps), et des CCP (lesquelles concernent les contractuels).

Le vote électronique, pour 85% des scrutins -y échappent certains établissements hospitaliers et certaines structures territoriales- est aussi une autre source de difficulté. FO a mis en place un accompagnement militant (aide au vote, renseignements, ...) des votants. Ce qui n’est en rien superfétatoire. Ce 1er décembre, dans l’après-midi, le secrétaire général de FO-SPS déplorait ainsi des problèmes et dysfonctionnements inhérents à ce mode de scrutin (dont la gestion est confiée à des prestataires privés), dont sur les codes à apporter aux agents pour voter. Et Didier Birig de souhaiter que cela n’entame pas la participation. Celle-ci était de 49,7% en 2018. Idem aux Finances où la première journée a été émaillée de problèmes techniques. Dans les Directions départementales interministérielles (DDI), c’est l’annulation du vote en ligne suite à des dysfonctionnements qui a été décidée. Dans tous les cas, les militants restent mobilisés pour continuer à entretenir la dynamique et construire le vote FO, voix par voix dans les prochains jours.

La cohésion sociale, c’est vous mes camarades

Ce gouvernement, la seule chose qui le fera arrêter notamment des réformes contestées, dont par les agents de la Fonction publique, Ndlr, c’est le rapport de force. C’est la possibilité de construire une mobilisation dans l’unité la plus large possible. Pendant cette campagne pour les élections dans la Fonction publique, avec tous les meetings que nous avons organisés, nous avons participé aussi à construire ce rapport de force lançait Frédéric Souillot, devant les quelque 250 militants FO réunis pour le meeting parisien. Et maintenant, il va falloir faire voter ajoutait-il car, la Fonction publique, assurant dans le pays la cohésion sociale, c’est les agents, c’est vous mes camarades.

Ces élections dont les résultats compteront dans le calcul de l’audience de chaque organisation syndicale, au plan national, sont bien sûr essentielles au plan de la représentation syndicale dans la fonction publique. Chaque voix pour FO, c’est une voix pour l’ouverture de la négociation salariale, pour avancer le cahier de revendications de FO lançait de son côté le secrétaire général adjoint de la Fédération général des fonctionnaires FO (FGF-FO) Olivier Bouis.

« Gagner, et sur nos revendications »

Bâtir un rapport de force permettant de contrer les attaques est donc essentiel et... cela passe par le vote FO ont rappelé nombre de militants FO de la fonction publique lors du meeting de Paris. Et les arguments, ils les ont, étant aux premières loges des dégradations en cours et contre lesquelles ils luttent.

Il faut gagner, et sur nos revendications, public, privé. Pour nos actions pour des hausses de salaires. Et bientôt pour nos actions sur les retraites. Il faut gagner pour que notre représentativité progresse ce qui permettra de peser plus encore, face au gouvernement et face aux employeurs, du public comme du privé insistait Gabriel Gaudy pour l’UD de Paris. Chaque voix pour FO, c’est dire assez de la casse statutaire appuyait Olivier Bouis pour la FGF-FO, rappelant que 700 000 agents de l’État sont au Smic et qu’à chaque revalorisation automatique de celui-ci, c’est pire, leur nombre augmentant.

En catégorie C, des agents grimpent des échelons mais restent au Smic ! Même les agents de catégorie A (la plus haute catégorie de la Fonction publique, Ndlr) démarrent leur carrière à peine au-dessus du Smic. Or, soulignait le militant, rappelant la demande de FO d’une intégration des primes dans le traitement indiciaire, il y a un droit à la carrière !. Aligner les garanties statutaires sur le Code du travail, c’est aller vers le bas martelait-il encore, fustigeant notamment « la loi de Transformation, outil managérial pour des opérations de privatisation.

Et en matière d’attaque des droits, alors que doivent s’ouvrir en janvier des discussions avec le ministère de la Fonction publique sur les carrières et rémunérations si ces discussions sur la grille consistent à vouloir revenir sur le statut... le gouvernement trouvera FO contre lui, précisait en substance Frédéric Souillot appelant pour le calcul de la retraite dans le public à prendre toutes les composantes de la rémunération, dont les primes.

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FO s’oppose toujours à une vision comptable du service public

2000 suppressions de postes prévues à la prochaine rentrée scolaire dans l’enseignement, déjà 7% de perte de pouvoir d’achat chez les agents rien qu’en 2022,... Pour Clément Poullet, secrétaire général de la FNEC-FP-FO (première organisation à l’Éducation nationale), c’est intolérable. Alors, sans même parler du dossier des retraites..., la progression de FO à l’issue de ces élections, Ndlr sera une très très mauvaise nouvelle pour le gouvernement. Mais une bonne pour les salariés, du privé comme du public. En matière de capacité à contrer des réformes destructrices de droits notamment.

Depuis des dizaines d’années sont menées des attaques contre le service public. Dans notre secteur, c’est aussi 25 000 suppressions d’emplois en dix ans s’insurgeait Philippe Grasset, secrétaire général de FO-Finances rappelant que la fédération demande un Bercy des Finances, en calque du Ségur de la Santé. Et de citer encore une réforme structurelle à venir dans le secteur douanier, effritant un peu plus le service public : les contrôles de douanes en gare du Nord à Paris (arrivée du train Thalys) ça ira bientôt au privé !.

Cette volonté gouvernementale de diminution de voilure des services publics se conjugue avec l’objectif de réduction des dépenses publiques. Ce qui n’est pas nouveau. Pendant des années, on a regardé le service public comme un coût s’insurgeait le secrétaire général de FO.

Le vote FO pour « combattre l’injustice sociale »

La police n’est pas épargnée non plus par des réformes, contestées par les agents. Évoquant la nécessité de « justice sociale » Grégory Joron pour la FSMI (fédération syndicale FO du ministère de l’Intérieur) rappelait l’opposition des personnels de police contre une réforme structurelle, impactant notamment l’organisation de la PJ. Il rappelait aussi la critique contre le choix du gouvernement de privilégier certaines missions, faute de pouvoir par manque de moyens, les privilégier toutes. Ainsi, à Dunkerque, tout est mis sur la lutte contre l’immigration, tandis qu’en parallèle, il y a une explosion du nombre de délits tels les cambriolages.

Dans le secteur de la Défense, indiquait Gilles Goulm, l’objectif est simple pour FO : reprendre sa première place. Et nous serons là le 8 décembre au soir pour dire au gouvernement que nous affirmons, nous maintiendrons nos revendications. Et comme dans d’autres secteurs, les militants FO de la Défense luttent depuis plusieurs années contre la loi de Transformation qui vise notamment à réduire nos mandats et nos moyens.

Par un vote FO à ces élections, il s’agit plus largement de combattre l’injustice sociale appuyait Emmanuel Baudin. Cette semaine d’élections est essentielle pour exprimer l’adhésion à ce combat.

FO demande de nouvelles discussions salariales

Et ce jour-là d’ailleurs, le meeting parisien ne rimait pas avec mise en suspens des revendications. Même pendant deux heures. Ainsi, les représentants FO des trois versants de la Fonction publique -Christian Grolier pour l’État, Didier Birig pour l’hospitalière et Dominique Régnier pour la territoriale- avaient rendez-vous à Matignon. Cela suite à la lettre adressée par le secrétaire général de FO, Frédéric Souillot, à la Première ministre, Elisabeth Borne. Lettre centrée sur une demande de réouverture de discussions salariales, en vue d’une augmentation sensible du point d’indice. Celui-ci, après près de dix ans de gel a été revalorisé en juillet dernier de 3,5%. Autant dire, une hausse minime en regard du niveau d’inflation. Quasi du double sur un an. Pour Emmanuel Baudin, de la Fage-FO, ce +3,5% revient à une insulte. Et c’est sans parler de la perte de pouvoir d’achat depuis 2000, soit autour de 24%. Un autre courrier, de la même teneur, avait été adressé par l’union interfédérale FO-Fonction publique au ministre de la Transformation et de la fonction publique, Stanislas Guérini.

Reçus le 29 novembre à Matignon par un représentant ministériel du pôle Fonction publique et budget et par un conseiller social d’Elisabeth Borne, les représentants FO ont donc porté les revendications salariales, à commencer par celle d’une augmentation du point d’indice. Mais..., cela ne serait pas à l’ordre du jour des discussions de janvier ! s’irrite Didier Birig. Matignon envisagerait plutôt de réévaluer (à 358) l’indice du minimum de traitement explique le secrétaire général de FO-SPS. Et de s’insurger contre une telle mesure, qui outre de ne rien régler, aggraverait même la situation. En effet cela tasserait encore plus les grilles, ce qui signifie encore dégrader le déroulement de carrière. Et cela induirait que davantage encore d’échelons se situent sous le Smic ! Ce qui pour FO est inconcevable rappelle Didier Birig fustigeant par ailleurs l’attitude du gouvernement qui tout en se disant conscient d’un climat social plus que tendu dans les services publics, dont à l’hospitalière et à la territoriale, renvoie tout au prisme budgétaire.

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Valérie Forgeront Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération

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