En Belgique, « l’appel de novembre » prévoit trois nouvelles journées de grève

InFO militante par Fanny Darcillon, L’inFO militante

© FGTB

Au vu de l’ampleur de la mobilisation de mi-octobre et face aux réponses insatisfaisantes du gouvernement, les syndicats belges haussent le ton contre la réforme des retraites et diverses mesures antisociales.

Il ne s’agit pas de simples réformes. C’est un basculement, avertissait la Fédération générale du travail de Belgique (FGTB) début octobre. Leur appel à s’opposer au train de mesures antisociales prévues par le gouvernement belge – à commencer par la réforme des retraites, qui veut relever l’âge de départ à 67 ans au lieu de 65 actuellement – à été entendu : le 14 octobre, plus de 100 000 personnes ont défilé à Bruxelles à l’appel d’un « front commun syndical » et d’une quarantaine d’associations. Il y a eu une forte mobilisation de la jeunesse belge et ça, ce n’est pas habituel, se réjouit Branislav Rugani, secrétaire confédéral FO au secteur international-Europe. Ça montre qu’il y a une prise de conscience de l’avenir qui se dessine pour eux.

Pourtant, l’intersyndicale déclare n’avoir reçu aucun retour de l’exécutif. Pire encore, le Premier ministre a présenté un menu indigeste lors des discussions budgétaires, qui toucheraient encore durement les familles et les travailleurs : un saut d’indexation, encore plus d’économies sur les pensions, une augmentation de la TVA... Et cela s’ajoute aux mesures précédentes de démantèlement de la sécurité sociale et du marché du travail, dénonce la FGTB.

L’indexation des salaires sur l’inflation en danger

Face à ces nouvelles attaques contre les droits sociaux prévues dans le nouveau budget, les syndicats belges ont décidé de lancer « l’appel de novembre », trois journées de grève touchant différents secteurs : le 24, les transports ; le 25, les services publics ; et le 26, une grève nationale interprofessionnelle. Impôt sur les grandes fortunes, réexamen des milliards de subventions données aux entreprises, refinancement des services publics : Leur cahier de revendications est extrêmement vaste, note Branislav Rugani. Ils se rebellent notamment très fortement contre la perte potentielle de l’indexation des salaires sur l’inflation, mesure dont nous rêvons nous-mêmes en France.

Pour les manifestants mobilisés mi-octobre, il s’agit d’une attaque en règle contre le modèle social belge. Nous refusons un modèle qui précarise, qui stigmatise les sans-emploi, qui rend invisibles les plus vulnérables, détaille la FGTB dans un communiqué. Nous portons une autre vision de la société : celle de la solidarité, de l’égalité, de la dignité et du soin.

Un malus sur les arrêts de longue maladie

Avec la nouvelle réforme des retraites, les personnes nées entre 1960 et 1963 partiraient à 66 ans, celles nées dans les années suivantes partiraient à 67 ans. Les syndicats dénoncent également l’application d’un malus pour les périodes de maladie de longue durée, périodes qui seraient déduites des cotisations retraite. Les départs avant l’âge légal seraient en outre plus fortement pénalisés.

Mais bien souvent, les salariés ne peuvent pas aller jusqu’au bout, rappelle Branislav Rugani. Le travail est trop pénible, les gens sont en incapacité. On arrive rarement à l’âge légal. En 2022, alors que l’âge légal de départ à la retraite en Belgique était fixé à 65 ans, les travailleurs partaient en réalité à la retraite en moyenne à 61,2 ans, selon des données de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Des chiffres comparables à ceux de la France à la même époque. Selon Branislav Rugani, c’est une vraie utopie que d’imaginer faire partir les gens à la retraite à ces âges-là.

Fanny Darcillon

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération