Faurecia Intérieur Industrie : FO refuse que les salariés payent les erreurs comptables de la direction

InFO militante par Evelyne Salamero

HAMILTON/REA

Départ en vacances gâché pour les salariés de Faurecia Intérieur Industrie France, filiale de l’équipementier automobile, spécialisée dans l’habillage intérieur des portières et des tableaux de bord. La direction leur a en effet demandé de rembourser la moitié de leur prime de participation aux bénéfices, au motif d’une erreur de comptabilité. La mauvaise nouvelle est tombée le jeudi 23 juillet, veille de prise de congé pour la plupart d’entre eux. « Donner c’est donner, reprendre c’est voler ! », s’insurge le syndicat FO qui appelle les salariés à la grève dès la rentrée de septembre, si la direction ne revient pas sur sa décision.

Au printemps dernier, le cabinet d’expertise Syncéa chargé d’assister le CSE central de Faurecia Intérieur Industrie France avait déjà eu bien du mal à obtenir les comptes 2019 de l’entreprise, dans le cadre des consultations pourtant légalement obligatoires. La direction avait alors invoqué la crise sanitaire pour justifier son retard. Elle avait finalement déposé ses comptes en mai, affichant un bénéfice de 35 millions d’euros. Premier bémol toutefois : les cadres apprenaient qu’ils devraient attendre septembre pour percevoir leur prime de participation aux bénéfices qui leur est habituellement versée en mai comme à l’ensemble des salariés.

Les salariés sommés de rembourser leur prime de participation aux bénéfices

Autant de signes précurseurs de la mauvaise nouvelle à venir… Le pot aux roses a été découvert lors du CSE central extraordinaire du 23 juillet : les comptes déposés en mai étaient erronés, a annoncé la direction. Et pas qu’un peu. L’entreprise n’aurait réalisé que 19 millions de bénéfices, soit 16 millions de moins que le résultat affiché il y a deux mois. Résultat : Faurecia Intérieur Industrie demande à tous ses salariés non cadres de lui rembourser la moitié de la prime d’intéressement qu’ils ont perçue et a prévenu les cadres qu’ils ne percevraient que la moitié de la leur à la rentrée.

Selon la direction, l’erreur comptable se serait produite au moment d’appliquer la norme IFRS destinée à standardiser la présentation des données comptables des entreprises au niveau européen, explique Franck Pattin, délégué syndical central FO, secrétaire du CSE central et secrétaire général de l’Union départementale FO des Vosges où se situe l’un des sites de l’entreprise. Quoi qu’il en soit, les justifications de la direction n’ont convaincu aucune des organisations syndicales.

Levée de boucliers

Unanimes, les représentants des salariés au sein du CSE central ont jugé inadmissible que les salariés subissent les erreurs de la direction financière et générale de la société. Dans un communiqué, ils exigent le maintien de cette prime par un système tout à fait légal de supplément de participation et donnent rendez-vous aux salariés à la rentrée pour organiser le rapport de forces, si la direction s’obstine.

A ce jour, cette dernière, face à la levée de bouclier provoquée par son annonce, a décidé de mettre en place un dispositif de compensation sur les versements de participation et d’intéressement des années à venir.

Il reste tout de même 19 millions de bénéfices

Cela reste inacceptable, rétorque le syndicat FO, pour qui donner c’est donner et reprendre c’est voler !. Et le calcul est vite fait : la participation calculée sur les premiers résultats affichés (35 millions d’euros) ne représente que 3 millions d’euros et au final la filiale a tout de même réalisé 19 millions de bénéfices !, indique Franck Pattin.

Le sentiment d’injustice est d’autant plus fort que les augmentations salariales concédées par la direction dans le cadre de la NAO ont été particulièrement modérées cette année au motif…. qu’il y aurait de bonnes primes liées aux résultats (FO n’avait d’ailleurs pas signé l’accord).

Le P-DG augmenté de 16%

De plus, durant la mise en chômage partiel découlant de la pandémie, l’entreprise a refusé de payer le complément à la part garantie par l’État, complément qui aurait permis aux salariés de conserver 100% de leur salaire (ce que FO revendiquait). Ces derniers viennent donc de subir d’importantes baisses de revenus. La majorité d’entre eux ont d’ailleurs décidé d’encaisser immédiatement leur prime pour compenser ces pertes, plutôt que de la bloquer pendant cinq ans sur le compte épargne de l’entreprise ce qui leur aurait pourtant permis qu’elle soit défiscalisée. Autant dire que dans bien des cas, la prime a d’ores et déjà été engloutie…

Enfin, cerise sur le gâteau, le P-DG de Faurecia a lui bénéficié d’une augmentation de 16% (votée par le Conseil d’administration de juin dernier) portant sa rémunération 2021 à un million d’euros, rappelle Franck Pattin.

C’est dans ce contexte que le syndicat FO, qui recueille 30% des voix dans l’ensemble de la filiale et est majoritaire avec 80% des voix dans deux de ses cinq sites, a d’ores et déjà appelé les salariés à se tenir prêts pour la rentrée, prévenant : il va falloir en découdre et défendre notre bifteck par la seule méthode qu’ils entendent : la grève !.

Evelyne Salamero Ex-Journaliste à L’inFO militante