Inspirés par le passage de la flamme olympique sur leur territoire, les militants FO Santé d’Occitanie ont décidé d’organiser un relai de la flamme syndicale
entre différents établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) publics, afin de dénoncer le manque criant de moyens. La première étape se déroule actuellement dans le département de l’Aude. L’opération a démarré le 19 mars devant l’hôpital de Lézignan-Corbières et s’achèvera le 28 juin à Carcassonne, à l’Ehpad Les rives d’Ode. Pour les personnels des Ehpad, les JO ce n’est pas une fois tous les quatre ans mais tous les jours. Ils courent au sens propre du terme comme au figuré, en courant après le temps. Et aujourd’hui, la coupe est plus que pleine, elle déborde
, explique Yannick Bonnafous, secrétaire général du groupement départemental FO Santé et secrétaire adjoint de l’UD de l’Aude.
A l’origine, l’idée était de rallier à pied les quinze Ehpad hospitaliers du département. Mais parcourir ces quelques 500 kilomètres aurait demandé beaucoup de temps. Le choix a donc été fait d’organiser un rassemblement devant onze établissements, les plus accessibles, en conviant les personnels, les résidents et leurs familles ainsi que les élus locaux à y participer.
A chaque étape, les militants font connaître les revendications de FO. Nous voulons dénoncer et mettre en lumière un système de santé et de prise en charge de nos aînés qui s’est détérioré depuis plus de 30 ans sans faire de bruit
, a expliqué au micro Claudine Heyer, déléguée FO à l’Ehpad Las Fountetos de Saissac, où la flamme a fait étape le 16 mai. La militante a notamment pointé le manque de ressources financières qui entraîne un manque de personnels. La surcharge de travail fait vivre aux agents une situation de ras-le-bol, de mal-être, de souffrance morale et physique
et ne leur permet pas de fournir des soins de qualité ni d’assurer des égards personnalisés aux résidents
.
FO revendique un soignant pour un résident
Une situation qui, du côté des résidents, entraîne une augmentation des risques d’isolement, d’anxiété et de dépression, tandis que chez les agents, les arrêts maladie, les burn-out et les démissions se multiplient. Que l’appel au secours des agents soit entendu et pris en sérieux pour l’instauration de ressources adéquates
, a-t-elle lancé, regrettant que la canicule, l’affaire Orpéa, la crise du Covid-19
n’aient pas servi de leçon.
La fédération FO Santé revendique au niveau national la création de 200 000 postes dans l’ensemble de la fonction publique hospitalière, pour simplement rattraper le retard
précise Yannick Bonnafous. Nous voulons que le ratio d’un soignant pour un résident, promis il y a 20 ans lors de la création de la Journée de solidarité, soit enfin atteint. Ce ratio était de 0.8 il y a quelques années. Aujourd’hui, nous sommes au mieux à 0.6, en prenant en compte non seulement les soignants mais tous les personnels, y compris en cuisine ou au secrétariat. Or si les 3 milliards d’euros que rapportent chaque année la Journée de solidarité étaient réellement mis au service des personnes âgées, nous aurions immédiatement 5 postes pérennes créés par Ehpad
, estime-t-il.
Citant des chiffres du ministère selon laquelle les résidents voient au mieux le personnel une heure par jour - ce qui signifie 23 heures d’isolement sur 24 - le militant appelle à remettre de l’humanité dans les Ehpad, où rien n’est fait pour développer la bientraitance
.
A chaque étape de la marche des Ehpad
, les élus sont invités à signer sur une grande banderole. Des cahiers de doléances sont également déposés dans les établissements, à disposition des usagers et de leurs familles. Le tout sera remis en préfecture. Et à la rentrée de septembre, le relai de la flamme devrait sillonner d’autres départements de la région, les Pyrénées-Orientales, le Gard et la Lozère.