FO perturbe le vote du budget du département des Deux-Sèvres

Dépendance par Clarisse Josselin

La séance budgétaire avait déjà été interrompue le 7 mars 2016, au conseil départemental des Deux-Sèvres, par près de 300 manifestants.

Près de 350 manifestants, réunis devant le conseil départemental des Deux-Sèvres à l’appel d’une intersyndicale, ont tenté d’obtenir la suspension du vote du budget du département par les élus le 21 mars. Ils dénoncent des restrictions budgétaires qui vont notamment frapper les établissements pour personnes âgées dépendantes (Ehpad).

Près de 350 personnes ont tenté de suspendre le vote du budget d’austérité du conseil départemental des Deux-Sèvres le 21 mars à Niort, à l’appel ont plusieurs syndicats.

Dans un face à face plutôt tendu, les forces de l’ordre ont empêché les manifestants - des salariés d’établissements d’accueil de personnes âgées dépendantes (Ehpad), des résidents de maisons de retraite, des agents territoriaux, et des représentants du monde de la culture - d’accéder à la salle des délibérations et d’assister à la séance pourtant publique.

Ce scrutin, initialement prévu le 7 mars, avait déjà été suspendu et reporté suite à une première mobilisation. Dans la semaine, l’intersyndicale avait reçu un courrier du préfet lui demandant de ne pas entraver le vote, une « pression » selon FO.

La séance a finalement pu démarrer un peu après midi, avec plus de trois heures de retard. Les élus devaient adopter un budget en hausse de seulement 0,4 %, soit une économie estimée à 15 millions d’euros. Il aurait fallu une hausse de 1,1 % pour une progression normale. Et FO revendiquait une hausse de 3 %, pour compenser les pertes déjà accumulées.

« Ces économies vont entraîner de nouvelles coupes dans des effectifs déjà à l’os »

« Nous voulions que les élus reviennent sur leur décision afin qu’on puisse en discuter, explique Joselyne Baussant, secrétaire départementale de l’union départementale FO, qui est parvenue à se faufiler jusqu’à la salle et à s’adresser aux élus en début de séance. Une hausse de 0,4 %, c’est très largement insuffisant, ces économies vont entraîner des coupes dans des effectifs qui sont déjà à l’os. Mais les élus ne veulent pas prendre la responsabilité d’un budget déficitaire ou de le compléter pour assurer leur mission de solidarité avec les plus fragiles. »

Ces économies vont impacter le fonctionnement du conseil départemental et le financement de l’aide sociale à l’enfance et de la culture. Elles vont surtout frapper les Ehpad, déjà en manque de personnels depuis plusieurs mois.

« L’accompagnement des résidents est déjà réduit, les personnels ne passent plus quatre ou cinq fois dans la journée mais seulement le matin et le soir, déplore Jocelyne Baussant. Parfois ils n’ont que sept minutes pour faire la toilette et le ménage de la chambre. C’est déjà insupportable. »

Faute des moyens, il n’y a plus vraiment de contrôles dans les Ehpad, selon FO

Suite à la mobilisation du 7 mars, le département avait renoncé à réduire de 30 % le budget d’animation dans les Ephad, mais sans pour autant augmenter le budget. Une délégation de manifestants avait été reçue. Mais le bilan de la situation dans les Ehpad afin d’établir un état des lieux, une revendication portée par FO, n’a pas abouti.

« Il n’y a plus vraiment de contrôle des Ehpad par les agences régionales de santé ni par le conseil départemental, faute de moyens, poursuit Jocelyne Baussant. Pourtant le taux de dépendance des résidents est de plus en plus élevé, nécessitant encore plus de moyens. Le budget devrait être voté, mais cette colère se retrouvera dans la mobilisation du 31 mars. »


Clarisse Josselin Journaliste à L’inFO militante