Ferropem : la mobilisation pour sauver les emplois ne diminue pas

Les articles de L’InFO militante par L’inFO militante, Maud Carlus

Usine de Château-Feuillet en Savoie. CHABERT Louis - CC BY-SA 4.0

Depuis l’annonce le 29 en mars dernier d’un PSE au sein du groupe de chimie dans deux usines en Isère (les Clavaux, à Livet-et-Gavet) et une en Savoie (Château-Feuillet, à La Léchère), les salariés se battent pour le maintien des deux sites et de leurs emplois.

Samedi 5 juin, les salariés des Clavaux ont organisé un rassemblement devant leur usine. Le lendemain, c’était le site savoyard de La Léchère qui était mobilisé, et bien visible lors du Critérium du Dauphiné Libéré. Depuis l’annonce le 29 mars dernier, de la suppression de 350 emplois décidée par Ferropem (groupe Ferroglobe), les salariés restent mobilisés. L’obtention d’un décalage du calendrier constitue un premier espoir. Le PSE devait s’achever le 13 août, mais via un accord majoritaire l’échéance a été repoussée au 7 octobre. De quoi laisser davantage de temps aux salariés pour combattre ce PSE qu’ils jugent injustifié.

Sur le site des Clavaux en Isère, où FO est majoritaire avec 87% des suffrages, Mourad Moussaoui, DS central est pleinement investi dans cette lutte. Un des principaux arguments de Ferropem pour justifier la fermeture du site était la perte de notre plus gros client. Or, ce dernier est revenu et a commandé 12 000 tonnes de silicium. Cela nous permettrait de prolonger notre fonctionnement, au moins jusqu’en novembre prochain.

Nous sommes compétitifs

Autre élément venant appuyer la pertinence du combat des salariés : le retour à un prix de revient concurrentiel de la production de silicium. Nous avons réussi à abaisser les coûts de fabrication, lesquels passent de 1 820 à 1 426 euros environ par tonne, ce qui nous rend compétitifs. Pour le moins, le PSE n’a aucune justification estime l’élu FO. Nous avons prouvé que nous étions capables de revenir à une situation viable économiquement. Maintenant, nous espérons pouvoir discuter en bonne intelligence avec la direction.

Et insiste-t-il, les salariés sont plus que motivés et ils l’ont montré. Nous aurions pu bloquer le site, arrêter le travail, faire cesser toutes les productions, nous avons une puissance de frappe, or nous ne l’avons pas fait. Nous nous sommes tous remis au travail et ces quatre derniers mois, nous avons donc particulièrement montré notre bonne volonté et prouvé que nous sommes opérationnels.

Un millier de personnes impactées

Au-delà du périmètre de l’usine des Clavaux, précise encore Mourad Moussaoui, les conséquences du PSE seraient lourdes dans le bassin d’emplois de la vallée de la Romanche. Il ne faut pas oublier tous les sous-traitants, les emplois indirects… Au total, on compte autour d’un millier de travailleurs impactés à qui nous faisons appel au quotidien. Le militant ne perd pas espoir et rappelle qu’il tentera tout pour montrer que les salariés sont déterminés à sauver leur site de travail, où les fours continuent de tourner.

Les choses sont encore plus compliquées en Savoie car le client le plus important s’est retiré et ne reviendra pas, indique Pierre Didio, secrétaire général de l’UD FO Savoie.

Roger Roelandts, DS FO au sein de l’usine de La Léchère, déplore l’arrêt des quatre fours du site savoyard. Les salariés ne sont même pas au chômage technique, ce qui pourrait leur permettre de chercher du travail ailleurs. Or, ils sont tenus de venir sur le site, mais sans rien faire. C’est très dur moralement.

Pour une production sur le territoire national

L’usine, autrefois spécialisée dans la production de silicium fabrique aujourd’hui du CaSi et du FeSi (matériaux pour faire de l’alliage). Il faudrait trouver un repreneur qui relancerait la production de silicium, car La Léchère était très rentable, ajoute le délégué.

Reprendre la production de silicium nécessiterait un investissement d’environ 600 000 d’euros. Cela peut certes rendre frileux conçoit Pierre Didio, mais insiste-t-il : le silicium détient un potentiel énorme. Et pour cause. Il est en effet nécessaire à la fabrication de nombreux produits, tels les panneaux photovoltaïques, les batteries, ou encore le silicone médical. Investir dans Château-Feuillet serait donc investir dans l’avenir souligne le militant, et cela participerait à conserver une production française dans un marché international hautement compétitif.

Pour le secrétaire général de l’UD FO Savoie, si le PSE est commun aux deux usines, la stratégie pour sortir de l’impasse du plan social est forcément différente. D’un côté, prouver à Ferropem que l’usine des Clavaux est performante et peut rester dans le groupe au vu de ses récents résultats, et à Château-Feuillet, trouver un repreneur souhaitant investir afin de refaire du silicium.

Mais les inquiétudes sont grandes, notamment à Château-Feuillet. Ferroglobe (le groupe auquel appartient Ferropem) est en mauvaise posture financière, l’avocat des syndicats nous a fait savoir que le groupe pourrait ne pas être en mesure de financer le PSE, indique Pierre Didio.

Le PSE qui fera l’objet d’une nouvelle réunion entre la Direction et les syndicats, prochainement, ce mois de juin.

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Maud Carlus