FO refuse que les salariés de Conforama payent l’addition

Emploi par Clarisse Josselin

Inquiets pour l’avenir de Conforama et des 9 000 salariés de l’hexagone, l’ensemble des élus ont voté le 24 janvier un droit d’alerte économique. La maison-mère, le groupe sud-africain Steinhoff, est en pleine débâcle financière suite à des « irrégularités » comptables.

Les élus du comité central d’entreprise de Conforama, dont la section FO, ont voté à l’unanimité un droit d’alerte économique le 24 janvier. Cette procédure permettra à la commission économique, aidée par un cabinet d’expertise comptable, d’apporter des réponses sur la pérennité de l’enseigne et des emplois. Jusqu’à présent, les représentants du personnel peinent à obtenir des informations de la direction concernant la situation du groupe Conforama et l’avenir des 13 400 salariés, dont 9 000 en France.

Le groupe sud-africain Steinhoff, propriétaire de l’enseigne d’ameublement, est frappé par un scandale financier depuis début décembre 2017. Des malversations comptables auraient été exercées au plus haut niveau. Ces comptes sont supposés ne pas être fidèles et sincères au moins depuis l’exercice 2015, selon le cabinet Deloitte, auditeur institutionnel de Steinhoff, rapporte la fédération du commerce FEC-FO dans un communiqué. L’ampleur des irrégularités n’est pas encore connue, un audit financier est en cours.

Le cours de l’action a chuté de 90 %

Suite à la démission de plusieurs dirigeants courant décembre, l’action a dégringolé de 90 % à Francfort et Johannesburg. En un mois, elle avait déjà perdu plus de 10 milliards d’euros de capitalisation boursière. Le 19 décembre, Steinhoff a annoncé publiquement que les lignes de crédit lui étaient retirées.

La direction est dans une phase où elle essaie de nous rassurer, explique David Malézieux, délégué central FO de l’enseigne. Elle prétend que Conforama n’est pas concerné par les fraudes. Grâce au droit d’alerte, nous allons faire certifier les comptes par un expert, mais ce sera limité au périmètre de la France, car il n’existe pas de comité d’entreprise européen. Outre 224 implantations dans l’hexagone, l’enseigne possède aussi 91 magasins en Europe, notamment en Italie, en Espagne ou en Suisse.

Un risque de casse sociale

Sur le plan financier, le groupe a annoncé le 24 janvier avoir finalisé son plan autonome de financement et disposer de près de 200 millions d’euros supplémentaires lui assurant indépendance et stabilité financière. Ce financement est basé sur la vente à perte d’actions pour 78 millions d’euros et un prêt de 115 millions d’euros. La direction nous dit que le groupe Conforama est en auto-gestion et qu’il n’y a pas de soucis à se faire, mais sans en apporter la preuve, souligne David Malézieux.

Sur le plan social, la direction a assuré aux élus qu’aucune baisse d’effectif ou de fermeture d’établissement n’était prévue actuellement, selon le communiqué de la FEC-FO. Et demain ? poursuit le délégué central. Soit on reste dans le groupe et il y aura de la casse sociale, soit on est revendus et il y aura aussi de la casse sociale. C’est toujours les petits qui paient l’addition.

Clarisse Josselin Journaliste à L’inFO militante

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