FO mobilisé pour défendre l’Agefiph

Handicap par Clarisse Josselin

© Marta NASCIMENTO/REA

Le ministère du Travail envisagerait de transférer le système d’accompagnement et de maintien dans l’emploi des travailleurs handicapés de l’Agefiph à Pôle emploi, selon un document de travail dont FO a eu connaissance début juillet. Dénonçant un scénario catastrophique pour les personnes en situation de handicap, la confédération exige le lancement d’une véritable discussion avec tous les acteurs concernés.

L’accompagnement vers et dans l’emploi des travailleurs handicapés dans le secteur privé est opéré depuis plus de 30 ans par l’Agefiph (Association de gestion du fonds pour l’insertion des personnes handicapées), organisme paritaire. Mais selon un document « de travail » de la Délégation générale à l’emploi et à la formation professionnelle (DGEFP) dont FO a eu connaissance début juillet, le gouvernement a l’intention de changer radicalement ce système.

Ainsi, Pôle emploi pourrait être chargé de cet accompagnement à l’avenir, en absorbant les 98 Cap Emploi. Ces organismes de placement spécialisés dans le handicap étaient jusqu’à présent principalement financés et pilotés par l’Agefiph. Une date de transfert est même évoquée, à l’automne 2020. Selon le document « de travail », le pilotage, le contenu et le financement de l’offre de services spécialisée de l’Agefiph seraient également transférés à Pôle emploi !

Des réflexions menées en catimini

La disparition de l’opérateur expert de l’emploi des personnes handicapées qu’est l’Agefiph serait catastrophique pour les personnes en situation de handicap, s’alarme Anne Baltazar, ancienne présidente de l’Agefiph et conseillère confédérale FO chargée du handicap.

L’Agefiph est un opérateur qui intervient pour accompagner les salariés handicapés en recherche d’emploi, mais aussi ceux qui sont déjà en poste, avec des actions de prévention et de maintien dans l’emploi. Pôle emploi en revanche n’intervient que sur le champ des demandeurs d’emploi, s’inquiète Anne Baltazar.

Elle a lancé l’alerte par communiqué début juillet. Alors que les réflexions se faisaient en catimini, nous avons amené le gouvernement à se dévoiler un peu, souligne-t-elle. S’il n’y a toujours pas eu de réaction officielle de l’exécutif, la ministre du Travail Muriel Pénicaud a reconnu le 9 juillet, devant la commission des Affaires sociales du Sénat, avoir commencé des travaux sur le sujet. Nous prenons le temps d’une concertation approfondie, a-t-elle assuré.

Pôle emploi mettrait la main sur le magot de l’obligation d’emploi de 6% de travailleurs handicapés

Autre inquiétude, cette réorganisation permettrait à Pôle emploi de récupérer les fonds liés à l’obligation d’emploi de 6% de travailleurs handicapés dans les entreprises, gérés jusqu’à présent par l’Agefiph et le FIPHFP (Fonds pour l’Insertion des Personnes Handicapées dans la Fonction publique). Les interlocuteurs sociaux et les associations de personnes handicapées, membres de la gouvernance tripartite de l’Agefiph, seraient de fait écartés de cette gestion. On ne peut pas travailler sur le handicap sans les personnes handicapées, les associations sont incontournables, ajoute Anne Baltazar.

FO demande la préservation de l’action et de l’expertise de l’Agefiph, le respect de sa structure paritaire spécifique ainsi que la considération de ses salariés. Elle exige l’abandon de ce scénario catastrophique et l’ouverture sans délai d’une véritable discussion avec l’ensemble des acteurs, dont les interlocuteurs sociaux.

Clarisse Josselin Journaliste à L’inFO militante