Etats-Unis : l’ascenseur social en panne

Revenus par Clarisse Josselin

Outre-Atlantique, la moitié des trentenaires ont des revenus plus faibles que ceux de leurs parents, selon une étude parue fin avril. Quarante ans plus tôt, cette proportion n’était que de 8 %.

C’est le déclin du rêve américain. En un demi-siècle, la probabilité pour un enfant de gagner mieux sa vie que ses parents a largement diminué aux États-Unis. C’est ce qui ressort d’une étude publiée le 24 avril dans la revue Science et dirigée par Raj Chetty, chercheur à l’université Stanford en Californie.

La chute est plutôt brutale. Les enfants nés en 1940 avaient 92 % de chances de mener une vie plus confortable que leurs parents. Ce taux est tombé à 50 % pour les jeunes nés en 1984. Or, comme le rappellent les auteurs, l’une des caractéristiques déterminantes du rêve américain est l’aspiration d’un enfant à accéder à un niveau de vie plus élevé que celui de ses parents.

Les états du Middle West les plus touchés

Pour mener ses travaux, l’équipe de chercheurs a croisé les déclarations d’impôt et les données du recensement, tout en tenant compte de l’inflation. Si le blocage de l’ascenseur social touche l’ensemble des échelles de revenus, les familles de la classe moyenne sont les plus fortement impactées.

Géographiquement, c’est dans le Middle West, et notamment l’Illinois, l’Indiana, l’Ohio et le Michigan, que la mobilité sociale ascendante a le plus reculé. L’effet est le moins ressenti dans les états du Massachusetts, de New-York et du Montana.

Faciliter l’accès aux université publiques

Les auteurs expliquent cette situation à la fois par une baisse de la croissance économique et par une plus grande inégalité dans la redistribution des richesses. Ils estiment donc qu’un accroissement du PIB des États-Unis ne suffira pas à relancer l’ascension sociale d’une génération à l’autre. Ils invitent les responsables politiques à se concentrer sur l’augmentation des revenus des classes moyennes et des plus démunis.

Pour relancer l’ascenseur social, certaines mesures, comme faciliter l’accès aux universités publiques, augmenter le salaire minimum ou aider les familles à déménager des quartiers pauvres vers des zones bénéficiant de meilleures écoles publiques pourraient porter leurs fruits.

Clarisse Josselin Journaliste à L’inFO militante