C’est honteux et déplorable, il n’y a pas de respect du contrat et de la parole donnée, on nous a menti
, tempête Eric Vial, secrétaire général du syndicat FO Médias. Le 12 septembre, Le Monde révélait un plan d’économies de 80 millions d’euros pour l’audiovisuel public, dans le projet de loi de finances (PLF) 2018. Toutes les sociétés seraient appelées à participer à la maîtrise des dépenses publiques
voulue par le gouvernement : France Télévisions à hauteur de 50 millions d’euros, Radio France de 20 millions d’euros, Arte France de 5 millions d’euros et France Médias Monde (France 24 et RFI) de quelques millions d’euros.
La ministre de la Culture a confirmé à l’AFP, le 14 septembre, une baisse du budget de 36 millions d’euros par rapport à 2017. Le détail des économies demandées sera connue lors de la présentation du PLF fin septembre.
France TV a perdu près de 10 % de son personnel en sept ans
FO dénonce une remise en cause des contrats d’objectifs et de moyens (COM) conclus entre chaque groupe audiovisuel et le précédent gouvernement. Ces COM, qui encadrent les budgets des différentes entreprises pour une durée de cinq ans, prévoyaient une augmentation pour 2018. Compte tenu d’une situation très dégradée du budget de l’État, cette hausse n’est pas finançable
, a prévenu la ministre. Entre les augmentations initialement prévues pour 2018 et les économies confirmées par Françoise Nyssen, le manque à gagner pour l’audiovisuel pourrait atteindre les 80 millions d’euros annoncés par Le Monde. Dès l’annonce officielle de ces coupes budgétaires, nous mettrons en place le rapport de force avec le gouvernement
, prévient Eric Vial.
En raison des économies à venir, il craint de nouvelles coupes dans les effectifs. À France-Télévisions, le COM 2016-2020 prévoit déjà la suppression de 500 emplois en équivalent temps plein (ETP). À Radio France, qui porte sur 2015-2019, ce sont 270 ETP qui doivent disparaitre. Une baisse de 50 millions d’euros pour France Télévisions, ça représente 650 emplois en moins sur un total de 9500 salariés, et on pourrait nous les demander, explique Eric Vial. L’entreprise a déjà perdu près de 10 % de son personnel en sept ans, avec les deux plans de départs volontaires. Il faut toujours être plus efficients, être concurrentiel tout en faisant des efforts sur l’emploi. La construction de franceinfo n’a rien coûté. Maintenant ça suffit, on arrive au taquet, les salariés sont sur les genoux.
Les locales de France 3 disparaissent
Trouver un financement pérenne pour l’audiovisuel public est une revendication de FO depuis des années. Les règles changent constamment, on a de la pub, on la supprime sans la compenser réellement, c’est une gestion au coup par coup, poursuit le secrétaire général de FO Médias. Les politiques doivent penser qu’on a du gras, que les gens de la télé sont des nantis. Ils tapent sur nous sans comprendre les mécanismes de financement. On doit toujours faire plus avec moins, on fait comment ? L’audiovisuel public, ça coûte cher.
Eric Vial s’inquiète particulièrement pour l’avenir des éditions locales de France 3, qui disparaissent l’une après l’autre, comme à Nantes, Perpignan ou Brest. Il ne reste que celle de Pau, je pense qu’on va vers une restructuration, poursuit-il. Mon idée, c’est qu’ils veulent liquider une chaîne du service public et sacrifier France 3 dans le cadre de la réforme territoriale. Les chaînes locales seraient désormais gérées par les grandes régions. Certaines le font déjà, tout serait mutualisé. Avec en perspective, une renégociation de la convention collective que l’État considère beaucoup trop généreuse pour les salariés.