Expo : Topor ou « l’art d’aller trop loin »

Actualités par Corinne Kefes

Pour le 20e anniversaire de son décès, La BNF consacre une grande exposition à Topor. Voici un portrait, tracé à sa façon, qui le dessine en quelques mots.

Reconnaissable : son tracé crayonné, souvent noir et blanc, est une signature en soi. Son champ thématique autour du corps blessé, mutilé, transformé est sans équivalent. L’important pour lui, c’est la trace sur le papier, dans le dessin ou l’écriture, tous deux prolongement de l’esprit, langage permettant de matérialiser une idée, comme un substitut de lui-même.

Prolifique : il débute comme dessinateur d’humour, participe à plusieurs parutions décalées (Bizarre, Hara-kiri) mais se diversifie très vite et produit nouvelles, romans, pièces de théâtre, mais aussi des affiches, des décors, des costumes, des films, des sketchs pour la télévision (Palace, Téléchat).

Inclassable : son œuvre variée, son univers à l’humour grinçant, voire provocateur, mêle l’absurde et l’insolite dans un rendu cru, voire cruel mais sans violence, voire poétique.

Paradoxal : c’est un homme « à bande », participant à toutes sortes de projets (groupe Panique), mais qui travaille en solitaire. Son œuvre originale est connue de quelques-uns, mais les reprises la véhiculent dans le monde entier.

Il y a quelque chose qui interpelle chez Topor, une vérité qui saute à la figure. Il semble, à l’instar de Picasso, placer plusieurs perspectives dans une même représentation. Souvent, il cache pour mieux montrer. Car c’est un homme sensible, blessé par le monde, qui érige le rire contre l’angoisse. L’art est chez lui libératoire. 

Le Monde selon Topor, collectif, éditions Les Cahiers Dessinés, 239 pages, 42 euros.