[Exposition] « Global(e) résistance »

Culture par Christophe Chiclet

Le Centre Beaubourg propose une exposition sur les relations entre l’art contemporain et la résistance à toutes les oppressions. L’art comme outils, vecteurs, moyens de lutter, se rebeller, résister.

Global(e) Résistance [1] présente 62 artistes des « Sud » (Afrique, Moyen-Orient, Asie, Amérique latine) avec comme slogan « L’art comme Résistance ». Résistance(s) contre les despotismes, le capitalisme, le communisme, le racisme et le sexisme. C’est la première fois qu’autant d’artistes présentant plus d’une centaine d’œuvres (peintures, sculptures, films...) sont réunis avec l’ambition d’examiner les stratégies contemporaines de résistance.

Pour Christine Macel, conservatrice en chef du service Création contemporaine et prospective et Alicia Knock, conservatrice, toutes deux du centre Pompidou-Beaubourg : Résister à travers une pratique à la fois artistique et politique, voire activiste, a souvent été l’apanage des artistes vivants dans des situations d’oppression ou d’inégalités. La fin de la colonisation a fait jaillir de nombreuses voix qui se sont élevées pour entamer de nouveaux chemins de résistance .

Cette exposition unique est fille des réflexions du philosophe Gilles Deleuze (1925-1995). En effet, ce dernier avait donné une conférence en 1987 à la Femis [2] avec comme titre : « Qu’est-ce que l’acte de création ». Il y avait déclaré : Seul l’acte de résistance résiste à la mort, soit sous la forme d’une œuvre d’art, soit sous la forme d’une lutte des hommes . L’une et l’autre relevant selon lui d’un seul et même élan. Donc naturellement, les œuvres de Global(e) Résistance s’inscrivent dans ce double élan de résistance : celui d’imposer par l’art l’existence d’une cause et celui de mettre l’art au service d’une stratégie militante de lutte.

De Johannesburg à Dakar en passant par Jérusalem

Les tableaux, sculptures et autres œuvres d’art ont été acquis par le Centre depuis la dernière décennie, d’où les références historiques à la résistance démocratique de la fin du XXe siècle et du début du XXIe. Il faut dire que les événements ne manquent pas : chute du mur de Berlin, disparition des dictatures communistes, fin de l’apartheid, répression en Chine, montée des nationalismes et des extrêmes droites, sans oublier les répressions anti-ouvrières et anti-syndicales.

On entre dans l’exposition en découvrant l’imposante sculpture « Rédemption » du Camerounais de 43 ans, Barthélémy Toguo. Ensuite, le visiteur découvre un parcours sur 1 500 m2 ponctué de slogans imprimés sur les murs, réalisés à partir des œuvres de Toguo, mais aussi de Guy Ben Ner et Khalil Rabah (conflit israélo-palestinien), de la Mexicaine Teresa Margolles (le mur de la honte de Trump), le chinois Yin Xiuzhen (la désolation des guerres), Nadia Kaabi-Linke (le désespoir des migrants et des sans-abris), sans oublier le kurde-turc Halil Altindere.

La problématique de la résistance urbaine est mise en avant par des artistes sud-africains et sénégalais. L’on peut aussi découvrir le film de Coco Fusco et Guillermo Gomez Pena, « The couple in the cage » (1993) sur la persistance des réflexes coloniaux après les mouvements de décolonisation des années 1950-1970, ainsi que la vidéo de Renée Green, « Partially buried » (1996) sur la mémoire subjective dans l’écriture de l’histoire. Une exposition qui a toute son importance dans le contexte actuel.

Christophe Chiclet Journaliste à L’inFO militante

Notes

[1Global(e) Résistance, Centre Beaubourg-Pompidou, Paris, niveau 4, jusqu’au 4 janvier 2021, tous les jours sauf le mardi de 11h00 à 21h00, réservation en ligne obligatoire, tarif : 14 €.

[2Femis : Ecole nationale supérieure des métiers de l’image et du son fondée en 1986, succédant à l’Idhec créée en 1943.