[Exposition-livre] Les dessinateurs du peuple

CULTURE par Christophe Chiclet, L’inFO militante

Cette exposition sur les dessins de la presse syndicale est issue du travail et du livre d’Henri Pinaud [1] sur les caricatures publiées dans les journaux des trois grandes confédérations syndicales.

L’exposition présente près de 600 dessins dont 200 issus directement du livre d’Henri Pinaud. Pour Agnès Taillandier-Pinaud, veuve de l’auteur : Vous savez, il y avait beaucoup de débats entre ceux qui défendent le verbe, et ceux qui défendent l’image. Et il a toujours été très sensible à l’expression immédiate que l’on peut obtenir par un dessin. Les recherches d’Henri Pinaud ont exhumé un demi-siècle de luttes syndicales, avec une centaine de dessinateurs depuis 1966. Certains dessinateurs comme Daullé qui a aussi publié dans le Canard Enchaîné, Le Monde et le JDD.

Henri Pinaud était chercheur en sociologie au CNRS. Avant son livre, à la fin de sa vie, sur les dessinateurs, il avait publié en 2000 deux livres chez l’Harmattan : Syndicats et participation démocratique ; scénario 21 pour le 21e siècle et Syndicalisme et démocratie dans l’entreprise. En 2008, chez le même éditeur : La gestion des ressources humaines en France.

Caricatures et démocratie

Henri Pinaud a écrit : L’image est plus contagieuse, plus virale que l’écrit. Elle a le don capital de souder la communauté. En France, les dessins de la presse syndicale sont aussi anciens que la presse elle-même. Ils représentent des modes de résistance à la publicité et s’en distinguent par leur but non politique et non commercial. Ils incitent les travailleurs à contester le monde, à lui opposer des possibles différents, voire antagonistes, en rappelant le sens que le syndicat produit sur l’activité humaine. Ce sont des éléments de la culture ouvrière dont ils représentent un double aspect : l’union et le combat.

La première partie du livre d’Henri Pinaud est consacrée aux acteurs de cette activité : dessinateurs, maquettistes, directeurs de rédactions. Seconde partie, onze thématiques : les salaires, les conditions de travail, les luttes, la répression…

Les caricaturistes de presse depuis le XVIIIe siècle ont souvent subi les foudres des pouvoirs : embastillés et/ou condamnés à de lourdes amendes pour casser leurs crayons. Mais le pire, inimaginable, est survenu le 7 janvier 2015 à 11h30, quand douze personnes au siège de l’hebdomadaire Charlie Hebdo ont perdu la vie. Parmi les victimes, cinq dessinateurs : Cabu, Charb, Honoré, Tignous et Wolinski.

 

Les dessinateurs du peuple. 50 ans de dessins dans la presse syndicale CFDT-CGT-CGT-FO. Centre permanent. Salon international de la caricature du dessin de presse et d’humour. 7 Route du château d’eau, 87590 Saint-Just-le-Martel. Du lundi au vendredi : 09h-12h/14h-17h30, entrée libre. Renseignement : 05 55 09 26 70 ; salon.humour@wanadoo.fr. Jusqu’au 13 août 2022.

Christophe Chiclet Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération

Notes

[1Henri Pinaud : Les dessinateurs du peuple, préfaces Yves Veyrier, Agnès Naton, Jean-Louis Malys, ed Lelivredart, 2019, 240 pages, 32 €.