Fonction publique : l’abandon de la rigueur au profit des emplois ?

Attentats par Valérie Forgeront

S’ils se réjouissent de l’annonce de créations d’emplois publics dans les secteurs de la sécurité, les agents sont circonspects et attendent de constater la réalité des effectifs supplémentaires.

Le 16 novembre, le chef de l’État a annoncé la création de 8 500 emplois d’ici à deux ans, dont 5 000 pour la police et la gendarmerie, 2 500 pour l’administration pénitentiaire et les services judiciaires et 1 000 pour les services des douanes. Ces mesures « de pacte de sécurité », qui représentent une dépense de 815 millions pour le budget de l’État, ne remettront pas en cause les engagements budgétaires vis-à-vis de l’Europe, indique le gouvernement. « Y aura-t-il réellement des effectifs supplémentaires ? », interrogent les fonctionnaires FO, doutant de « l’abandon, même momentané, de l’idéologie de la rigueur budgétaire ». De son côté, le syndicat FO Unité SGP Police estime que « l’annonce de 2 900 créations d’emplois pour la police est une bonne nouvelle mais n’est pas du luxe ».

Retour en 2007

Avant les attentats de janvier, 20 millions d’heures supplémentaires avaient déjà été accumulées au fil des années. Depuis, les policiers peinent encore plus à bénéficier de leur droit à récupération. Les services nécessitent la présence de 80 % des effectifs, or ces effectifs ont souffert entre 2008 et 2012. La police a perdu 5 000 emplois à travers le non-remplacement d’un agent sur deux partant à la retraite, suivant la philosophie de la RGPP. Depuis 2012, les services bénéficient de 200 créations de postes par an. Depuis janvier, la programmation de 2 950 créations de postes a été ajoutée. « Au total, 3 000 créations de postes environ sont en cours. Avec les 2 900 annoncées, cela ramènerait les effectifs à leur niveau de 2007 », indique Nicolas Comte pour FO, notant toutefois « qu’entre le recrutement puis la formation, il faut compter deux ans pour qu’un agent soit vraiment sur le terrain ».


Zoom : Emplois : les douaniers craignent un tour de passe-passe
L’annonce de 1 000 créations de postes rend dubitatif FO Douanes, qui « n’a eu de cesse de tirer la sonnette d’alarme » sur les suppressions d’emplois, 6 000 en vingt ans. Après celle de janvier de « 70 agents en plus mais pour 250 suppressions de postes par an » sur deux ans, rappelle FO, l’intersyndicale craint désormais le « tour de passe-passe comptable ». Cinq cent trente emplois seraient créés sur deux ans, mais les 470 autres relèveraient du contingent d’emplois dont la suppression programmée n’a pas encore été votée…

Valérie Forgeront Journaliste à L’inFO militante

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