Fermeture annoncée de la brasserie Heineken : FO fera en sorte qu’aucun salarié ne reste sur le carreau

InFO militante par Elie Hiesse, L’inFO militante

© Frederic MAIGROT/REA

Trois semaines après l’annonce de la fermeture sous trois ans de sa brasserie de Schiltigheim (Bas-Rhin), Heineken France accélère le pas. Il ouvre le 8 décembre les négociations sur le plan social. 220 emplois en CDI sont concernés. Si le syndicat FO condamne cette stratégie financière délétère pour l’emploi et l’environnement, il entend tout mettre en œuvre pour défendre les emplois et qu’aucun salarié ne reste sur le carreau. Il a signé un accord de méthode élargissant, à 4 mois, la période de consultation du CSE sur le plan social.

Pas de répit pour les salariés de la brasserie Heineken de Schiltigheim, dans la banlieue de Strasbourg (Bas-Rhin) ! Trois semaines après l’annonce de la fermeture dans les trois ans du site de production (soit au 1er janvier 2026), le calendrier s’accélère. Alors que les 220 salariés sont encore sous le coup de l’annonce brutale du 14 novembre, la filiale française du brasseur néerlandais a décidé d’ouvrir, dès ce jeudi 8 décembre, les négociations avec les organisations syndicales sur le contenu du plan social lié à la fermeture annoncée. 197 emplois en CDI sont menacés sur le site, auxquels s’ajoutent 23 emplois au niveau de la direction générale technique.

A l’appel de FO, représentatif sur le site à 40 % et de deux autres organisations, l’ensemble des salariés sont appelés mercredi 7 décembre à se réunir devant le site, de 12h30 à 13h30, pour manifester leur refus de la fermeture et leur cohésion.

Une brasserie sous pavillon Heineken depuis 50 ans

Depuis un an, les investissements avaient repris sur l’ensemble des sites d’Heineken France excepté à Schiltigheim. Mais personne, ici, ne s’attendait à une annonce aussi radicale, rappelle Vania Brouillard, délégué syndical FO. Spontanément, l’ensemble des salariés a fait grève le 15 novembre, au lendemain de l’annonce. La majorité des salariés ont plus de 20 ans d’ancienneté, précise le militant FO, qui y est lui-même salarié depuis 29 ans.

Le coup de massue est d’autant plus important que la brasserie alsacienne L’Espérance est un établissement historique pour le brasseur néerlandais, numéro deux mondial du secteur. Elle est la première à avoir été choisie pour son implantation en France, en 1972. On a eu reçu, par deux fois, le prix de la meilleure bière Heineken au monde, un titre recherché dans le groupe, rappelle le militant FO.

Une logique financière qui fait fi de l’histoire d’Heineken en France

Heineken France motive sa décision par l’augmentation des coûts de l’énergie et du transport, dans un contexte de baisse de ses parts de marché en France. Dans les restaurants, cafés et hôtels français, elles auraient reculé, de 28,9 % en 2016 à 23 % en 2021. L’entreprise invoque aussi des équipements vieillissants et l’enclavement du site en milieu urbain. La brasserie L’Espérance produit 1,5 million d’hectolitres par an sur ce site de douze hectares en centre-ville de Schiltigheim.

Le brasseur a déjà prévu son plan de redéploiement industriel. Il reposerait sur un transfert de la production alsacienne vers ses deux autres établissements en France : celui de Marcq-en-Barœul, près de Lille (Nord), qui produit 3,5 millions d’hectolitres de bière par an, et celui de Marseille (Bouches-du-Rhône), où sont produits 1,6 million d’hectolitres par an. Sur ces deux sites, Heineken France annonce vouloir investir 100 millions d’euros pour mettre en place de nouvelles lignes de production.

Selon les premières indications données, il ne resterait à Schiltighem qu’une micro-brasserie avec 14 emplois. Mais la direction ne s’engage pas sur les volumes produits. Et 50 autres emplois seraient maintenus pour assurer les transferts de production vers les autres sites, détaille le militant FO, qui dénonce une logique financière faisant de fi de l’histoire de l’entreprise brassicole en France.

FO dénonce un non-sens écologique et social

La direction a toujours affirmé que la stratégie à trois sites de production en France était la meilleure, sur le plan logistique et écologique. D’abord, parce que le 1 million et demi d’hectolitres que nous produisons chaque année est majoritairement destiné à une consommation dans l’Est de la France. Ensuite, parce qu’avoir trois sites, c’est répartir sur plusieurs nappes phréatiques les importants prélèvements d’eau nécessaires à la production, appuie Vania Brouillard.

En annonçant la fermeture, Heineken France revient sur sa stratégie et son histoire. Dans les années à venir, l’entreprise va regretter cette décision qui est un non-sens écologique et social !, tonne le militant.

FO négocie une extension à 4 mois du délai préfix de consultation du CSE

Une déclaration en ce sens sera faite par FO dès l’ouverture, le 8 décembre, des négociations sociales sur le PSE (plan de sauvegarde de l’emploi), prévues pour durer jusque début mars. FO va continuer à argumenter sur le fait qu’Heineken France fait une erreur, appuie Vania Brouillard.

Si FO est pleinement mobilisée pour éviter la disparition du site, le syndicat entend ne rien lâcher pour défendre les emplois. FO va faire en sorte qu’aucun salarié ne reste sur le carreau, poursuit-il. C’est pourquoi le syndicat a déjà signé le 28 novembre un accord de méthode élargissant, à 4 mois, la période de consultation du CSE (comité social et économique) sur le plan social. Prévue pour débuter le 15 décembre, celle-ci doit donc s’achever le 15 avril.

Elie Hiesse Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération