En tout lieu, nos revendications pour convaincre

InFO militante par Valérie Forgeront, L’inFO militante

© Eric TSCHAEN-REA

Crise ou pas, FO porte ses revendications, toutes, en tout lieu et sans faillir. Elle l’a fait lors de la récente réunion multilatérale organisée par le gouvernement. Elle le fait aussi dans le cadre de la relance engagée d’un dialogue social paritaire entre organisations syndicales et patronales.
Par son activité syndicale de terrain, ses représentants départementaux, ses militants au sein des entreprises, des branches professionnelles ou encore des services publics, FO fait aussi entendre sa voix avec le même objectif : défendre, toujours, les intérêts des travailleurs.

Pour FO, une prime n’est pas une revalorisation salariale !

À  l’issue de la troisième conférence du dialogue social (gouvernement, patronat, syndicats) le 15 mars, le Premier ministre a annoncé la prolongation jusqu’à fin décembre de la prime aux employeurs embauchant un apprenti. Celle pour l’embauche d’un jeune de moins de 26 ans s’arrêterait, elle, fin mai. Dès avril, dans une logique de sortie progressive des aides, elle concernera plus que les salaires de moins de 1,6 Smic (et non plus deux Smic). Plus largement, ces dernières semaines FO mettait en garde contre un arrêt trop rapide de l’aide publique.

Toujours la demande d’une hausse du Smic

Est annoncée aussi une prime bas salaires, défiscalisée et exonérée de cotisations sociales. Sur le mode de la prime Macron, son montant est de 1 000 euros maximum, 2 000 euros dans les entreprises ou branches dotées d’un accord d’intéressement d’ici la fin de l’année ou qui auront ouvert une négociation sur la valorisation des métiers de deuxième ligne. Les entreprises auront du mal à verser cette prime, a immédiatement rétorqué le Medef. FO, pour qui la reconnaissance des salariés de deuxième ligne doit passer par une vraie revalorisation des salaires, entre autres, demande plus que jamais que le Smic soit porté à 1 450 euros net.

 

Agenda paritaire : des thèmes de négociation manquent à l’appel

À  la suite de récentes rencontres entre les organisations patronales et syndicales visant à réenclencher un dialogue social paritaire en s’appuyant sur un agenda social et économique, le Medef a transmis une proposition assortie d’un calendrier jusqu’en 2022. Dix thèmes y sont inscrits, tels que l’évaluation de la loi de 2018 sur la formation professionnelle, la modernisation du paritarisme, l’amélioration de la justice prud’homale…

Quid des salaires et de la lutte contre la précarité des emplois ?

Rappelant son attachement fondamental à la liberté de négociation collective et à la liberté contractuelle, la confédération avait insisté sur la nécessité d’avoir pour objectif d’engager des négociations. Sa demande a été entendue. Pour autant, a averti FO, cet agenda ne saurait limiter en rien sa liberté en matière de revendications et d’actions pour les faire aboutir. Et d’autant moins que, malgré ses demandes, nombre de thèmes n’y sont pas inscrits. Entre autres, les salaires, l’égalité professionnelle, les chaînes de valeur, la lutte contre la précarité des emplois… Des sujets incontournables pour FO, rappelant aussi sa demande d’un abandon de la réforme de l’Assurance chômage et son opposition à tout retour du projet de régime unique de retraite par points.

 

Crise sanitaire : le coût des dépenses, indues, pèse lourd sur la Sécu

Un niveau historiquement élevé mais nettement moindre que prévu, résume le gouvernement à propos du déficit de la Sécurité sociale pour 2020. Celui-ci (régime général et fonds de solidarité vieillesse) est de 38,6 milliards d’euros (30,4 milliards pour la branche maladie) quand la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2021 l’évaluait à 49 milliards d’euros. En 2019, le solde des comptes de la Sécu était de - 1,9 milliard d’euros (- 1,5 milliard pour la branche maladie). En 2020, l’économie a mieux résisté à la crise, explique le gouvernement, notant que  les recettes [de la Sécu, NDLR] ont en conséquence été sensiblement plus importantes que prévu, en particulier celles assises sur les salaires du secteur privé (+ 6,7 milliards d’euros par rapport à la LFSS).

Et ces recettes proviennent en particulier des cotisations des travailleurs, ce qui souligne leur rôle essentiel pour faire vivre la Sécurité sociale qu’ils ont eux-mêmes bâtie.

L’État doit assumer ses responsabilités

Mais, dépenses pour les tests, les équipements et matériels des établissements de soins, campagne de vaccination… L’exécutif a décidé d’imposer à la Sécu l’essentiel des coûts issus de la crise sanitaire, s’insurge FO depuis des mois, s’opposant à ce que la dette Covid soit mise au compte de la Sécurité sociale, ce qui conduirait à la faire assumer par les assurés sociaux. Pour FO, l’État doit cesser de puiser dans les caisses de la Sécu et assumer ses responsabilités en compensant totalement les mesures prises et les nouvelles missions imposées à la Sécurité sociale.

 

Reconfinement : de nouvelles mesures de soutien aux entreprises

Le confinement, partiel du territoire, annoncé le 18 mars et qui prévoit entre autres la fermeture de certains commerces, impactera de 0,2 point le PIB annuel, indique le gouvernement qui maintient sa prévision de croissance de 6 % sur l’année. L’extension des mesures de soutien, notamment aux entreprises, impactera les finances publiques pour 1,2 milliard d’euros supplémentaires par mois (un tiers pour les mesures de chômage partiel), soit au total 7,2 milliards d’euros par mois.

L’improbable déclaration de la Cour des comptes

Nouveautés, les entreprises, dont les commerces, concernées par les fermetures, bénéficient désormais du fonds de solidarité dès une perte de 20 % de chiffre d’affaires et non 50 %. Par ailleurs, à partir du 31 mars, les charges fixes (loyers…) dues par les entrepreneurs (restaurateurs…) ayant repris une affaire ces derniers mois, mais n’ayant pas réalisé de chiffre d’affaires à cause des fermetures, seront couvertes dans leur intégralité par l’État. Pour toutes les entreprises, et non plus seulement celles réalisant un chiffre d’affaires supérieur à un million d’euros par an, ces charges seront couvertes, à hauteur de 10 millions d’euros.

Depuis son début, la crise affiche un « coût » global de 160 à 170 milliards d’euros pour les finances publiques, tenait à préciser récemment le gouvernement, tandis que la Cour des comptes, paradoxalement prompte ces dernières années à préconiser toujours plus d’austérité dans les dépenses en usant de réformes structurelles dans les services publics notamment, épinglait dans son rapport annuel la faible anticipation de la crise par l’État et l’impréparation, notamment en ce qui concerne la situation hospitalière.

 

Valérie Forgeront Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération