[Exposition] Même pas peur : la mort se vante à Toulouse…

Culture par Michel Pourcelot

Une étonnante collection macabre, des vanités d’hier et d’aujourd’hui, présentée dans la « ville rose » jusqu’au 30 septembre. Pour se rappeler qu’il ne faut pas attendre la mort comme seule égalité.

Quelque 180 têtes de mort, sous les formes les plus variées, bijoux masculins, épingles de cravate, statuettes funéraires ou objets japonais, ainsi que pléthore de squelettes, amulettes, grains de chapelets, bibelots, gravures… Les matières sont diverses : corail, cristal de roche, ivoire, marbre, bois sculpté… Le thème est unique : la « grande faucheuse ». Cette collection réunie par Mathilde de Rothschild (1874-1926) s’inscrit dans la lignée des vanités (d’après vanitas, vanitatum omnia vanitas, phrase tirée de la Bible signifiant en latin vanité des vanités, tout est vanité), un genre pictural évoquant la vanité de la vie face à la mort et fort en vogue aux XVIe et XVIIe siècles, dont l’exposition de Toulouse en présente plusieurs œuvres en parallèle. Ces vanités suivaient les danses macabres de la fin du Moyen Age, introduisant une égalité… post-mortem.

Déjà morts

Les raisons qui ont poussé Mathilde de Rotshschild à constituer cette collection restent inconnues. Probablement une volonté de se démarquer de la famille de son mari, les Rothschild. Peut-être a-t-elle voulu, à son niveau, à son échelle et avec sa fantaisie, collectionner des objets qui étaient plutôt méprisés, avance la commissaire de l’exposition, Sophie Motsch, du musée des Arts décoratifs de Paris, d’où proviennent ces étonnantes pièces. Quelques unes de ces pièces appartenaient à l’écrivain Jean de Tinan (1874-1898), météorite de l’époque symboliste, ironiquement mort jeune, à 24 printemps. Par disposition testamentaire, la collection fut léguée au musée des Arts décoratifs par Mathilde de Rothschild qui fut en son temps un parangon pour les femmes modernes et fut l’une des premières à obtenir son permis de conduire. L’actuelle modernité de l’éternel thème de l’expo est assurée par l’ajout d’œuvres d’artistes contemporains tels que Niki de Saint Phalle, Brassaï et Robert Mapplethorpe. Déjà morts.

 

Même pas peur !, collection de la baronne Henri de Rothschild. Vanités d’hier et d’aujourd’hui, jusqu’au 30 septembre 2018, à la Fondation Bemberg, Hôtel d’Assezat, Place d’Assézat 31000 Toulouse.
Ouverture de 10h à 18h (nocturne le jeudi jusqu’à 20h30). Fermé le lundi. Tarifs : de 8 à 10 €, gratuit pour les enfants de moins de 8 ans et les personnes handicapées. Tél. : 05.61.12.06.89.
Site internet : www.fondation-bemberg.fr

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante