[Exposition] « Libertad », la Guerre d’Espagne à Bordeaux

Culture par Christophe Chiclet

Les Archives départementales de la Gironde organisent durant quatre mois nombre d’événements autour de la guerre d’Espagne : exposition, mais aussi conférences, tables rondes, films, concerts.

La guerre d’Espagne (juillet 1936-avril 1939) a eu une résonance très importante sur une France voisine bouleversée par le Front Populaire et la montée des fascismes à ses frontières (Italie, Allemagne et Espagne franquiste). C’est évidemment dans le grand sud-ouest voisin que l’impact a été le plus fort. Toulouse et Bordeaux ont été les bases arrière de la République espagnole, des lieux de passage et bien sûr de refuge pour des dizaines de milliers de rescapés républicains de tous bords.

L’exposition est organisée par un couple d’historiens, Francine Agard-Lavallé et Bernard Lavallé qui viennent de publier un ouvrage sur les Bordelais et la guerre d’Espagne [1].

La Gironde est touchée très rapidement par l’arrivée des premiers réfugiés, dès la bataille d’Irun à l’été 1936. En effet dès 1926, plus de 20 000 Espagnols s’étaient installés à Bordeaux dans des quartiers bien à eux, servant ainsi de lieux de refuge. Nombre de leurs associations étaient dirigées par les partis politiques et les syndicats espagnols en coordination avec la CGT.

Les Espagnols et FO

Avec la reddition des poches de résistance du Nord-Ouest (Pays Basque, Asturies), 85 000 réfugiés s’installent en Gironde dès l’année 1937. En effet, le gouvernement français ne veut surtout pas qu’ils restent le long de la frontière basque pour y organiser des coups de main, neutralité oblige pour faire plaisir à l’allié britannique ! Cependant sur les plages des Landes et de la Gironde, la gendarmerie fait état de l’échouage de nombre de corps torturés, poussés par les courants du golfe de Gascogne. Mais aussi sont arrivés à Arcachon, Pauillac et d’autres ports des bateaux bourrés de réfugiés, civils et militaires, tout comme d’autres bateaux ont quitté la Gironde pour rejoindre l’Amérique latine.

Les échanges se faisaient aussi dans l’autre sens. Nombre de volontaires et d’armes sont partis du Sud-Ouest pour rejoindre l’Espagne républicaine.

Sans ces réfugiés espagnols, la résistance de la région aurait été moins nombreuse et moins efficace dès 1942.

 

« Libertad », aux Archives départementales de la Gironde, 72-78 cours Balguerie-Stuttenberg, Bordeaux, jusqu’au 19 avril. Du lundi au vendredi de 9h à 17h, samedi-dimanche 14h-18h.
Entrée libre. Fermé les 28-29 décembre et 4-5 janvier. Conférences sur le sujet les 11-18-25 janvier et 4 avril à 15h.

Christophe Chiclet Journaliste à L’inFO militante

Notes

[1Francine Agard-Lavallé, Bernard Lavallé : Car ce combat est aussi le nôtre. Bordeaux et les Bordelais et la guerre d’Espagne, Presses universitaires de Bordeaux, 2018, 309 p., 25€.