Le mot clé #striketober (contraction de « strike », grève, et « october », octobre) s’est répandu sur les réseaux sociaux américains, comme un cri de ralliement à une mobilisation sociale qui couve depuis des mois. Au total, ce sont plus de 100 000 employés dans plusieurs États (New York, Californie, Maryland, Colorado…), travaillant dans la santé, l’agroalimentaire ou encore le service, qui ont cessé le travail.
Des grèves assez rares aux États-Unis, pays peu habitué à ce genre de contestation sociale. Le mouvement est ainsi d’une ampleur inédite par la diversité des secteurs concernés et par la rapidité avec laquelle il s’est étendu. La pandémie a agi comme un catalyseur,
Un an plus tard, fatigue et lassitude se sont emparées de beaucoup de ces salariés américains. Ils ont vu de nombreuses entreprises augmenter leurs profits pendant la crise, mais cela n’a eu aucun effet redistributif.
Soutien de la population aux grévistes
Et ce qui est nouveau aussi, c’est l’adhésion de l’opinion publique à ces grèves. Les syndicats sont en effet en train de gagner du terrain dans le cœur des Américains. Selon l’institut de sondage Gallup, 68% d’entre eux approuvent désormais les syndicats, contre 48 % en 2009. La population a vu le travail fourni par les salariés de secteurs essentiels pendant la pandémie et constaté l’augmentation des inégalités sociales. Elle estime qu’il est juste qu’il y ait une meilleure redistribution des richesses
, ajoute la secrétaire confédérale.
Car cette crise mondiale a mis en lumière des difficultés qui existaient déjà auparavant, mais qui ont été exacerbées par la pandémie, notamment l’absence d’un vrai système de sécurité sociale.
L’accès à la protection sociale aux États-Unis est un enjeu majeur depuis de nombreuses années, explique Marjorie Alexandre. Le Covid a remis au centre du débat l’importance fondamentale de la solidarité.
Le rapport de force est favorable aux grévistes. Les salariés qui ont été si sollicités pendant le Covid ont réalisé qu’ils avaient, du fait de ce que représente leur seule force de travail, la capacité de paralyser le pays s’ils le voulaient.
D’autre part, de nombreux secteurs cherchent à recruter massivement car ils manquent de travailleurs, ce qui renforce ce rapport favorable.
Ces grèves ne sont pas sans rappeler le mouvement déterminé pour aller vers une syndicalisation dans un entrepôt du géant du numérique Amazon, il y a quelques mois. Ce qui s’est passé chez Amazon n’est pas sans lien avec ce qui se passe aujourd’hui. Ce sont des manifestations de l’évolution des mentalités américaines, et de la prise de conscience de l’importance de faire respecter ses droits. C’est un véritable mouvement de fond
, analyse la militante.