Après le refus du gouvernement d’un retour de la publicité après 20 heures sur les chaînes publiques et d’une augmentation de la redevance audiovisuelle, Delphine Ernotte avait alerté mi-septembre sur une prévision de 50 millions d’euros de déficit en 2016 pour France Télévisions.
Le 19 octobre, les députés ont fait la moitié du chemin. Ils ont voté une hausse de la taxe sur les opérateurs télécoms, dont le produit est reversé à France Télévisions. Cela permettra d’augmenter les ressources du groupe de 25 millions d’euros.
Lors de son grand oral devant la commission des affaires culturelles de la chambre des députés, Delphine Ernotte a promis de trouver les 25 millions d’euros restants, pour atteindre un objectif de « déficit zéro en 2016 ».
Pour y parvenir, elle a évoqué des « réformes conjoncturelles » - aménagement des grilles, renégociation de certains contrats, augmentation de la multi-diffusion – sans toutefois en détailler la répartition. Pour augmenter les ressources, elle envisage une meilleure exploitation des droits des programmes ou le lancement d’une plateforme de vidéos à la demande.
Elle a aussi évoqué le lancement en septembre prochain d’une nouvelle chaîne tout-info numérique pour les supports mobiles, avant une éventuelle diffusion hertzienne. Le projet sera piloté en tandem avec Radio France.
Elle a toutefois prévenu que des réformes structurelles étaient « inéluctables », tout en reconnaissant que les économies visant les salariés avaient leur « limite ». « Il faut faire attention : on a enchaîné les plans de départ en retraite, on est aujourd’hui dans un plan de départs volontaires... a-t-elle averti. L’entreprise ne pourra pas être plus efficace et productive si on continue ».
« Les effectifs sont déjà à l’os »
Ce discours est plutôt rassurant pour Eric Vial, délégué central FO à France Télévisions. « Il n’y a pas de gras à France Télévisions, les effectifs sont déjà à l’os, on ne peut pas les réduire plus », alerte-t-il.
Il s’inquiète cependant des « nouveaux moyens d’organisations » évoqués par la présidente. « Elle estime que le passage à 13 régions, dans le cadre de la réforme territoriale, est une opportunité formidable, poursuit-il. Les réformes structurelles évoquées pourraient correspondre à la fusion des rédactions de France 3 en 13 pôles régionaux. Dans les journaux régionaux, on semble déjà préparer le public. En Alsace, des sujets passent sur Reims ou Nancy. Au bout du compte, les économies se feraient encore sur le dos des salariés. »
Pour FO, la création de la chaîne tout-info permettrait de « limiter la casse sur les emplois ».
Autre inquiétude, le Sénat a voté le 21 octobre une proposition de loi interdisant en 2018 la publicité lors des programmes pour enfants sur les chaînes publiques. « Cela supprimerait encore 15 millions d’euros, sans compensation financière précise », déplore Eric Vial.
Le syndicat revendique un modèle de financement pérenne pour France Télévisions, avec notamment un retour de la publicité après 20 heures et un élargissement de l’assiette de la redevance télévisuelle aux ordinateurs, tablettes ou téléphones portables.