Établissement français du sang : par des grèves, les salariés exigent le Ségur pour tous

InFO militante par Valérie Forgeront, L’inFO militante

© Laurent CERINO/REA

Les salariés de l’Etablissement français du sang (EFS) étaient en grève le 21 octobre, jour d’un CSE central. Ils le seront aussi, du 2 au 5 novembre, dates de la tenue de plusieurs CSE, toujours à l’appel de trois syndicats dont FO et toujours pour obtenir le Ségur.

A l’appel d’une intersyndicale comprenant trois organisations dont FO (deuxième syndicat à l’EFS), et tandis que le dialogue social avec leur direction est bloqué, les salariés de l’établissement français du sang (EFS/9700 salariés) poursuivent leur mobilisation débutée il y a un an. Ils étaient en grève le 21 octobre, date d’un CSE central, et le seront encore du 2 au 5 novembre, dates de la tenue de plusieurs CSE. Ils demandent toujours à bénéficier des mesures du Ségur de la Santé signées à l’été 2020.

Or, pour l’instant, après des suppressions massives de postes ces dernières années et alors que les problèmes de recrutement sont patents faute d’attractivité salariale, ce qu’illustrent les 300 postes vacants, que des salariés quittent l’établissement ou encore que des collectes de sang sont annulées faute de médecins…, les personnels de cet établissement à la mission publique et relevant du secteur privé non lucratif restent des « exclus du Ségur ». Au printemps dernier, la mission Laforcade avait confirmé cette situation.

Un traitement inégal des salariés

Mais les salariés de l’EFS ne l’entendent pas ainsi et demandent, pour tous, la mesure salariale (183 euros) du Ségur. Le combat est âpre. Lors d’une réunion le 20 octobre, la direction nous a indiqué que les tutelles [ministère de la Santé et de l’Économie, NDLR] ne veulent pas de conciliation sur le sujet du Ségur explique Annick Vinzal, déléguée syndicale central FO à l’EFS.

La direction de l’EFS, à l’occasion des NAO (négociations annuelles sur les salaires), a proposé l’équivalent de 183 euros (soit 54 points d’indice) pour certains salariés (infirmières, cadres médicotechniques, techniciens de laboratoire…) mais rien pour les autres. Le syndicat FO a dénoncé cette inégalité et réitéré sa demande de 183 euros pour tous. Après approbation des tutelles, la direction a alors octroyé quinze points d’indice à ces oubliés (hormis pour les médecins et les biologistes), cela avec une prise en compte rétroactive de janvier à septembre 2021, ce qui a fait l’objet d’une prime de 600 euros. Mais tout n’est pas réglé pour autant.

Pour l’instant, rien sur la table

La direction compte sur le doublement de l’enveloppe budgétaire de 2021 dédiée aux augmentations individuelles pour accorder quelque augmentation aux médecins et biologistes. Et par ailleurs, pour 2022, pour compléter les augmentations des personnels et en quelque sorte tendre vers le Ségur, elle compte sur une enveloppe de 20 millions d’euros. Ce montant serait obtenu par la hausse de 3%, finalement acceptée par les tutelles, du tarif de cession des produits sanguins labiles/PSL (les poches de sang issues des dons) vendus par exemple aux hôpitaux. Concrètement il s’agit d’un autofinancement des hausses de salaires par l’EFS, réagit Annick Vinzal et par ailleurs cette enveloppe ne suffira pas pour appliquer à tous le Ségur.

De plus, si l’ouverture d’une première série de négociations (de novembre à l’été) sur les classifications des emplois, figées depuis 2008, et leurs rémunérations afférentes, a été obtenue par les syndicats, pour l’instant, dans cette première phase de négociations, il n’y a aucune enveloppe sur la table et les tutelles ne disent mot insiste la militante. D’autres négociations censées s’attaquer au problème des évaluations individuelles d’où découlent des augmentations individualisées et dont les personnels ne veulent plus souligne Annick Vinzal sont prévues. Mais pas avant 2023.

Les salariés de l’EFS continuent leur combat pour une reconnaissance salariale.

Valérie Forgeront Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération