Trente-huit des quarante-trois salariés de l’entrepôt du Mans de l’enseigne Brice étaient en grève lundi 25 juin. Installés devant l’établissement, ils ont distribué des tracts aux automobilistes tout en leur demandant un petit coup de klaxon de solidarité.
Le motif de leur mobilisation : salariés et syndicats craignent que le bail qui arrive à échéance ne soit pas renouvelé. La direction a jusqu’au 30 juin pour se rapprocher du propriétaire. Or, l’enseigne Brice (182 magasins) est en pleine restructuration à la suite de la décision de la direction de la fusionner avec la marque Jules (273 magasins en France). Un certain nombre d’entrepôts et de magasins jugés non rentables sont également sur la sellette.
Au Mans, les salariés craignent une migration de leur entrepôt vers Wattrelos dans le Nord, où il serait mutualisé avec celui de Jules. Actuellement l’entrepôt sarthois fournit les 182 magasins Brice. Déjà en 2010, le siège de Brice installé au Mans avait été transféré à Roubaix. Un déménagement qui avait provoqué 90 licenciements.
Tailler dans le vif
Ces deux enseignes de prêt-à-porter masculin appartiennent à l’association familiale Mulliez (Auchan, Leroy Merlin, Décathlon, etc.) qui depuis quelques années restructure totalement ses marques de prêt-à-porter.
Les salariés de Grain de Malice et de Pimkie en savent quelque chose. La première enseigne a perdu 177 salariés en 2017. La deuxième est confrontée à un plan de départs volontaires qui concerne 208 salariés. Autre point commun de ces enseignes : l’arrivée à leur direction du cabinet Prosphères qui, sous couvert de concertation avec les salariés, est chargé de tailler dans le vif des effectifs.
500 salariés menacés de licenciement
L’entreprise ne parle pas de plan social mais de redressement
, déplore Nadia Ferrante, déléguée syndicale FO chez Happychic (qui regroupe les enseignes Brice, Jules et Bizbee). 27 magasins Brice ont déjà fermé mais pour le moment il est difficile de donner des chiffres précis. FO craint 80 fermetures de magasins Jules et le licenciement de 500 salariés travaillant essentiellement dans les entrepôts et les sièges. Quant au sort de ceux qui travaillent en magasin, la direction reste évasive.
Nous en saurons plus le 10 juillet 2018
, précise Nadia Ferrante. Lorsque la direction présentera son plan de redressement aux actionnaires.
Déléguée syndicale sanctionnée
Pour l’heure, les salariés n’entendent pas attendre les annonces de leur direction sans rien faire. Déjà le 19 juin, un rassemblement avait eu lieu devant le siège de Happychic à Roubaix. Salariés et syndicats y ont dénoncé le plan social et sont venus soutenir Nadia Ferrante. Après une mise à pied en avril, la déléguée FO était convoquée par la direction pour un entretien préalable à une éventuelle sanction. Ces agissements de la part de la direction Happychic témoignent d’une véritable volonté de mettre à mal notre déléguée syndicale FO à travers une politique de la peur qui vise à décourager nos militants
, s’indigne la fédération des employés et cadre (FEC-FO).
Je tiens le coup, d’autant que ce qu’ils me reprochent ne repose sur rien
, assure Nadia Ferrante avant d’ajouter : Nos actions aboutissent et nous obtenons chaque jour des petites victoires
. Comme lorsque la liste sans étiquette s’est associée aux autres syndicats pour dénoncer les conséquences de la fusion de Brice et Jules. Ça, la direction ne l’a pas digéré
Chez Pimkie non plus, les syndicats ne désarment pas. FO et la CGT ont demandé au tribunal administratif de Lille d’annuler l’homologation du plan de départs volontaires. L’audience aura lieu le 12 juillet 2018.