FO se bat contre la fermeture de Clairvaux en 2022

Pénitentiaire par Clarisse Josselin

Maison centrale de Clairvaux, dans le département de l’Aube. Photographie : C. Josselin / FO Hebdo - CC BY-NC 2.0

Les agents pénitentiaires de la prison de Clairvaux (Aube) manifesteront le 7 juillet devant le ministère de la Justice à l’appel de FO. Ils s’opposent à la fermeture progressive de l’établissement d’ici cinq ans, au nom de sa vétusté.

Ils sont « abattus », « dégoûtés »… C’est avec stupeur que les 200 agents pénitentiaires de la maison centrale de Clairvaux ont appris, le 15 juin, la confirmation de la fermeture progressive de l’établissement d’ici 2022. Déterminés à se battre pour sauver cette prison mythique, la plus ancienne de France, ils manifesteront le 7 juillet devant le ministère de la Justice, à l’appel de FO Pénitentiaire, ultra-majoritaire sur le site.

Le garde des Sceaux, Jean-Jacques Urvoas, avait déjà annoncé mi-avril la fermeture imminente de Clairvaux, au nom de sa vétusté. Il s’appuyait sur une étude, réalisée en 2010, prévoyant « entre 60 et 70 millions d’euros » de travaux pour rénover l’établissement. Cette fermeture se ferait au profit de la future prison de Troyes, programmée pour 2022, et située à 70 km de là.

Un rapport « tronqué »

Face à la levée de bouclier du personnel et des élus locaux, le ministre de la Justice avait commandé une nouvelle évaluation des coûts à l’Agence pour l’immobilier de la justice (APIJ). Il s’était également rendu sur place le 23 mai, redonnant espoir aux agents.

Mais la décision est tombée comme un couperet mi-juin, avec la sortie du nouveau rapport. Les travaux s’élèveraient de « 38 à 50 millions d’euros », une somme jugée beaucoup trop importante par le ministre pour un établissement de 198 places, accueillant actuellement 128 détenus.

FO Pénitentiaire, qui a fait ses propres calculs, évalue pour sa part la rénovation à « 11 ou 12 millions d’euros ». « Le rapport de l’Ajis est tronqué, il contient des travaux qui ne sont pas nécessaires, on a l’impression que tout est fait pour fermer Clairvaux », dénonce Frédéric Stoll, délégué régional FO pénitentiaire en poste à Clairvaux.

10 à 16 millions d’euros de travaux maintenus

Son incompréhension est renforcée par le fait que le ministre s’engage malgré tout à investir « de 10 à 16 millions d’euros » sur le site, pour une mise aux normes de sécurité. « Pour construire un nouvel établissement, il faut de 36 à 38 millions d’euros, poursuit Frédéric Stoll. Pourquoi ne pas compléter le budget de Clairvaux au lieu d’aller construire ailleurs ? On a l’impression de se retrouver au milieu d’un dossier politisé. Notre espoir, c’est que le successeur du ministre, après les présidentielles de 2017, revienne sur cette décision. »

Seule concession du ministre, la fermeture ne se fera pas dans les prochains mois, comme initialement annoncé, mais sera « lissée » sur cinq ans, « pour favoriser le reclassement des personnels » dans les établissements avoisinants. Pour les agents, cette mise à mort à petit feu, qui les plonge dans l’incertitude, n’a rien d’un cadeau.

Moins d’incidents qu’ailleurs

« Si Clairvaux ferme, c’est la mort de la zone, poursuit le délégué FO. La région est déjà économiquement sinistrée avec la fermeture de nombreuses entreprises. » Il évalue l’impact à la suppression de 1 000 emplois indirects.

C’est surtout un établissement de haute sécurité qui fonctionne bien et rencontre moins d’incidents que les autres, alors qu’il accueille les détenus les plus difficiles. Certains de ces détenus ont même adressé des courriers individuels au ministre pour demander à rester dans les lieux.


Maison centrale de Clairvaux, dans le département de l’Aube. Photographie : C. Josselin / FO Hebdo - CC BY-NC 2.0

Clarisse Josselin Journaliste à L’inFO militante

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