En Martinique FO demande des moyens pour réaliser l’Egalité réelle

Congrès d’UD par Valérie Forgeront

Cent vingt délégués et invités participaient le 14 octobre dernier à Fort-de-France au XIIe congrès de l’Union départementale des syndicats Force Ouvrière de Martinique.

Au cours de ce congrès, placé sous la présidence de la secrétaire confédérale Michèle Biaggi et qui a vu la réélection (à l’unanimité) d’Eric Bellemare à son mandat de secrétaire général de l’UD FO, les militants ont évoqué les difficultés des salariés tant au plan national que local.

Au plan national, le combat de ces derniers mois contre la loi Travail reste bien sûr dans tous les esprits. Et pour cause. La loi Travail est une loi de régression sociale a rappelé Eric Bellemare au nom de l’UD FO de Martinique (regroupant 73 syndicats) laquelle a particulièrement participé à la lutte contre cette loi en appelant les salariés à se joindre aux différentes actions de grèves et manifestations.

Au plan local ont souligné le secrétaire général de l’UD et les délégués intervenant à la tribune, la situation sociale est synonyme de fragilité des emplois et des salaires.

Au cours de ces trois dernières années, l’UD FO qui a enregistré la création de dix syndicats et la réactivation de trois autres, a dû ainsi mener d’âpres combats pour parvenir à défendre les intérêts des salariés. A titre d’exemple, dans le centre socio-éducatif Sainte-Famille, il a fallu plusieurs grèves à l’initiative de FO en 2013, 2014 puis 2015 pour permettre aux salariés d’obtenir satisfaction sur leurs revendications. Notamment pour qu’ils obtiennent – enfin- l’application d’une convention collective.

Amiante : FO demande des mesures de protection pour les salariés

Pour les congressistes qui soulignent le coût particulièrement élevé de la vie en Martinique, les difficultés salariales sont particulièrement inquiétantes. Le niveau des salaires reste bas notamment par la faible application des conventions collectives par les employeurs.

Ce congrès a été l’occasion aussi pour les militants FO de s’élever contre la reconnaissance du fait syndical local à travers l’adoption de la loi Egalité réelle en outre-mer. Ce fait syndical local constitue par lui-même une différenciation par rapport au droit commun rappelle l’organisation FO.

Le 20 septembre dernier la ministre de l’outre-mer Ericka Bareigts indiquait que la loi Egalité réelle vise à permettre d’accroitre les niveaux de vie, réduire les inégalités [avec la métropole, Ndlr], encourager le développement des territoires.

Reste que cette loi ne contient pas de réels moyens financiers face aux objectifs affichés a souligné le congrès dans sa résolution générale. Dès lors, les objectifs affichés pourraient ne déboucher sur aucune traduction concrète s’inquiètent les militants FO de Martinique.

Ces derniers contestent par ailleurs le fait que la moitié du budget de l’outre-mer soit consacrée à la compensation des exonérations accordées aux entreprises sans contreparties bénéficiant à l’emploi et aux salariés.

Les délégués ont évoqué aussi la répression contre des militants syndicaux. Ils s’élèvent ainsi contre la judiciarisation et la criminalisation de l’action syndicale, des délégués et des représentants syndicaux.

La situation de salariés victimes de l’amiante est aussi une source d’inquiétude. Ainsi, depuis des mois un « dossier » a reçu toute l’attention de l’UD FO, celui concernant le centre des impôts de Fort-de-France. Si en mars dernier, les agents du centre ont exercé leur droit de retrait, le problème de l’amiante sur le site n’a pas pour autant été résolu par l’administration.

Pour les congressistes, la non prise en compte par les pouvoirs publics de l’urgence à traiter la problématique amiante dans les bâtiments publics est inadmissible. Ils ont demandé que des mesures de protection soient prises de façon urgente notamment par le déménagement des salariés soumis à ce fléau nonobstant la construction d’une filière de traitement des déchets de l’amiante.

Valérie Forgeront Journaliste à L’inFO militante