Flunch : FO dénonce des fermetures inadmissibles

InFO militante par Clarisse Josselin, L’inFO militante

Pascal SITTLER/REA

Trente-neuf des cinquante-sept restaurants Flunch (groupe Mulliez) visés par un récent PSE vont fermer définitivement. Plusieurs centaines de salariés sont concernés. Les 18 autres établissements bénéficient d’un sursis de quelques mois en vue d’une éventuelle cession. Pour le syndicat FO, les salariés payent le manque de vision stratégique de la maison mère qui a privilégié le versement de dividendes aux investissements.

On a le sentiment d’avoir été dépouillés, si 134 millions d’euros de dividendes n’avaient pas été versés au groupe Agapes, il n’y aurait pas eu toutes ces fermetures de restaurants, pointe Nicolas Millard, délégué syndical central FO chez Flunch. Mi-juin, un PSE portant sur 57 des 166 établissements détenus en propre par l’enseigne et un tiers des effectifs du siège a été entériné. Il menace 1244 emplois sur un effectif total de 4893. Un courrier interne émanant de la maison mère, le groupe Agapes, et daté du 2 juillet, acte d’ores et déjà la fermeture définitive de 39 de ces établissements qui ne rouvriront pas. Plusieurs centaines d’emplois sont impactés. Les lettres de licenciement seront envoyées à partir du 16 août. D’ici là, les salariés bénéficieront du maintien de leur salaire net.

Les 18 autres restaurants visés par le plan social bénéficient d’un sursis jusqu’à fin décembre en vue d’une éventuelle cession. Six d’entre eux pourraient être placés sous franchise Flunch. Les 12 autres pourraient être vendus à une autre enseigne du secteur.

Quasi-doublement de l’indemnité de licenciement

L’enseigne de restauration avait été placée en procédure de sauvegarde le 29 janvier. Dans les mois qui ont suivi, les salariés se sont fortement mobilisés à l’appel d’une intersyndicale. La priorité pour FO était d’éviter les licenciements secs, de limiter le nombre de restaurants et d’emplois concernés et d’obtenir les mesures d’accompagnement les plus favorables pour les salariés.

FO souhaitait aussi que l’appartenance de Flunch à la galaxie Mulliez soit reconnue pour élargir les possibilités de reclassement en interne. Contrairement à Alinéa ou Happychic, nous ne sommes pas parvenus à faire reconnaître cette appartenance, notre recours au tribunal a échoué, regrette Nicolas Millard. En revanche, les syndicats ont obtenu des possibilités de reclassement interne au sein du groupe Agapes (Les 3 brasseurs, Pizza Paï, Salade & co…) et de meilleures conditions de départ qu’initialement prévu. Nous avons aussi réussi à revaloriser l’indemnité de licenciement qui a quasiment doublé, souligne Nicolas Millard.

Pour FO, ce PSE reste inadmissible. D’une part, la direction n’a rien fait pour améliorer l’image de l’enseigne, aujourd’hui désuète. Depuis dix ans que je siège en CSE central, à chaque consultation des IRP sur la stratégie de l’entreprise, nous demandons une modernisation du concept de cafétéria et une rénovation des restaurants, ajoute le délégué FO. Et les experts ont fait remonter les mêmes observations à plusieurs reprises.

Un accord APLD en négociation

D’autre part, plutôt que d’investir pour transformer le modèle économique et commercial, la direction a privilégié les remontées de dividendes à la maison-mère. En 2017, la trésorerie de Flunch était de 128 millions d’euros pour finir en 2019 à 29 millions à cause d’une distribution massive de dividendes de 134 millions d’euros , rappelle le syndicat dans un tract. La direction nous a dit que ces millions avaient été remontés pour bénéficier à d’autres enseignes du groupe Agapes, mais c’est une telle nébuleuse dans les montages financiers que nous n’avons aucun moyen de vérifier , poursuit Nicolas Millard.

Le militant est d’autant plus remonté que l’encre de l’accord sur le PSE était à peine sèche que la direction a engagé le 28 juin la négociation d’un accord d’activité partielle de longue durée (APLD). Il y a un an, la direction avait refusé de négocier un APLD, dénonce-t-il. Maintenant que le PSE est fait, elle veut anticiper le prochain variant et profiter des aides publiques. C’est culotté.

Clarisse Josselin Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération