Signe de la détermination des agents de la DGFIP et de leur mécontentement qui va d’ailleurs crescendo au sein de l’administration des finances publiques, la mobilisation de ce 14 novembre à Paris a été encore plus massive que lors de la dernière grève (plus de 70% de grévistes sur certains sites) et manifestation nationale le 16 septembre dernier. Rien d’étonnant à cela, car le gouvernement n’a toujours pas su répondre aux revendications de ces fonctionnaires. Bien au contraire.
Ainsi, les fonctionnaires de la DGFIP fustigent les suppressions d’emplois chroniques. Après 40 000 emplois perdus en moins de vingt ans dans les ministères économiques et financiers, le gouvernement prévoit en effet d’en supprimer encore 5 800 entre 2020 et 2022 dont 4 900 à la DGFIP.
Les agents des finances publiques s’élèvent plus largement contre les multiples réformes qui depuis des années – par des fusions/restructurations de services et autres mutualisations de moyens – ont désorganisé leur travail en compliquant leurs missions, en alourdissant leur charge de travail et en dégradant fortement leurs conditions de travail. Bilan : toujours moins nombreux ils sont désormais contraints d’assurer leurs missions publiques auprès des usagers en travaillant au sein de services rendus exsangues.
Pour le maintien de services de pleine compétence
Pour les agents de la DGFIP (104 000 fonctionnaires) inscrits depuis mars dernier dans ce mouvement de contestation (grèves, occupations de locaux, rassemblements, assemblées générales…), il faut d’urgence retrouver le sens des missions de la DGFiP et consolider son périmètre de missions
. Le nouveau credo du tout internet couplé à celui, récurrent année après année, de la réduction de la dépense publique ont conduit à l’externalisation voire à la privatisation de missions (telle celle du paiement en espèces des créances des particuliers dévolue désormais aux buralistes). Or insistent les cinq syndicats dont FO-DGFIP la nécessaire consolidation du périmètre de missions des finances publiques doit passer par des moyens humains, budgétaires, juridiques et matériels à la hauteur
.
Le gouvernement s’entête pour l’instant à jouer la sourde oreille. Ainsi, le plan de Gérald Darmanin, ministre de l’Action et des comptes publics, consiste à une restructuration du réseau de proximité comprenant la suppression d’un millier d’implantations (trésoreries et perceptions) sur quelque 1 600. Ces implantations, argue le ministère, seraient remplacées par d’autres structures et au final la présence de la DGFIP sur le territoire serait améliorée.
Faux répondent les agents s’élevant contre la mise en œuvre de « points d’accueil de proximité » n’étant en fait que des ersatz en lieu et place des anciens services. Dans la plupart des cas en effet, ces points d’accueil se limiteraient à un accueil rudimentaire, sur le mode de la présence ponctuelle d’un agent contraint à l’itinérance.
Or insistent les syndicats dont FO-DGFIP il est au contraire indispensable de maintenir un service public technicien et de proximité, ce qui suppose de maintenir et de renforcer les services de la DGFIP, pérennes et de pleine compétence, assurant une véritable couverture territoriale
. Alors que le gouvernement prétend améliorer le maillage territorial des services publics de la DGFIP, les syndicats pointent donc le « leurre » que constitue le plan.
Le mépris, ça suffit !
C’est hallucinant,
. FO-DGFIP a pointé le 7 novembre lors de son conseil syndical un dialogue social au point mort
avec l’administration et pire
, les pressions exercées sur des cadres et agents afin de les contraindre à accepter la réforme et à la vendre aux élus locaux et aux usagers
.
Le syndicat demande ainsi comme les quatre autres dans l’action : une véritable reconnaissance de la nécessité et de l’utilité du service public, du rôle et du statut de fonctionnaire
. Cette exigence de reconnaissance comprend la revendication d’une rémunération non individualisée, des perspectives de déroulé de carrière et de promotion, une revalorisation de la valeur du point d’indice et du régime indemnitaire…
.
Mais alors qu’en moins de deux mois, des milliers d’agents sont descendus dans la rue pour exiger notamment le retrait du plan Darmanin, l’administration de la DGFIP semble toujours faire fi de ce large mécontentement. Les orientations stratégiques du directeur Général confirment son obstination dans la poursuite des contre-réformes. Les personnels expriment pourtant de manière récurrente leur malaise et leur lassitude face à l’insécurité sociale permanente dans laquelle les pouvoirs publics les plongent depuis trop longtemps. Le directeur général prétend, quant à lui, que leur ressenti réside dans un défaut d’explication, et donc de compréhension des enjeux
constatent les cinq syndicats. Ils résument, incisifs : le mépris, ça suffit !