Éric Machet ou la force du syndicalisme de proximité

InFO militante par Elie Hiesse, L’inFO militante

© Frédéric Blanc

Chauffeur poids lourd chez Eiffage depuis 2002, Éric Machet termine sur de solides résultats son premier mandat de DSC FO de la branche Infrastructures. Le militant a propulsé FO à la deuxième place.

C’est une victoire historique, avant tout collective, martèle Éric Machet. Le délégué syndical central FO de la branche Infrastructures du groupe de BTP Eiffage n’est pas homme à tirer la couverture à lui, même si son mandat se termine sur de solides résultats. Aux dernières élections professionnelles, dont les résultats ont été révélés en septembre, FO a été propulsée de la troisième place à la deuxième avec 27,42% des suffrages (+ 3 points). La branche Infrastructures (17 000 salariés) est devenue la première implantation FO du groupe.
Cette percée est un tremblement de terre pour les autres organisations, note le militant, qui attribue ce succès à la présence des équipes sur le terrain. Le travail de maillage, qu’il a initié depuis 2015, n’y est pas étranger.

Il a rebattu les cartes avec pour conséquence une audience renforcée dans le génie civil et une nouvelle implantation dans le terrassement. Fulgurante. Chez TP Provence (entité de Roland, terrassier d’Eiffage), « les camarades ont obtenu le secrétariat du CSE, alors qu’il n’y avait pas de section FO il y a cinq ans », s’enthousiasme-t-il.

La protection de la santé, sujet journalier

À tout cela, une bonne raison. Chez FO-Eiffage, nous sommes au service des salariés et non de notre propre structure syndicale, lâche le chauffeur poids lourd de 49 ans, qui défend un syndicalisme de proximité. Rien d’un slogan : le Savoyard s’organise pour retrouver, « a minima deux semaines par mois », le volant de son 32 tonnes et les chantiers, et ce, malgré un agenda ultrarempli.

Car il n’est pas que DSC de la branche Infrastructures et membre du comité de groupe. Éric Machet a conservé les mandats de DS de l’agence de Valence (Drôme) et de DSC d’Eiffage Routes Centre Est (1 700 salariés), obtenus en 2013. Depuis décembre il a une cinquième casquette : il a rejoint le bureau du comité d’entreprise européen.

Jamais FO-Eiffage n’avait intégré cette instance de décision, rap pelle le militant, entré en syndicalisme… avec FO, en 2005. La force de l’exemple, encore. Le DS de l’agence de Valence, que j’ai intégrée en 2002 comme chauffeur intérimaire, était de la maison. Et il lui a mis le pied à l’étrier.

Après dix mois de crise sanitaire, l’écoute du terrain révèle un malaise croissant. La protection de la santé physique, et mentale, des salariés est un sujet journalier, martèle Éric Machet, qui dénonce une direction se contentant, en tout, du minimum légal. Les mesures de sécurité sanitaire ? Une stricte application du guide sectoriel. Les pertes de salaire dues au chômage partiel ? Non compensées.

Les exigences de productivité, en revanche, restent inchangées, « même pour les métiers les plus pénibles, dont les conditions de travail se sont dégradées avec l’application des mesures sanitaires », dénonce-t-il. FO a donc engagé un bras de fer dans la négociation (en cours) d’un accord sur l’Al- location partielle de longue durée. Le syndicat exige une indemnité majorée, au-delà des 70% du salaire brut prévus par la loi. En écho aux remontées du terrain.

Elie Hiesse Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération

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