[Exposition] La Cité des sciences de Paris, nid d’espions !

Culture par Christophe Chiclet

Une fois n’est pas coutume, une grande institution culturelle de la capitale tente de faire la lumière sur un milieu particulièrement opaque : les services secrets ou services de renseignements. Au choix !

Si vous cherchez à croiser James Bond et ses girls, passez votre chemin. Laurence Caunézil, la commissaire de l’exposition, et non de police, précise qu’on se situe plus du côté du Bureau des légendes (la série culte de Canal+) que de 007 ou de Jason Bourne.

La préparation de l’exposition a duré deux ans et a été faite en collaboration avec Éric Rochant, le créateur de la série et une partie de ses acteurs. Mais bien entendu il a fallu avoir l’aval, voire le feu vert – mais cela est top secret – de l’État-major de la DGSE (l’espionnage militaire). Et pourquoi pas celui de la DGSI (le contre-espionnage civil, souvent beaucoup plus efficace que les galonnés). Autre mystère, non résolu à ce jour !

L’exposition présente donc une partie du matériel technologique de nos espions : écoutes téléphoniques, surveillance vidéo, engins de filature et de fouille… Sachant que la visite qui dure plus de 90 minutes est interactive, le visiteur apprend à nettoyer son bureau des micros et autres caméras espions. La DGSE a même prêté pour l’occasion son matériel de détection, mais un modèle qui date un peu.

Dans le costume de l’espion

Si l’expo est réussie, c’est aussi parce que le visiteur est invité à enfiler le costume d’un espion qui doit vérifier si un essai nucléaire vient bien d’avoir lieu dans un pays pourtant sous surveillance internationale. Vous avez dit Corée, Iran, allez savoir. Le parcours conduit l’apprenti espion à des briefings, à déchiffrer des images satellites, à voir comment on fabrique une fausse identité. Bref, le b-a-ba de nos agents secrets qui passent plus de temps derrière leurs écrans que « sur zone », comme on dit dans le jargon militaire.

Les organisateurs ont aussi pioché dans les travaux d’Olivier Mas, ancien officier de la DGSE pendant quinze ans, qui vient de publier Profession espion aux éditions Hoëbeke et qui anime, sur sa chaîne Youtube, « Talks with a spy » (Conversations avec un espion), sous le pseudonyme de Beryl 614.

Pourtant, ni le visiteur, ni les organisateurs de l’exposition ne savent qu’il existe déjà un petit musée où l’on trouve tous les petits gadgets des espions de l’époque de la guerre froide et même d’avant. Nous, nous le savons : dans l’ancienne caserne du 1er Régiment du train, boulevard Mortier, en face des locaux historique du SDECE devenu DGSE. Plus particulièrement dans le bâtiment qui accueillait l’armurerie et le service auto. Voilà un secret, un vrai, enfin révélé !

« Espions », jusqu’au 9 août 2020, Cité des sciences, Musée de la Villette, 30 avenue Corentin Cariou, 75019 Paris. Du mardi au samedi 10 h-18 h, dimanche 10h-19 h. Tarifs : 9 à 12 €.

Christophe Chiclet Journaliste à L’inFO militante