Essonne : forte mobilisation contre la fermeture de la Bourse du travail

InFO militante par Clarisse Josselin, L’inFO militante

© F. BLANC

Près de 300 personnes se sont rassemblées le 17 mars devant la préfecture de l’Essonne à Evry pour défendre la Bourse du travail, menacée de fermeture pour des questions de sécurité. Pour FO, la responsabilité en revient au seul conseil départemental, qui multiplie depuis cinq ans les attaques contre ce lieu essentiel pour la défense des droits des salariés.

Quelque 300 personnes venues de toute l’Ile-de-France et même de l’Eure se sont rassemblées le 17 mars devant la préfecture de l’Essonne, à l’appel de FO, dans le cadre d’une intersyndicale. Les manifestants, brandissant de nombreux drapeaux, sont venus soutenir et défendre la Bourse du travail d’Evry, menacée de fermeture.

En effet, le 21 janvier 2021, la commission communale de sécurité, qui inspecte tous les cinq ans les lieux recevant du public, a émis un avis défavorable à la poursuite de l’occupation de la Maison des syndicats. Elle a accordé aux parties (les sept organisations syndicales occupant les lieux et le conseil départemental, propriétaire du bâtiment) un délai de trois mois – soit jusqu’au 22 avril - pour se mettre en conformité. Dans le cas contraire, le bâtiment pourrait être fermé et les organisations syndicales risquent de se retrouver à la rue.

La commission a relevé plusieurs points en lien avec la sécurité mais la principale raison de cet avis défavorable est l’absence de désignation d’un responsable unique de sécurité, explique Christophe Le Comte, secrétaire de l’UD FO. La problématique n’est pas nouvelle. Elle avait déjà été soulevée lors de la précédente visite de la commission de sécurité, cinq ans auparavant.

Les organisations syndicales refusent d’endosser cette charge qui demande des moyens et entraîne des responsabilités pouvant aller jusqu’au pénal. Pour l’UD FO 91, ce rôle incombe au propriétaire du bâtiment, le conseil départemental. Mais le département refuse d’assumer ses responsabilités, il est seul responsable de cette situation, dénonce Christophe Le Comte.

Un bâtiment construit il y a plus de 35 ans

La Bourse du travail a été créée il y a plus de 35 ans, de la volonté de la préfecture et du département, un bâtiment construit pour et par les syndicats, au service des travailleurs, a souligné Christophe Le Comte lors de sa prise de parole.

Action sociale, organismes sociaux, enseignants, hypermarché Carrefour, collectivités locales… Des camarades du département, représentant de nombreux secteurs d’activité, sont venus grossir les rangs du rassemblement, organisé à l’heure du déjeuner, pour exiger de pouvoir rester dans leur maison. La Bourse du travail, c’est un lieu de formation, le lieu des assemblées générales de l’UD et un endroit où l’on peut rencontrer toutes les branches en même temps. estime Freddy Moineraud, secrétaire général du syndicat FO de l’hôpital Sud Francilien. C’est sympa et bien placé, facile d’accès. Christophe Le Comte a aussi rappelé au micro qu’il était fréquent que l’inspection du travail comme les prud’hommes renvoient des salariés en difficulté vers la Bourse du travail pour se renseigner, preuve s’il en était besoin de son utilité.

Des délégations FO venues d’Ile-de-France et de l’Eure

Plusieurs délégations FO sont également venues de différents départements franciliens. Parmi elles, Gabriel Gaudy, secrétaire général de l’union régionale Urif-FO. Ce n’est pas la première fois en Ile-de-France que les locaux de nos UD sont menacées, déplore-t-il. Il y a déjà eu des difficultés en Seine-Saint-Denis ou dans le Val-de-Marne. C’est dû au poids de l’immobilier.

David Lecomte, secrétaire général de l’UD FO de l’Eure, a lui aussi fait le déplacement. Les camarades de l’Essonne ont été là en 2016 lors de la manifestation historique pour défendre la Bourse du travail de l’Eure, explique-t-il. Nous étions menacés d’expulsion sans relogement pour une opération immobilière. On a bien fait de se battre car aujourd’hui on a des locaux qui tiennent la route. Et surtout on s’est fait respecter.

Cela fait plusieurs années que le conseil départemental de l’Essonne met la pression sur la Maison des syndicats. En 2017, il avait d’abord tenté de reloger les organisations syndicales dans des locaux trop exigües. Il avait ensuite essayé de leur faire payer les fluides, le ménage et le gardiennage. A chaque fois, les organisations syndicales se sont mobilisées et le rapport de force a joué en leur faveur. Reste que depuis 2019, il n’y a plus ni ménage, ni gardiennage du bâtiment. Tout cela se fait au mépris des obligations du conseil départemental en tant que propriétaire des locaux, ajoute Christophe Le Comte.

La préfecture va jouer un rôle un médiateur

Entre la collectivité locale et les organisations syndicales, le dialogue social est au point mort. Dans la presse, le département a annoncé qu’il est prêt à accorder une subvention de 200 000 euros pour financer le ménage et le gardiennage. Une réponse par voie de presse est inadmissible, elle n’est ni concrète, ni précise, dénonce Christophe Le Comte. Et cette proposition est inférieure à tous les devis que nous avons pu faire. Un responsable unique de sécurité nécessite une technicité et des responsabilités, ça se paye.

Une délégation de l’intersyndicale a été reçue en préfecture durant une heure en début d’après-midi. Nos interlocuteurs se sont dits prêts à faire les médiateurs entre le département et nous, a expliqué Christophe Le Comte, soulignant au passage que cela faisait cinq ans que FO n’avait pas été reçue en préfecture en tant qu’UD.

Pour les organisations syndicales, la situation est d’autant plus grave qu’elle se déroule en pleine crise sanitaire, qui amplifie la crise économique et se traduit en crise sociale majeure. C’est vers les syndicats que les salariés se tournent pour s’informer et se défendre. Comment ne pas voir dans cette décision la volonté de reprendre aux salariés les moyens de s’organiser pour faire respecter leurs droits et en conquérir de nouveaux ? s’interrogent-elles dans la pétition lancée sur le site change.org. Elles sont déterminées à continuer à se battre pour rester dans la Maison des syndicats d’Evry. Une prochaine mobilisation est déjà programmée dans le courant de la semaine prochaine, cette fois devant la mairie d’Evry, pour lui demander de ne pas prendre d’arrêté de fermeture.

Dans le Morbihan, FO relogée de manière provisoire

Début décembre 2020, l’union départementale FO du Morbihan ainsi que quatre autres organisations syndicales avaient dû évacuer en urgence la Maison des syndicats de Lorient, sans solution de relogement immédiat, le bâtiment, construit au début des années 1970, pouvant s’effondrer à tout moment, selon les experts.

Après trois mois de discussions, une solution transitoire a finalement été trouvée avec la Ville. Des locaux ont été mis à disposition des organisations syndicales en centre-ville. FO a signé une convention provisoire de deux fois six mois. Ce délai devrait permettre à la Ville de faire un audit du bâtiment en péril pour voir s’il peut être rénové. Dans le cas contraire, la municipalité devrait faire une proposition de relogement.

Fin février, FO a été l’une des premières organisations syndicales à emménager dans les nouveaux locaux et elle a pu reprendre son activité. Mais les lieux se révèlent trop petits à l’usage. La surface de l’union départementale est passée de 450 m² à 180 m², compliquant son fonctionnement. Plus de bureau pour le secteur des retraités, manque de place pour permettre au conseiller du salarié de mener ses entretiens, pas assez d’espace pour stocker la comptabilité ou les dossiers juridiques en cours... La petite salle de réunion ne peut pas accueillir plus de 12 stagiaires pour les formations. Les syndicats n’ont plus la capacité de se réunir dans nos locaux, il faudra demander une salle à la Ville, cela les fragilise, déplore Pierrick Simon. Des discussions sont en cours avec la mairie pour gagner un peu d’espace supplémentaire.

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Clarisse Josselin Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération