[Exposition] Si loin de l’Europe au Musée du Quai Branly

Le Musée du quai Branly sort ses peintures pour la première fois. Et cela va loin, très loin, et tous azimuts. Vers des horizons nouveaux, terres inconnues, où vivent les indigènes. Cet ailleurs géographique vu par les Européens est illustré grâce à quelque 200 toiles et œuvres graphiques, tirées de sa propre collection et datant de la fin du XVIII^e siècle jusqu’au milieu du XX^e siècle. Cela va de l’odalisque du romantique orientalisant Ange Tissier à George Catlin, peintre des Amérindiens au XIX^e siècle, en passant par le Caire vu par Emile Bernard, proche de Gauguin. On retrouve d’ailleurs Tahiti vu par ce dernier, mais aussi par Matisse, qui, séduit par la vision polynésienne de Gauguin, s’était rendu là-bas en 1930.

Les formes au fond de l’Inconnu

Ce sont grandement des visions nées dans une Europe en pleine expansion coloniale (un bon nombre avaient été rassemblées pour l’Exposition coloniale de 1931) que l’on retrouve dans cette exposition, voulue comme la retranscription de l’histoire d’une rencontre avec l’Autre et l’Ailleurs et le questionnement de l’évolution du regard artistique face à l’inconnu. On y voit l’exotisme, où règnent la séduction d’un Orient de luxe et de volupté ainsi que le mythe du « bon sauvage », lentement céder à la propagande coloniale et au mieux à l’« ethnographisme ». Des lointains pas si lointains.