L es premières semaines de 2023 prouvent que nos voisins européens savent eux aussi se mobiliser et être réactifs lorsqu’ils l’estiment nécessaire. Nul n’en doutait. En Allemagne, où le droit de grève est davantage encadré qu’en France, plusieurs secteurs professionnels ont malgré cela été secoués par des mouvements sociaux. À La Poste, plus de 15 000 salariés – soit un tiers du personnel des sites concernés – ont mené plusieurs jours de débrayages, revendiquant une hausse des salaires à hauteur de 15 %. Le 25 janvier, par ailleurs, tous les vols au départ de l’aéroport de Berlin ont été annulés du fait d’une grève des personnels au sol.
Au Portugal aussi, le secteur aérien entend résister à la paupérisation de ses salariés. Après avoir déposé un préavis de grève d’une semaine, les syndicats de la compagnie portugaise TAP ont finalement levé celui-ci après qu’un accord a été trouvé pour de meilleurs salaires et conditions de travail. La direction s’est montrée plus encline à accepter les revendications de ses salariés – douze sur quatorze d’entre elles ont trouvé réponse – car 1 316 vols étaient menacés d’annulation pour une perte sèche de 48 millions d’euros.
Après l’échec des négociations avec l’association d’employeurs de leur secteur, les contrôleurs aériens espagnols ont pour leur part entamé un mouvement de grève tous les lundis pendant cinq semaines, dénonçant des conditions de travail déplorables.
La syndicalisation nécessaire pour établir le rapport de force
Quant au Royaume-Uni, les grèves tentaculaires se poursuivent. À titre d’exemple, les infirmières et les ambulanciers ont massivement débrayé les 6 et 7 février. Le secrétaire confédéral du secteur international, Branislav Rugani, invite à considérer les points communs de ces divers mouvements européens : Ces grèves sont comparables, car les droits des travailleurs sont attaqués de façon systématique par tous les pays européens
, souligne le militant FO. Recul de l’âge de la retraite, salaires amputés par l’inflation, conditions de travail dégradées... Dans tous les cas, l’économie se stabilise par la ponction sur le travailleur
. Face à ce constat, l’urgence est à la remontée du taux de syndicalisation partout en Europe, afin que le rapport de force engendre la négociation collective
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