FGTA : Le développement de FO au cœur d’un congrès où les jeunes ont pris toute leur place

InFO militante par Valérie Forgeront, L’inFO militante

Une ambiance traduisant la détermination et le dynamisme d’une structure qui travaille à se développer encore. Une ambiance teintée d’émotion dans le cadre de passages de témoin, entre autres au mandat de secrétaire général, avec l’arrivée de Laurent Rescanières (ancien secrétaire général adjoint) et le départ, en retraite, de Dejan Terglav, chaleureusement ovationné... Telles étaient les couleurs variées de ce XIVe congrès de la FGTA-FO (fédération de l’agriculture, alimentation et tabacs et activités annexes) qui s’est tenu à Caen des 21 au 24 juin et a accueilli près de 500 personnes dont quelque 400 délégués. 157 syndicats de cette fédération multisectorielle, couvrant 65 branches, étaient représentés. Les délégués sont revenus sur leurs combats âpres, ponctués de victoires, y compris au cœur de la pandémie, face à un patronat plus soucieux de gonfler ses bénéfices que de protéger les emplois, d’augmenter les salaires et de veiller à la qualité de vie au travail. Les militants, qui ont reçu la visite du secrétaire général de la Confédération, Frédéric Souillot, ont fixé la feuille de route de la fédération à travers une résolution générale massivement adoptée. Paroles de délégués.

Et de deux. Après le XXVe congrès confédéral qui s’est tenu à Rouen (Seine-Maritime) fin mai-début juin, la FGTA-FO avait choisi aussi les terres normandes, élisant domicile à Caen du 21 au 24 juin pour son XIVe congrès. La Normandie est sous les projecteurs de FO s’est ainsi réjoui Pierrick Salvi, le secrétaire général de l’Union départementale du Calvados accueillant les quelques 400 délégués de la fédération de l’agriculture, de l’alimentation, des tabacs et activités annexes. Et évoquant le niveau de la représentation de la FGTA-FO dans le département, il convoquait différents thèmes, de portée nationale, qui allaient être au cœur des débats.

La fédération est en effet très représentée dans le Calvados, ainsi à la société Elivia mais aussi chez Brocéliande, Carrefour Administration France, Aldi, la fromagerie d’Orbec, Supply Chain, Super U... Partout où nous sommes implantés, nous sommes les premiers ou majoritaires résumait Pierrick Salvi. Mais il y a encore du travail à faire, indiquait-il, notamment dans les trois magasins Carrefour de l’agglomération de Caen alors que FO est première chez Carrefour au plan national. Dominique Moualek, intervenant à la tribune précisera l’audience de FO dans cette enseigne, soit 45%. Un rapport de force qui a permis d’obtenir 1925 euros de plus pour les salariés si l’on cumule les gains décrochés lors des quatre dernières années de NAO et par ailleurs la hausse de l’intéressement (+52%) et de la participation (+62%). Et le militant de rappeler le poids qu’avait eu la mobilisation massive de 25 000 salariés de Carrefour au printemps 2018 contre le plan du P-DG Bompart visant, au nom d’une réduction des coûts, à fermer des magasins et à supprimer des postes...

 Le développement, le nerf de la guerre

Dans le Calvados comme dans d’autres départements, les bons scores des syndicats FO démontrent qu’une augmentation des implantations ne peut qu’être profitable à l’audience de l’organisation sur le terrain. Et c’est ce que vise à réaliser, dans les différents secteurs qu’elle couvre, la FGTA dont les délégués évoqueront maintes fois au cours du congrès ce thème du développement et sa conséquence au plan de la représentativité.

Sur ces quatre années, nous avons eu des succès comme nous n’en avions jamais eu ! se réjouissait ainsi Dejan Terglav rappelant que personne ne remplace le syndicat de base, au plus près des salariés.

Lors des élections TPE de 2021, la FGTA-FO a ainsi retrouvé sa représentativité dans quatre branches, notamment dans le secteur des assistantes maternelles, et passe de la 4e à la 2e place dans le secteur des particuliers employeurs, gagnant 2,5 points à 16,92% des voix. Au plan général de sa représentativité, la FGTA a progressé durant le cycle 2017-2021, affichant de beaux résultats dans beaucoup d’entreprises, et de plus en plus souvent en devenant le premier syndicat.

Le développement, C’est le nerf de la guerre insistait de Pierrick Salvi, abordant un sujet qui allait être aussi largement évoqué lors de cette semaine de congrès : la lutte de la FGTA-FO contre les mauvaises conditions de travail des salariés et pour de meilleurs salaires.

Dans le Calvados, très touristique, FO vise à se développer dans le secteur HCR (hôtellerie-cafés-restauration), autre secteur couvert par la FGTA et qui connaît une  progression exponentielle indiquait-il. Un secteur où les salariés connaissent de grandes difficultés en matière de logement, salaires, conditions de travail. L’UD qui mène campagne aussi auprès des travailleurs saisonniers de ces secteurs, souligne les actions nécessaires auprès de nombreux jeunes étudiants exploités tout au long de l’année dans de nombreux secteurs de la restauration.

Un nombre de jeunes comme on n’en avait jamais vu

La sensibilisation à la syndicalisation des jeunes travailleurs —ainsi que des cadres— sera aussi largement abordée au cours du congrès de cette fédération du privé, couvrant 65 branches professionnelles, avec des secteurs aussi différents que le commerce alimentaire, la coiffure, la grande distribution, les jardineries, l’industrie agro-alimentaire, l’agriculture, les services à la personne...

D’ores et déjà, le travail mené depuis des années auprès des cadres et des jeunes porte ses fruits. En ce qui concerne les cadres, preuve en est la montée en flèche de la syndicalisation à FO chez les champagnes Hennesy. En peu de temps, FO est passé de 0% de cadres syndiqués à aujourd’hui 34% indiquait Franck Bazire. L’engagement syndical des jeunes aux côtés de FO a été lui aussi largement démontré aussi lors de ce congrès. En autres par le nombre considérable de jeunes délégués intervenant à la tribune. Un nombre comme on n’en avait jamais vu constatait Dejan Terglav.

Symbole, le premier délégué à prendre la parole sera Fabio Vieira Dos Santos du SNTA-FO Casino. C’est son premier congrès, c’est le plus jeune délégué et il est légitimement ému. Fabio est devenu adhérent FO en 2016, il avait 25 ans. Il passe d’emblée un message  il faut faire confiance aux jeunes, les intégrer. Et la déclaration est ô combien recevable. Le délégué travaillant dans un entrepôt de 500 salariés affiche en effet ses résultats :  avec ma jeune équipe on est arrivés en deuxième position aux dernières élections.

La fierté des victoires

Jeune adhérente FO, depuis 2018, Elodie Decostère, élue notamment du CSE « marchés-fonctions et support » (secteur du groupe où FO est ultra majoritaire avec 70% des élus) et support et du CSSCT, évoquait la situation chez Kronenbourg (1 000 salariés). FO y est le deuxième syndicat de l’entreprise, à un poste près... Nous avons l’objectif de devenir premier en fin d’année lors des élections professionnelles appuyait-elle.

Dans cette entreprise, les salariés du secteur force de vente et fonctions support ont essuyé une restructuration se traduisant par un PSE qui devait impacter initialement 60 postes. Par la pression mise sur la direction pendant la consultation, FO a réussi à limiter le nombre de licenciements et a négocié des mesures fortes supra-légales (douze mois de congés de reclassement pour les moins de 50 ans, 15 mois pour les plus de 50 ans, indemnité entre 700 et 1 000 euros par année d’ancienneté...). Concernant les NAO de janvier dernier, FO a obtenu, notamment, une hausse générale des salaires de 4% avec clause de rattrapage en janvier 2023 en cas d’inflation supérieure à 3%.

Pour SNV (société nationale de volailles/2 500 salariés, 1 200 intérimaires), Victor Largillière prenait aussi la parole devant le congrès. Pour la première fois, mais le jeune homme, moins de 35 ans, a déjà une longue expérience, délégué depuis l’âge de vingt ans. Le syndicat FO chez SNV s’est créé en 2018 et en quatre ans FO est passé d’une audience de 10% à 48,2% aujourd’hui lance-t-il. En 2018, nous étions trente adhérents, aujourd’hui, nous sommes 150 dont la moitié a moins de 35 ans. Et les objectifs sont menés tambour battant. En 2023, FO sera présente sur les sept sites de la société.

Pour Sacha Legoadec (Sysco), c’était aussi le premier congrès. Chez ce grossiste alimentaire où FO est le premier syndicat avec 44% d’audience, détenant 70% des sièges au CSE central et majoritaire dans trois des quatre CSE des 68 dépôts, le syndicat a dû se battre en 2018 contre une fusion (par absorption de Davigel) et un PSE. nous avons sauvé 780 emplois indiquait avec fierté le délégué.

Déjà l’objectif des prochaines élections

Chez Carrefour Supply Chain (8 000 salariés dans les entrepôts, dont des caristes, préparateurs de commandes...) un syndicat FO a été créé en 2019 dans ce secteur de la logistique. Et pour la déléguée, Nathalie Denis, ce XIVe congrès de la FGTA était aussi une grande première. Et d’annoncer fièrement : le syndicat est passé de la 3e à la 2e place dans l’entreprise. FO a accru aussi sa présence, passant d’une implantation sur 18 sites à une implantation sur 23 des 24 sites. Chez Coca-Cola annonçait de son côté Cyril Herbin (DSC Coca-cola entreprise Europacific), FO est passée de la quatrième à la trosième place lors des dernières élections, s’est implantée sur un nouveau site ainsi qu’au siège social à Issy-les-Moulineaux. Nous sommes donc présents sur tous les sites Coca-cola europacific partners lançait-il fièrement. Même fierté liée à une hausse continuelle de la représentativité pour le syndicat FO-Cafétérias du groupe, leader mondial, Areas détenant le marché des cafétérias sur 52 aires d’autoroutes en France (1 800 CDI et plus de 200 CDD chaque années). FO qui affiche 25% d’audience dans cette branche des cafétérias réalise un score plus que confortable chez Aeras avec 66% des voix aux dernières élections, en augmentation de seize points. Les prochaines élections sont dans moins d’un an. On espère rester majoritaire appuyait Anne Manceaux.

La détermination à faire valoir les revendications est tout aussi forte du côté des salariés de la, beaucoup plus petite entreprise Montagne noire (de charcuterie industrielle, 250 salariés sur trois sites) du groupe Cooperl. Et cette volonté, particulièrement boostée par l’incertitude sur les emplois née des rachats successifs de l’entreprise (quatre directeurs depuis 2017 et bientôt cinq) s’est concrétisée en 2018 par l’arrivée d’une présence FO sur le site de Narbonne soulignait Virginie Courty. Une première « syndicale » dans l’entreprise depuis sa création en 1933.

Preuve qu’il en était besoin, 100% des personnes de la liste qui se présentait au CSE se sont syndiquées annonçait-elle fièrement. FO est donc la première et unique organisation syndicale du site et notre section syndicale a vu le jour. Pas en reste, ces militants ont pour objectif de créer un syndicat FO Montagne noire début 2023, après les élections professionnelles de novembre.

PSE, restructurations, bas salaires... Pour peser dans la défense des salariés, se développer est primordial

Pour Christophe Girault, secrétaire du CSE chez Candia (1 500 salarié répartis au siège, dans la force de vente et en usine) et délégué central depuis trois ans, c’était là encore le premier congrès. En 2013, FO a créé le syndicat FO siège qui annonce-t-il  encarte désormais près de 70% de la force de vente Candia rappelant toutefois dans des propos moins optimistes le PSE intervenu en début d’année, impactant 169 emplois et ayant conduit à la fermeture d’un site industriel. Alors que les résultats du groupe ont baissé, dû notamment comme dans tout le secteur laitier (55 000 salariés) à la désaffection des consommateurs vis-à-vis du lait,  il est d’autant plus important de soutenir les salariés, les conseiller, les informer.

Au sein de Sodiaal, première coopérative laitière de France qui compte huit entreprises et emploie 9 000 salariés (et qui détient des marques telle Candia, Yoplait, Entremont...) on sort d’un PSE ayant touchés plus de 300 salariés et qui s’est traduit aussi par la fermeture de deux sites, dont un site Candia près de Nantes indiquait de son côté Frédéric Saussereau, coordonnateur FO chez Sodiaal. Tous les cinq ans, on a un PSE s’indignait le militant rappelant qu’avec ses 70 sites de production de lait, la coopérative  brasse 4,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires.

Dans les coopératives agricoles de céréales, de meunerie, d’approvisionnement, d’alimentation du bétail et d’oléagineux, ne pas croire que tout se passe non plus sans problème expliquait en substance Laurent Sure. Ce secteur de 190 000 salariés et 650 métiers et premier acteur économique des zones rurales n’est pas hors du temps. Ainsi, les coopératives deviennent de grands groupes de productions, de plus en plus éloignées de l’esprit coopératif constate-t-il. Magasins grand public, boucheries de détail, magasins de matériels professionnels... les coopératives ne cessent de se rapprocher et de se regrouper avec des absorptions, fusions ou partenariats. Les adhérents, qui sont aussi actionnaires de la coopérative, sont de plus en plus exigeants avec les salariés. Les normes et réglementations complexifient les relations. Ces fusions provoquent des restructurations et réorganisations. Tout cela pèse bien sûr sur les salariés, dégradant leurs conditions de travail et leurs emplois. Ainsi, ils ne sont pas à l’abri d’un PSE.

Au plan des salaires les dernières augmentations démontrent une fois de plus un manque de respect. Un nouvel accord de classification des métiers a été signé en 2020, il faudra quatre ans pour une pleine application.

Le syndicat FO a, quant à lui, demandé que  le treizième mois soit retiré du calcul de la rémunération annuelle garantie/RAG sous laquelle aucun salarié travaillant sur la base de l’horaire légal soit 151,67h par mois ne peut être rémunéré. Car dans la réalité, explique le militant Nous constatons que régulièrement des salariés ont des rattrapages de la RAG en début de chaque année preuve d’une rémunération inférieure qui pour certains sont sur les bases du Smic. Et, précisait-il, c’est sans parler de la perte de sens qui se fait sentir dans de nombreux métiers et met les salariés en souffrance psychologique. Cela a d’ailleurs conduit la Mutuelle sociale agricole/MSA à mettre en place un numéro vert « agri écoute » pour les agriculteurs et les salariés agricoles.

 Ne pas céder sur les retraites

Laurence Diogène délégué FO depuis 2002 chez le groupe volailler LDC (3 000 salariés) dont le siège est à Sablé évoquait elle aussi des  salariés en souffrance, notamment ceux qui démissionnent dans ce secteur d’activité aux conditions de travail particulièrement usantes. Et la militante de lancer un message à la confédération : il faut tenir sur la demande de hausse de salaire et  ne pas céder sur les retraites car nos métiers sont durs, sous-entendu, il serait inconcevable que ces salariés attendent jusqu’à l’âge de 65 ans pour prendre leur retraite.

Chez LDC à l’évidence, les salariés partagent pleinement les revendications de FO. Il y a quatre ans, indiquait la militante, FO était à la 4e place sur cinq syndicats. Elle est désormais à la deuxième dans le groupe et en première position sur le site Cavol, à Loué dans la Sarthe.

Fusion des IRP, suppression du CHSCT... les ordonnances travail ne passent pas

Si la FGTA-FO a mis en œuvre depuis plusieurs années des outils au service de son développement, elle récolte d’ores et déjà les fruits de cet effort. Le congrès a permis de mettre sous les projecteurs moult bons résultats émanant du « terrain ». Jean-Marc Robin (Carrefour Market) soulignait ainsi la progression du syndicat FO, qui de 23% des suffrages a gagné cinq points depuis les élections professionnelles et a ainsi renvoyé la CGT en deuxième position...

Le syndicat ne s’est pas arrêté en si bon chemin, nous avons enregistré 850 cartes placées l’an dernier se réjouissait le militant pestant par ailleurs, comme d’autres, contre la loi de représentativité de 2008 et les ordonnances Travail, contestant notamment règle limitant à trois le nombre de mandat de délégué syndical.

S’élevant lui entre autres contre la réforme des IRP, la fusion des CE dans les nouvelles structures CSE et la suppression des CHSCT, Jean-Marc Delpy (Nutrition Santé couvrant des marques telle Gerblé, Gerlinéa...) annonçait le poids de FO dans le groupe : premier avec 61% des voix au siège et 51% sur le reste du groupe. Chez Lactalis (15 000 salariés) qui compte 22 syndicats FO en France, la FGTA a créé douze nouvelles implantations et a  multiplié par deux sa représentativité, passant de la quatrième à la deuxième place syndicale indiquait Alain Wanègue, coordonnateur FO chez Lactalis depuis quatre ans.

S’adressant aux congressistes, le secrétaire général de la Confédération, Frédéric Souillot, rappelant la demande de FO, transmise de nouveau, récemment, au Président de la République, d’un Smic à 1 500 euros et par ailleurs la nécessité, rappelée aussi au patronat, de redonner toute sa place à la négociation collective annonçait concernant la limitation actuelle à trois mandats, qu’il  devrait y avoir bientôt un décret qui annule cette partie de l’ordonnance concernant les IRP. Par ailleurs indiquait-il la remise en place des CHSCT devrait faire l’objet de discussion avec les interlocuteurs sociaux.

Former, informer, conseiller, communiquer : l’autre nerf de la guerre...

Les bons résultats de la fédération lors des élections et le développement de ses plantations, ne sont pas arrivés par hasard. Ainsi, expliquait Dejan Terglav, déroulant le rapport d’activité de la FGTA-FO (voté à l’unanimité, le rapport de Trésorerie à l’unanimité moins une abstention), a renforcé ces dernières années sa communication et sa présence sur les réseaux sociaux. Elle a développé aussi son site en ligne. La fédération dispose par ailleurs d’un service juridique qui conseille, apporte son soutien et effectue une veille importante. Réactive face aux demandes des syndicats, la FGTA leur fournit des tracts (1 800 édités en quatre ans) ou encore met un point d’honneur à répondre rapidement à leurs besoins,  au maximum en 48 heures.

La fédération c’est avant tout une équipe et elle est à votre service lançait de son côté aux délégués en fin de congrès le nouveau secrétaire général élu, Laurent Rescanières. Le nouveau cycle d’élections aux CSE mobilise ainsi déjà particulièrement la fédération qui va par ailleurs mettre en place un pôle de travail pour préparer les prochaines élections aux chambres d’agriculture et a décidé de créer par ailleurs encore un Pôle dédié aux TPE.

Déjà, en amont des élections de 2021 dans les TPE, elle avait créé en 2019, la plateforme « Avantages », sorte de CE virtuel —et outil de syndicalisation essentiel note la FGTA— En matière de formation, la fédération s’est dotée aussi de moyens. L’INACS (institut national de l’Alimentation, des Commerces et des services) émanation de la FGTA-FO, permet de former en interne et non plus comme avant parfois dans des officines privées qui affichaient une philosophie parfois problématique pour des salariés, lesquels pouvaient se retrouver en formation avec des employeurs, indiquait Dejan Terglav.

L’INACS, qui en 2021 a réalisé 198 cessions de formation et accueilli 2142 stagiaires, est qualifié aussi pour effectuer des bilans de compétences. La formation de nos élus est aussi le nerf de la guerre. Des livrets d’information sur les droits sont aussi édités par la fédération, ainsi les 1 000 guides de 20 pages distribués aux salariés du secteur RAGT (transformation du grain), branche où FO affiche une audience de 44% indiquait Gilles Seyries.

Pendant la pandémie,  vous avez été les salariés qui ont fait tourner la France 

Tout au long de ce congrès, au-delà des spécificités propres à chaque secteur professionnel, les points communs ressortiront de manière évidente à commencer par celui de l’insatisfaction salariale. Au fil de plus d’une quarantaine d’interventions à la tribune, les délégués évoqueront en effet largement les difficultés des salariés, cherchant à échapper à la Smicardisation des salaires alors que les actionnaires des entreprises sont grassement rémunérés, devant lutter contre la précarisation des contrats, les plans de suppressions d’emplois/PSE, les risques que représentent les cessions de sociétés, devant batailler aussi pour obtenir des formations qualifiantes, pour de meilleurs conditions de travail afin d’améliorer la santé et la sécurité au travail...

Et c’est sans parler de la période de pandémie qui a marqué la FGTA dans la dernière mandature. Dejan Terglav saluait d’ailleurs l’investissement personnel incroyable des délégués pendant la crise, leur action sans relâche pour obtenir du gel, des masques pour protéger les salariés, exposés au virus dans les entreprises. Et le militant de rappeler par exemple qu’au début de la pandémie, les salariés des caisses dans la grande distribution ne disposaient pas « plexiglas », ces vitres les isolant du public.

S’adressant à tous les salariés en lien avec le secteur de l’alimentaire, il martelait : les gens ont vite oublié mais vous avez été les salariés qui ont fait tourner la France ! S’il y avait eu une pénurie concernant l’alimentaire... cela aurait été une catastrophe et l’exécutif d’ailleurs le redoutait.

Et que dire d’autres salariés, les assistantes maternelles par exemple... Au nom du syndicat FO des Assmat, Véronique Delaitre, notant que la page facebook du syndicat comptait aujourd’hui 28 665 abonnés contre 1 676 avant la crise Covid... rappelait la demande de soutien exprimée par ces salariées qui exigent toujours d’être considérées comme les autres, et d’autant, précisait-elle,  que leurs employeurs, les parents d’enfants en bas âge, sont souvent aussi eux même des salariés.

Pendant la crise covid, les Assmat ont payé un lourd tribut. Elles n’avaient pas de protection. Le gouvernement a décidé de fermer (de suspendre l’activité de ce métier pour cause de covid, Ndlr)... puis finalement non, car sinon les salariés, les parents employeurs, n’auraient pas pu aller travailler. Donc, on a laissé ouvert et les Assmat ont gardé jusqu’à six enfants en même temps !. Avec tous les risques que cela signifiait pour la santé de ces assistantes maternelles.

Emplois, salaires, conditions de travail : les priorités

Tous ces salariés et la plupart aux métiers durs et mal payés, que l’on a appelé ceux de la deuxième ligne, ont pris chaque jour des risques en allant travailler et rarement avec une reconnaissance par des hausses de salaires. Ce qui explique, qu’y compris au cœur de la crise,  les salaires sont restés notre priorité a souligné le secrétaire général sortant, notant par ailleurs que les délégués ont réussi à négocier de bons accords sur le télétravail pendant la pandémie. Rappelant aussi que la question des conditions de travail qui se sont dégradées, sont la deuxième cause de grèves après les salaires, dans les branches que couvre la fédération.

Dans une motion adoptée à l’unanimité, le congrès a apporté son soutien à un militant Laurent Cassat, délégué syndical du SPA marin du Val-André dans les Côtes d’Armor  mis à pied à titre conservatoire par son employeur, à la suite du dépôt de plusieurs procédures d’entrave. Son employeur semble le juger trop virulent, s’indignait le congrès. Le 22 juin, le syndicat FO du centre a organisé un rassemblement sur les lieux pour demander sa réintégration.

Location-gérance : créer le rapport de force pour défendre les acquis sociaux dans les magasins

La dégradation de conditions de travail et le transfert de contrats de travail vers une autre entité d’entreprises, les salariés pris dans les affres de la mise en location-gérance (LG) des magasins de l’enseigne Carrefour connaissent que trop bien. Sandrine Pasteur, du Carrefour Chalon Nord, sous LG depuis 2019, pointait le sort réservé aux salariés jetés en pâture dans le cadre du changement de statut de ces magasins sortant de l’intégration à la marque. Un changement qui pour les salariés induit une perte d’acquis sociaux après quinze mois de LG.

La nécessité de créer un rapport de force, face aux repreneurs, dans ces nouvelles entités commerciales a d’ailleurs conduit à la mise en place en mai 2021 d’une structure syndicale FO fédérant les salariés relevant de ces locations gérances (LG).

En 2019, lors du passage du magasin en LG, Je me suis retrouvée à soutenir 120 salariés, en larmes, trahis (par leur employeurs, Ndlr) certains après 30 ans d’ancienneté. On s’est battu, on a fait un débrayage. Massivement suivi, 98 salariés y ont participé, indiquait Isabelle Sabard. Alors que l’assemblée générale du syndicat FO  LG et franchisés Carrefour aura lieu en novembre, sa secrétaire générale rappelait l’existence d’outils d’informations en ligne créé par le syndicat et faisait le point : 22 magasins ont basculé, et sont au-delà des 15 mois (de LG, Ndlr) et 26 magasins y sont encore. Autant dire que le rapport de force est nécessaire pour défendre des salariés en voie de perdre des droits. Au-delà de ce seuil de quinze mois.

FO qui a créé des journées d’information sur la convention collective de branche ou encore créé trois des modules de formation est présente dans trente magasins sous LG et est majoritaire dans seize d’entre eux. Au total, une audience de 31,89% bien utile...  Il y a plus d’entretiens disciplinaires en LG qu’en magasins intégrés ! fulminait la militante, mettant ainsi en lumière la dureté du management et les difficultés des salariés.

Plan Proxima : une mauvaise étoile pour les salariés

Dans une autre enseigne de la grande distribution, chez Auchan, les conditions de travail sont aussi dégradées et la crainte de passage de magasins en location-gérance est grande. Véronique Buisine déléguée à Cambrai pointait les conditions de travail de salariés qui se doivent d’être multi-compétents, qui ne reçoivent aucune reconnaissance financière, qui subissent une maltraitance au travail... Ce n’est pas un monde de bisnounours dans ces magasins de plus en plus ouverts 7jours sur 7, qui suppriment des postes et exigent une main d’œuvre flexible.

Chez Picard, affichée comme  l’entreprise préférée des français sourit la déléguée FO, Elisabeth Jousselin, l’arrière-boutique est moins glorieuse. Depuis l’arrivée d’une nouvelle direction en 2020, la politique sociale est bousculée, le dialogue social se durcit indique-t-elle et quelque 6 000 salariés sont en pleine incertitude. Dans cette enseigne dotée de magasins en propre mais aussi de plus en plus sous franchise, les démissions et le turn over augmentent à vue d’œil. La direction a toutefois lancé, sans rire, son projet : Proxima (sous-entendu du Centaure, étoile la plus proche de la terre).

Il consiste à ce que le chiffre d’affaires atteigne deux milliards d’euros le plus vite possible indique la militante dont le syndicat, majoritaire pour la troisième fois recueille 56,13% d’audience. Pour son objectif, la direction a son système : les frais de personnel doivent respecter un ratio de 10% maximum du chiffre d’affaires. Ce n’est déjà pas beaucoup mais après vérification, j’ai constaté que ce ratio est actuellement à 6%... fulminait Elisabeth Jousselin. Alors que 300 millions d’euros de dividendes ont été versés l’an dernier aux actionnaires indique-t-elle, les augmentations salariales obtenues l’an dernier lors des NAO étaient de 1,1% et cette année de 2,8%.  Le niveau 2 de la grille est à 3 euros seulement au-dessus du Smic.

La grève, on sait faire quand c’est nécessaire !

Si la question salariale est toujours en tête de liste du mécontentement, ce n’est pas par hasard. En amont de la crise, il y a eu quatre années d’immobilisme salarial auparavant et c’est une honte ! rappelait Déjà Terglav. Et de citer la branche de la coiffure où FO a dû batailler ferme avant d’accepter de signer l’accord sur la grille de salaires. Maria Ribeiro, coiffeuse depuis 30 ans, élue CSE depuis 2020 et donc c’était, elle aussi, le premier congrès, confirmera.

Dans ce secteur (services-coiffure et esthétique) aux conditions  difficiles et stressantes, FO affiche une représentativité leader avec 40% des voix, l’accord salarial signé en février 2022 (le précédent datait de 2018) a permis entre autres de faire respecter les diplômes, l’expérience et les compétences de chacun. Ce fut un combat de quatre ans pour faire évoluer le pouvoir d’achat des salariés de la coiffure. La branche professionnelle partait de tellement loin !. FO, qui continue de lutter pour l’attractivité salariale du métier, a demandé la réouverture de négociations salariales en mai, revendiquant aussi notamment un 13e mois et un panier repas, rappelait Maria Ribeiro.

Face à l’entêtement du patronat à ne rien lâcher, la FGTA-FO a aussi soutenu moult grèves dans « beaucoup » d’entreprises. On sait faire quand c’est nécessaire ! lançait avec humour Déjà Terglav citant le conflit de trois semaines cet hiver au sein de la marque de foie gras Labeyrie. Et si par ces grèves ou par des négociations, et parfois les deux, des augmentations de salaires ont été obtenues, mais elles ont vu depuis leurs effets balayés par l’inflation en forte hausse soulignait-il. Dans différents secteurs, nous avions obtenu des augmentations de salaires, de 2% à 3,5% mais, face à l’inflation tout est à recommencer !

Un patronat qui n’a pas tiré les enseignements de la crise

Lyes Abdi, autre jeune délégué et secrétaire général de FO-Mc Donald’s, secteur où FO affiche des scores de 45%, voire 51,5% dans des filiales de la région parisienne, soulignait une attitude du patronat qui n’a pas tiré les enseignements de la crise sanitaire laquelle a montré les failles d’une économie qui a oublié l’humain et entre autres dans nos métiers particulièrement durs.

Grâce à l’action de FO dans le secteur de la restauration rapide (FO affiche une audience de 34%), et notamment dans le cadre de sa présidence de la CPPNI, des avancées ont été obtenues, Mesures sur les minima, sur la classification des postes, mesures salariales aussi sur l’ancienneté, la majoration des heures de nuit... la FGTA qui avait refusé de signer l’accord APLD pour notamment ses insuffisances de garanties, a bataillé pour décrocher de vrais droits, entre autres concernant le temps partiel ou encore sur le principe d’une prime Covid de 500 euros pour les salariés ayant été au chômage partiel pendant le premier confinement.

Alors que la lutte s’est portée aussi sur l’obtention de deux week-end libre par mois chez Mc Do, les salariés de la restauration rapide ont obtenu une hausse de 4% appliquée à la grille des salaires. Mais soulignait le jeune délégué saluant par ailleurs l’accord, en 2019, portant sur  le risque lourd, l’invalidité, enfin couvert !, nous avons demandé dernièrement et  officiellement la réouverture de négociations sur les salaires.

Précarité : Souvent le seul repas que prennent ces salariés dans leur journée, c’est dans l’entreprise

Chez SNS-FO Sodexo, les salaires occupent aussi le devant de la scène et après  le plus gros PSE de la profession annoncé en 2020 soulignait Éric Villecroze rappelant « la belle victoire » syndicale : de 2 280 emplois impactés, le PSE a été ramené à 487 licenciements. Et dans ce groupe de restauration collective, où 80% des salariés représentent une famille monoparentale, il y a nombre de contrats à temps partiels et les salaires sont faibles, pour certains salariés 800 à 900 euros par mois indiquait le militant, résumant la situation de pauvreté : souvent le seul repas que prennent ces salariés dans leur journée, c’est dans l’entreprise. Et le soir un simple café au lait chez eux. Alors ayez du respect pour eux.

Dans le groupe hôtelier Accor indiquait de son côté Gilles d’Arondel soulignant les dernières années difficiles dans le secteur HCR par la crise Covid, la direction a envisagé un PSE sur 1 800 postes en Europe dont 800 en France. Par notre mobilisation, on a réduit l’impact de ce PSE à 500 salariés et obtenu de très bonnes conditions de départs volontaires. On a limité la casse ! insistait le militant revenant sur ce qu’a montré la crise malgré la mise en place de l’APLD (l’activité partielle de longue durée avec une prise en charge d’une grande partie du salaire par l’État et l’Unedic) : des salariés fragilisés, dans leurs emplois et leurs salaires.

 Nous méritons une vraie reconnaissance et une valorisation de nos métiers

Autre jeune déléguée, Aïda Diakhaté dont c’était la première intervention devant un congrès fédérale FO. Elle prenait la parole au nom du syndicat créé en 2019, le SNFO-Esap, syndicat des entreprises des services à la personnes (du jardinage à l’aide des personnes en situation de handicap en passant par l’informatique, la garde d’enfants, l’aide à domicile...), secteur qui compte 190 000 salariés répartis en 26 métiers. Nous méritons une vraie reconnaissance et une valorisation de nos métiers appuyait la militante, saluant le travail effectué par FO pour faire évoluer une convention collective qui encore en 2012 était « désuète ».

Illustration d’attitudes patronales cyniques, la déléguée disait sa « consternation », ayant appris la veille que deux organisations patronales du secteur sur quatre venaient de faire opposition à un accord sur les salaires (ainsi que sur l’amélioration des frais kilométriques et de la prime d’ancienneté) signé, notamment par FO en 2022.

L’urgence de rouvrir des négociations salariales

Pour le syndicat FO U-Logistique (créé en avril 2016 et regroupant toute la logistique des magasins U), entreprise comptant 24 établissement, trois entrepôts et au total 6 000 salariés, Xavier Suzanne évoquait le long parcours pour les hausses de salaires. Parcours semé d’embuches. En 2021, au lendemain de la crise covid au cours de laquelle les magasins n’avaient pas connu depuis des années une telle augmentation de leur chiffre d’affaires et de leur marge rappelait le militant, la direction a proposé une hausse ridicule des salaires, soit 0,5%.

FO (affichant 27% de représentativité et majoritaire avec plus de 50% des suffrages sur cinq sites) a alors appelé à un débrayage. Une démonstration de force puisque l’on comptait en moyenne 70% de grévistes, et même 90% là où FO est majoritaire indiquait Xavier Suzanne.

En réponse, la direction a proposé une augmentation de... 1%. FO et les autres syndicats ont refusé de signer l’accord salarial 2021. Par une décision unilatérale, la direction a appliqué la hausse de 1%. Dès la fin de l’année dernière, face à une inflation déjà en forte hausse, FO a demandé la réouverture de négociations salariales, la direction a refusé, prétextant attendre les chiffres de janvier 2022.

Craignant une nouvelle mobilisation à la veille des fêtes de fin d’année source en général d’un important chiffre d’affaires, elle a décidé de verser une prime de pouvoir d’achat (prime PEPA, défiscalisée et exonérée des cotisation sociale) de 500 euros au 1er décembre. Alors que la NAO s’est tenue en janvier 2022 sur fond d’inflation à 2,8%, FO demandait une hausse des salaires de 5%, la direction n’a proposé que 2,4% à la première réunion puis, à la deuxième, 3,5%. FO a accepté mais en négociant aussi l’octroi, après quatre années de bataille, d’une compensation de 40 euros par mois pour chacun des 500 salariés travaillant tous les samedis.

Le dynamisme et les résultats du syndicat se remarquent. Des salariés auparavant affiliés à la CFTC ont rejoint FO sur le site de Fontenay-le-Comte. D’autres du syndicat Sud, ont fait de même sur un autre site annonçait Xavier Suzanne...
Des dividendes pour les actionnaires, des miettes pour les salariés

Autre entreprise mais même nécessité d’un rapport de force qui lorsqu’il s’exprime, marque des points. Ainsi chez Place du Marché-Toupargel (n°1 de la vente de surgelé à domicile), où en 2019, les salariés ont subi des licenciements impactant 150 emplois sur fond de rachat et de réactionnariats, FO est devenu majoritaire au CSE avec 49% des voix indiquait Frédéric Coat.

Ce poids important a permis d’obtenir en 2020 pour les salariés des secteurs du commercial et de la logistique une hausse du minimum conventionnel, ce qui représente pour tous une hausse représentant 10% sur le salaire de base,  c’est le minimum que l’on demandait depuis des années soulignait le militant rappelant les résultats faramineux de l’entreprise pendant le premier confinement, ce qui l’avait même conduit à accorder une prime de 300 euros par semaine aux salariés présents au travail !, pendant ce confinement.

Mais, avec de nouveaux dirigeants à sa tête et les résultats retombant, la direction a informé d’un possible PSE portant sur 150 emplois. Il a fallu toute la ténacité de FO et notamment de la secrétaire fédérale Patricia Drevon (désormais secrétaire confédérale) pour faire capoter ce PSE rappelait Frédéric Coat, déplorant que les NAO 2021 se soient mal passées. C’est peu dire, la direction n’a proposé aucune hausse de salaires, les revendications n’ont pas été prises en comptes... FO a décidé de signer un PV de désaccord.

L’écœurement vis-à-vis de l’attitude patronale était palpable aussi chez le mayennais Cyriaque Maillard, FO Socopa/groupe Bigard à Evron où FO est repassé majoritaire devant la CGT.  Si, entre 2017 et 2020, notre patron est passé, au plan de sa fortune, de la 154è à la 157è place à l’échelon de la France, rassurez-vous, il est parti d’une fortune estimée à 550 millions d’euros pour une estimée à 650 millions d’euros ! ironisait le militant.

Mais si tout va pour le mieux pour ce patron soulignait-il, pour les salariés de cet abattoir qui lui permettent de faire fructifier sa fortune ce n’est pas le cas. Pour ces quatre années,  il nous a accordés 60 euros, et en deux fois et a refusé de rouvrir des négociations salariales malgré le niveau d’inflation. Autre aspect de l’écœurement, en quatre ans à Evron, il y a eu plus de 100 millions d’investissements mais 50 postes de supprimés. Et en 2021, on compte 40 accidents du travail et une vingtaine de maladies professionnelles listait Cyriaque Maillard pointant une direction très dure et qui, via son service RH, n’hésite pas à  harceler les salariés lorsqu’ils sont en arrêt.

Tous les gens ont été en première ligne ! 

On n’a jamais connu le confinement, travaillant d’arrache-pied pour nourrir la France lançait de son côté Dominique Douin (FO groupe Bigard, 15 000 salariés sur 60 sites). Tous les gens ont été en première ligne, comme les personnels dans les hostos ! Après deux années compliquées, il faudrait désormais accepter une retraite à 65 ans ? Pour le militant, il n’en est pas question. Les salariés sont suffisamment usés comme ça, ils peuvent prétendre à une retraite digne ! Ou alors il faut mettre des cimetières à la sortie des usines !.

Si note-il encore, la convention collective du secteur a été « toilettée » en 2018,  il a fallu deux ans avant qu’elle ne soit étendue et notamment que soient actées les indemnités de départ en retraite. Côté rémunérations, on a réussi à instaurer une prime transport et ça a été une bataille ! et sur le salaire on essaye d’avancer petit à petit, au premier échelon de la grille, le premier niveau est à 50 euros au-dessus du Smic et le deuxième à 80 euros au-dessus.

Conditions de travail extrêmement dures et méthodes contraignantes aussi au sein de l’entreprise de charcuterie industrielle Bernard Jean Floch fulminait Jérôme Desmares du Morbihan fustigeant par ailleurs  des augmentations de salaires pas à la hauteur alors que des millions d’euros tombent dans les poches de nos dirigeants.

Des métiers très durs et aux salaires peu attractifs

Sur le site ayant un abattoir, on a dû se battre pendant la covid pour préserver notre dignité, pour ne pas ramener, les odeurs d’excréments et les taches de sang en revenant chez nous. L’employeur avait décidé de fermer les douches alors que les salariés travaillaient les uns à côté des autres sur la chaîne d’abattage !. Et le militant de citer un autre exemple qui en dit long sur les relations employeurs/salariés. Récemment la direction a forcé une jeune femme à venir travailler, alors qu’elle n’était pas volontaire et avait un problème de garde d’enfant. Ce dernier, âgé de six ans, a passé six heures, dans le bureau du responsable, au milieu de l’usine ! Et Jérôme Desmares de dénoncer de la part de la direction une « condescendance » qui a viré au « mépris ».

Stéphane Riffault, délégué FO chez Herta soulignait lui aussi le caractère « dur » des métiers, et d’autant plus quand on prend de l’âge.  A 58 ans, c’est difficile !, insistait-il pointant l’attitude de l’employeur. Aujourd’hui il refuse de reclasser des salariés dans d’autres postes. Certains dans ateliers perdent leur travail. On parvient à en reclasser environ 10%, avec des restrictions sur les postes. Il faut un véritable dialogue avec la médecine du travail. Et remettre de l’attractivité salariale dans ces métiers relevait pour sa part Lionel Duzer (FO Euralis/foie gras). Ainsi le groupe recherche 450 salariés en CDD pour cet été. Et par ailleurs 600 salariés sont collés à la grille, comprenez à des salaires ne décollant pas des minima. Cela n’étonnera personne, la FGTA-FO porte haut la revendication confédérale d’une hausse des salaires...

Valérie Forgeront Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération