Festival d’Angoulême 2017 : un monde en ébullition

Bande dessinée par Michel Pourcelot

Cette 44e édition de l’un des plus grands festivals de BD du monde (26 au 29 janvier) rassemble le gotha du genre et célèbre des classiques du neuvième art (Mickey, Gaston Lagaffe, Will Eisner, Valérian). Cela n’aura pas été sans mal après un bras de fer avec les puissants éditeurs, laissant bien des auteurs sur le carreau de la mine de crayon.

Problèmes de croissance ? Le festival international de la BD d’Angoulême (FIBD) tient sa 44e édition du 26 au 29 janvier non sans avoir du faire face à quelques sérieuses crises. Nombre d’auteurs ont rué à plusieurs reprises dans les brancards notamment à propos de la sous-représentation des femmes dans le festival 2016. Une occasion rapidement saisie par les éditeurs pour prendre un certain contrôle dans le déroulement des festivités. La précédente édition n’était pas terminée depuis un mois qu’ils menaçaient, en février 2016, de, ni plus ni moins, boycotter la prochaine. Dans leur communiqué, intitulé « Sauvons le festival d’Angoulême » (air connu) ils dénonçaient des errements, attribués à l’absence à la fois d’une vision partagée et d’une gouvernance efficace. Leur volonté d’y mettre plus qu’un pied est assez claire et l’emploi du mot « gouvernance » laisse à sous-entendre que la direction du festival est assurée par de gentils organisateurs, pour ne pas dire des Pieds Nickelés. Le tout sur un ton d’ultimatum : nous avons décidé de ne pas participer à la prochaine édition du FIBD si une refonte radicale n’est pas mise en œuvre dans les meilleurs délais. D’où ébullitions dans le monde des bulles.

Les petits Mickeys ont pris du poids

Il faut dire que la BD, c’est désormais du sérieux, du moins économiquement parlant. Les « petits Mickeys » ont pris du poids avec les ans : près d’un livre vendu sur dix en France est une BD. Et son coût est inférieur à celui d’un roman, comme le confiait l’un des principaux éditeurs du genre, le 25 janvier dernier.

Résultat : un médiateur nommé par le gouvernement et au bout du compte guère de la transparence prétextée par les éditeurs. Ils ont du obtenir une certaine satisfaction, puisqu’ils sont bien là, et en force, pour cette 44e édition, plutôt sagement orientée vers le classique, avec comme président le dessinateur belge Hermann, 78 ans. Et dieu sait si les classiques se vendent bien : Astérix (Le papyrus de César) à plus d’un 1,6 million d’exemplaires, soit le livre le plus vendu en France en 2015 toutes catégories confondues, Lucky Luke et Blake et Mortimer à quelque 400 000 exemplaires en 2016. Quant aux auteurs, ils ont du réagir (« Sauvons (d’abord) les auteurs… ») après avoir été clairement laissés en marge dans cette histoire. Pour le dessinateur Lewis Trondheim, par ailleurs lauréat à Angoulême : dans tous les festivals, il y a des couacs. [...] Ce qui m’ennuie le plus, c’est qu’on en parle beaucoup alors qu’on évoque peu le problème de la réforme de la retraite des auteurs. Pour la financer, on va leur ponctionner 8% de ce qu’ils gagnent, soit un mois de salaire en moins. De son temps où la bande dessinée n’était qu’un parent pauvre, le dessinateur américain Will Eisner (1917-2005), créateur du « Spirit » et célébré par cette édition 2017, avait du créer lui-même une maison d’édition de fortune. Il l’avait appelé « Poorhouse ».

Festival international de la BD, édition 2017, 26-29 janvier, à Angoulême. Palmarès dévoilé le 28 janvier au soir.
Programme : http://www.bdangouleme.com/1061,expositions
Tarifs et billetterie : http://www.bdangouleme.com/39,tarifs-et-billetterie
 Exposition « Will Eisner, génie de la bande dessinée américaine », au Musée de la bande dessinée d’Angoulême, du 26 janvier au 15 octobre 2017.
 Exposition « Gaston Lagaffe », 26-29 janvier, Place de l’Hôtel de Ville, Angoulême.
 Exposition « Les nouveaux visages de Mickey Mouse », 26-29 janvier 2017, présentée par le Festival International de la Bande Dessinée et la galerie Glénat, au Vaisseau Mœbius de la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image, 121 rue de Bordeaux 16000 Angoulême.
Le festival sur le Net : http://www.bdangouleme.com/448,les-videos

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante