Les fédérations FO Banques et Sociétés Financières et FO Organismes Agricoles Branche Crédit Agricole ont saisi la Fédération Bancaire Française (FBF) et les candidats à l’élection présidentielle des évolutions alarmantes de la profession bancaire.
En effet, la profession bancaire est, ces derniers mois, l’objet d’annonces régulières en matière de plans de restructurations touchant les réseaux d’agences. Un à un, les groupes bancaires français, Société Générale, BNPP, BPCE, LCL... annoncent leurs plans de développement du numérique et du digital
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Les justifications de ces restructurations sont toujours les mêmes :
Les clients n’iraient plus et ne voudraient plus de leur agence bancaire, ils voudraient du numérique et du digital !
Fortes de ce soi-disant constat, les banques françaises annoncent des milliers de fermetures d’agences :
- 200 pour BNPP ;
- 400 pour la Société Générale ;
- 400 pour BPCE ;
- 200 pour LCL ;
- ...
Aujourd’hui si le Crédit Agricole et le Crédit Mutuel, au travers de leurs caisses régionales, n’annoncent pas officiellement de fermetures massives, l’inquiétude est grande quant aux restructurations et réorganisations annoncées. En effet, sous couvert de « maillage », vocable utilisé par de nombreuses caisses régionales, celles-ci restructurent leur réseau en fermant des agences en territoire rural et en regroupant les effectifs sur des grosses agences.
Pire encore des dizaines de milliers de suppressions d’emplois à venir complètent les annonces de restructurations :
- 4 000 chez BPCE.
- Plus de 1 000 chez BNPP.
- 1 000 à la Société Générale.
- Plus de 500 à LCL.
- ...
Au Crédit Agricole, le digital devient prétexte au remplacement du conseil physique par des interlocuteurs physiquement non-présents et accessibles via écrans.
Les fédérations FO Banques et Sociétés Financières et FO Organismes Agricoles Branche Crédit Agricole disent non à cette mascarade et cette hypocrisie !
Oui les clients veulent du numérique et du digital, oui ils veulent accomplir certaines opérations sur leurs smartphones et leurs tablettes, mais ils ne veulent pas de fermetures d’agences et d’un conseiller financier qui serait virtuel. Toutes les études le prouvent, le premier critère dans le choix de leur banque est bien souvent la proximité. Un des principaux critères est également d’avoir un vrai conseiller dédié qu’ils connaissent.
Aujourd’hui, si les banques ferment des agences et détruisent des emplois, c’est pour augmenter encore et encore leurs bénéfices qui pourtant pour 2016 s’élèvent à plus de 20 milliards d’euros !
Si nous interpellons la FBF et les candidats à la présidentielle, c’est que nos deux fédérations FO pensent que nous sommes certainement à la veille d’une catastrophe sociale sans précédent dans notre profession et que l’impact serait fortement négatif sur l’économie locale de notre pays.
Avec une telle réduction des réseaux d’agences, qui financera l’économie locale ? Qui sera le plus à même d’aider et de financer au quotidien les projets des ménages, les projets des commerçants, des artisans, des PME ? Ce ne sont pas des plateformes téléphoniques ou des centres de décisions régionaux ou nationaux qui pourront avoir suffisamment de proximité pour comprendre et prendre en compte les particularités locales, pour déceler le potentiel de tel ou tel client, de tel ou tel artisan, de telle ou telle entreprise...
Les fédérations FO pensent que si la montée du numérique et du digital est inéluctable, elle n’oblige en rien à changer notre modèle de banque universelle profondément ancré sur une banque de réseau proche du client afin de financer l’économie réelle et de jouer son rôle de conseil.
Contrairement aux dirigeants de la finance qui souhaiteraient suivre des modèles « anglo-saxon ou allemand », nous pensons que le modèle « français » de banque universelle nous a permis de mieux passer l’écueil de la crise de 2007 et peut nous permettre de relancer l’économie de notre pays en maintenant l’emploi. Oui la profession et les salariés que nous défendons représentent plus de 400 000 emplois et qui, de par ses services, peut aider l’économie locale à relancer bien d’autres emplois et la consommation.
FO Banques et Sociétés Financières et Organismes Agricoles Branche Crédit Agricole proposent donc d’utiliser les milliards d’euros de bénéfices des banques et les milliards d’euros d’aides du CICE et du pacte de responsabilité pour :
- aider au maintien d’emplois dans les campagnes ;
- recréer des mesures de départs anticipés de type préretraites, afin d’accompagner la montée en puissance du numérique et du digital ;
- recréer des dispositifs de baisse du temps de travail aidé type De Robien ;
- compenser les départs en retraite aujourd’hui non remplacés ;
- des mesures d’aides financières aux salariés de mobilité géographique et fonctionnelle ;
- des formations/reconversions spécifiques dédiées aux salariés de notre profession.
Ces mesures devront être mises en œuvre et totalement prises en charge par les entreprises grâce aux bénéfices des banques et aux aides CICE et Pacte de responsabilité.
Pour être efficace et ne pas « sacrifier » les emplois et l’économie locale sur l’autel des dizaines de milliards d’euros de bénéfices rêvés par les dirigeants des banques, il est nécessaire d’interdire les licenciements dans une profession qui prospère et perçoit des aides de l’État.
Ainsi nous souhaitons ouvrir un débat et des travaux sur la défense de l’emploi des salariés de la profession bancaire et au maintien de conditions de travail descentes pour des salariés qui subissent une augmentation de leur charge de travail, des mutations géographiques et fonctionnelles forcées ou pire encore le retour du « chantage à l’emploi ».