Dans les quatre instituts nationaux des jeunes sourds (quatre INJS en France, dont un à Paris) et à l’Institut national des jeunes aveugles (un INJA à Paris), c’est l’inquiétude. La réforme, structurelle, viserait à rattacher ces cinq établissements spécialisés d’éducation, relevant de l’État et rattachés au ministère de la Solidarité et de la Santé, au versant hospitalier de la fonction publique, indique le SNPASS-FO, ultra majoritaire dans les INJ avec 21 sièges sur 32. Son secrétaire général, Juan Navarro, et Laure Beyret, enseignante à l’INJS de Paris et secrétaire générale adjointe du syndicat, sont à la manœuvre pour défendre ces établissements qui comptent au total un millier d’élèves et 914 agents dont 200 enseignants (effectif des fonctionnaires, hors contractuels). La confédération est en soutien. Le secrétaire général de FO, Frédéric Souillot, s’est ainsi rendu le 27 janvier à l’INJS de Paris et récemment, le 16 mai, à l’INJA.
Le refus d’une casse sur l’autel de la rentabilité
« Selon la réforme, les INJ deviendraient des établissements de soins. Donc ouverts y compris pendant les vacances », détaille Laure. « Les enseignants des INJ, relevant jusque-là d’un corps spécifique, seraient transférés au 1er janvier 2025 à l’Éducation nationale. Pour les enseignants, cela signerait la fin de l’accompagnement à la fois des élèves du primaire, du collège et du lycée. Et se posera le problème de leur mobilité. Quant aux éducateurs des INJ, ils seraient transférés à l’hospitalière », explique la militante. Le SNPASS-FO mène actuellement des recours devant le Conseil d’État concernant ces changements de statut. Plus largement, « il est à craindre que les établissements perdent de leur rayonnement et de leurs moyens. Que prime la quantité et non la qualité de l’accueil », explique Laure, redoutant la mise en place d’un « prix de journée dans les établissements, cela pour faire rentrer de l’argent via la Sécurité sociale ». Le SNPASS-FO refuse que les INJ soient « cassés » sur l’autel de la rentabilité. Il rappelle aussi que cette réforme est bien sûr en lien avec le plan d’école inclusive à tout prix (l’accueil en milieu scolaire classique de tous les enfants, quels que soient la nature et le degré de leur handicap), prôné par le gouvernement et contre lequel le SNPASSFO s’est mobilisé, en intersyndicale, depuis janvier. « Nous, nous défendons une solution adaptée pour les élèves et non du tout inclusif. »