[Exposition] « Sempé en liberté »

Culture par Christophe Chiclet

Le dessinateur du « Petit Nicolas » revient sur ses terres natales où le musée Mer-Marine de Bordeaux retrace sa riche carrière de 1951 à nos jours en plus de 300 dessins.

Jean-Jacques Sempé est né en 1932 dans une famille modeste à Pessac, alors faubourg ouvrier de Bordeaux. Après nombre de petits métiers, il place dès 1951 ses premiers dessins d’humour auprès de Sud Ouest, le grand quotidien régional bordelais.

Dans une des salles de l’exposition on peut voir une phrase signée de la plume du dessinateur : Je ne crois pas avoir du style, je crois avoir des tics. C’est peut être les tics qui font le style. Une formule qui démontre assez bien le sens de l’autodérision et de l’humilité de cet auteur reconnaissable entre tous grâce à ses traits d’esprit et de crayon qui vont de pair.

Sempé, ce sont des dessins dans la presse de Sud Ouest au prestigieux magazine littéraire américain The New Yorker, mais aussi des bandes dessinées et des adaptations en dessins animés et film (Les vacances du petit Nicolas, film de Laurent Tirard, 2009), signés dans sa jeunesse « Dro », pseudo emprunté à l’anglais « draw », puis Sempé.

L’exposition est divisée en cinq parties au fil des salles : « Autoportrait », « Exercices de style », « Délicats décalages », « La comédie humaine » et « Petits et grands rêves ». Des parties qui racontent une vision du monde où des petits personnages sont souvent écrasés par des décors immenses. La dernière salle accueillant les « unes » du New Yorker.

Le petit Nicolas
Mais c’est bien « Le petit Nicolas » qui est la grande œuvre de Sempé. Une œuvre dont le scénariste était l’immense René Goscinny qui fut aussi le père de Lucky Luke et d’Astérix. Les albums du « petit Nicolas » ont été publiés de 1956 à 1965. Ils mettent en scène un petit garçon dans un environnement urbain des années 60 évoquant les thèmes de l’enfance (camaraderie, disputes, amourettes, la maîtresse d’école) et la vision du monde des adultes. Dans ce monde « des grands » on retrouve l’éducation, les disputes familiales avec une mère pas très facile, les rapports avec les voisins du quartier et, clin d’œil social de Goscinny, les relations du père du « petit Nicolas » avec son infâme patron, Monsieur Moucheboume qui exploite ses employés et refuse toujours une augmentation. Les « Petits Nicolas » ont été traduits dans toutes les langues régionales de France, ainsi qu’en yiddish, arabe dialectal maghrébin et arménien. À l’occasion de cette exposition les deux commissaires, Marc Lecarpentier et Martine Gossieaux, viennent de publier Sempé, itinéraire d’un dessinateur d’humour [1].

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« Sempé en liberté », Musée Mer Marine, Bassins à flot, 89 rue des étrangers, Bordeaux, du 29 mai au 6 octobre 2019 ; du mercredi au vendredi 10h-18h, samedi-dimanche 10h-19h. www.mmmbordeaux.com

Christophe Chiclet Journaliste à L’inFO militante

Notes

[1Rédaction de Marc Lecarpentier, publié aux éditions Martine Gossieaux, 2019, 302 pages.