Ferropem : en Savoie, les salariés luttent pour sauver le site et contre un PSE low-cost

InFO militante par Valérie Forgeront, L’inFO militante

© UD FO 73

Sur le site Ferropem de Château-Feuillet à la Léchère en Savoie, les 221 salariés tentent depuis près d’un an de sauver l’usine de Silicium et ses emplois. C’est un vrai bras de fer avec le groupe Ferroglobe auquel elle appartient. Celui-ci l’a condamnée comme non viable, ne veut ni la vendre ni faire redémarrer la production. Il a présenté un PSE au rabais que dénonce FO, rappelant les bénéfices de Ferropen.

En plus d’être ubuesque, la situation est insupportable et angoissante pour les 221 salariés du site Ferropem Château-Feuillet, basé à La Léchère en Savoie. FerroGlobe, le groupe auquel appartient cette usine de silicium (comme les cinq autres sites français dont celui des Clavaux en Isère sauvé l’an dernier grâce à l’action syndicale, de FO en particulier) ne veut toujours pas la céder à un concurrent (la loi Florange de 2014 ne l’y oblige pas). Il ne veut pas non plus redémarrer ses fours, et donc son activité, la jugeant non rentable, notamment face à la concurrence chinoise. Faux, rétorquent les syndicats, dont FO, indiquant que les cours du silicium ont retrouvé de la vigueur et que les carnets de commande des différents sites sont plein.

La direction qui a annoncé la fermeture de la Léchère en mars dernier a engagé un PSE qu’elle vise « low cost, au rabais », avec des licenciements sans indemnités supra légales, fulmine Roger Roelandts, 56 ans, 22 ans d’ancienneté dans l’usine et délégué syndical FO sur le site. Ferropem affiche cependant un bénéfice net de 58 millions sur 2021 et annonce un prévisionnel de plus de 100 millions cette année indique le militant rappelant que Ferroglobe a profité auparavant d’aides publiques. Et de résumer : la direction n’avance aucun argument à cette fermeture qui serait catastrophique pour le bassin d’emploi de la vallée de la Tarentaise.

Une production stratégique cependant...

Le quotidien des salariés est totalement surréaliste note de son côté Pierre Didio pour l’UD-FO. Ils pointent matin, soir et week-end (organisation de travail en 5/8) à l’usine mais ne peuvent travailler. FO a décidé d’attaquer devant les prud’hommes pour exécution déloyale du contrat de travail.

Le 3 février se tenait une réunion tripartite avec le secteur Industrie du ministère de l’Économie et la Direction. Les syndicats y ont fait des propositions pour un redémarrage partiel du site et un soutien de l’État. Mais la direction ne veut rien entendre. Par ailleurs estime Roger Roelandts, si les élus locaux des communes sont certes derrière nous, l’exécutif n’en fait pas assez. Le délégué évoquant les propos récurrents du gouvernement sur une nécessaire réindustrialisation du pays, rappelle le caractère stratégique, reconnu, de la production de silicium, dans le cadre de la souveraineté industrielle nationale.

Déterminés à sauver le site et ses emplois, les salariés restent mobilisés. Le 8 février, ils se sont réunis en assemblée générale, le 10 certains ont fait irruption au siège de Ferropem à Chambery où la direction tenait une réunion et programmait la fin imminente des discussions sur le PSE. Ce qui a exacerbé la colère des syndicats qui lui demandaient par ailleurs des documents leur permettant de montrer ensuite la viabilité du site. Ils ont dû attendre le 17 février pour les obtenir, lors d’une rencontre avec la direction.

Toutefois cela ne règle pas le fond du problème et la direction essaye de nous endormir s’indigne le délégué. La négociation sur le PSE devrait encore faire l’objet d’une ou deux réunions avant de prendre fin le 1er avril indique Roger Roelandts. Ce n’est pas une mauvaise blague, c’est pire.

Valérie Forgeront Journaliste à L’inFO militante

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