Et l’école devint obligatoire

Histoire par Christophe Chiclet

L’instruction obligatoire en France n’a été obtenue qu’après de longs combats, il y a seulement un peu plus d’un siècle. C’est une clé de voûte de la démocratie qui doit être défendue, encore aujourd’hui.

La loi « pour une école de la confiance », promulguée au Journal officiel du 28 juin 2019, stipule : L’instruction est obligatoire pour tous les enfants, français et étrangers, à partir de trois ans et jusqu’à l’âge de seize ans révolus. Si cela semble être désormais une évidence pour tous, ce ne fut pas toujours le cas. Les nantis, qu’ils viennent de la noblesse et surtout de l’Église, n’avaient aucun intérêt au développement de l’instruction parmi le peuple. Bien au contraire, l’ignorance étant souvent fille de l’oppression sociale.

Le premier texte sur l’obligation scolaire date de l’ordonnance du 13 décembre 1698 de Louis XIV. Elle oblige les parents à envoyer les enfants jusqu’à 14 ans à l’école paroissiale, appelée aussi « petite école ». Mais il n’y a aucun contrôle de l’État, qui s’en remet aux évêques, et en plus ce sont les familles qui doivent payer les frais de scolarité. Impossible pour 85 % des sujets du royaume.

En 1791, la loi de Louis-Joseph Charlier instaure l’école primaire laïque gratuite et obligatoire, et l’année suivante la Révolution crée le corps des instituteurs. Mais dès 1795 l’obligation est abrogée et en 1808, Napoléon refait passer les écoles primaires sous le contrôle de l’Église catholique.

L’œuvre de la République

En 1866, Jean Macé (1815-1894) fonde la Ligue de l’enseignement, qui va militer pour l’école gratuite, laïque et obligatoire, socle de la loi 11696 du 28 mars 1882, dite loi Jules Ferry.

Avec Ferry, tous les enfants des deux sexes doivent aller à l’école de 6 à 13 ans. La loi de 1882 abolit la loi Falloux de 1850 qui donnait le contrôle de l’école publique à l’Église.

L’enseignement primaire comprend en premier  l’instruction morale et l’éducation civique, puis la lecture et l’écriture, la langue française, la géographie et l’histoire… La gratuité est bien évidemment le nerf de la guerre de cette révolution scolaire républicaine. Mais les officiers municipaux doivent aussi surveiller la fréquentation des élèves, car dans les campagnes les enfants sont d’abord des bras pour les récoltes, les moissons, les vendanges… Le père, qui est aussi le tuteur légal, peut être passible de sanctions (très légères).

Ce n’est qu’en 1933 que le secondaire devient gratuit et le 9 août 1936, le Front populaire passe l’âge obligatoire de la scolarité de 13 à 14 ans. Sous le régime de Vichy le secondaire redevient payant et les écoles normales de formation des instituteurs, les fameux hussards noirs de la République, sont fermées. Enfin, avec l’ordonnance du 6 janvier 1959, l’âge obligatoire de scolarisation est porté de 14 à 16 ans.

Christophe Chiclet Journaliste à L’inFO militante