Fonction publique : pour la Fage-FO en congrès, l’objectif est de gagner les élections de décembre

Les articles de L’InFO militante Collectif

Le XXVIIe congrès de la fédération FO de l’administration générale de l’État s’est tenu à Roiffé dans la Vienne du 5 au 8 septembre. Lors de la tenue de cette instance qui a vu l’élection d’Emmanuel Baudin au mandat de secrétaire général, les militants de la Fage-FO ont réitéré nombre de revendications à commencer par celle d’une hausse des salaires indiciaires. Et au plus vite. Ils ont souligné aussi leur combat quotidien pour défendre les agents contre les effets désastreux de réformes attaquant la Fonction publique, ses missions et les conditions de travail de ses personnels. Dans une fédération rassemblée et qui affirme ses projets de développement, l’heure est à la préparation des élections de décembre. L’objectif est simple : les gagner.

La force de la fédération, c’est sa diversité. Elle est riche de la pluralité de ses métiers et de ses fonctions lançait François Guérard, le secrétaire général sortant de la Fage-FO, au cours du XXVIIe congrès de la fédération FO de l’administration générale de l’État qui se tenait du 5 au 8 septembre à Roiffé dans la Vienne.

C’est la seule fédération de fonctionnaires, interministérielle, précisait-il encore exposant le rapport moral et d’activité de la fédération, revenant aussi sur l’activité de la Fage-FO depuis 2018. Si la « fédé » a connu quelques années difficiles, dues entre autres à des réorganisations internes, dues au départ de syndicats vers d’autres structures FO, elle expose aujourd’hui sa force et se donne des perspectives pour aller de l’avant. Et celles-ci valent pour les nombreux secteurs de la fédé : l’agriculture, la justice, la santé, la cohésion sociale, le travail, les affaires étrangères, l’éducation nationale, le conseil d’État, les moyens aériens, etc.

C’est cette diversité, couvrant des corps professionnels techniques, administratifs, et au plan de l’encadrement, qui fait donc sa force. Des corps de métiers qui parlent tous d’une même voix, se retrouvant sur les revendications de FO, que les militants de la Fage comptent bien faire aboutir.

 

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Emmanuel Baudin : un objectif : le développement de la fédération

Au cours du congrès, les quatorze militants intervenant à la tribune et issus de divers de syndicats, montreront cette détermination. Le vote, à l’unanimité, du rapport d’activité ainsi que du rapport de trésorerie souligneront cette union au sein de la fédé. Ce sera aussi l’occasion, pour l’ensemble des congressistes de saluer le travail de fond effectué par l’équipe fédérale sortante, dont son secrétaire général, ne sollicitant pas de nouveau mandat car faisant bientôt valoir ses droits à la retraite. François Guérard, qui demeure à la fédé en tant que membre du bureau et du conseil fédéral, sera chaleureusement ovationné par les camarades.

La Fage, qui a procédé aussi à l’élection de ses instances, a placé à sa tête un camarade que les militants connaissent déjà bien. Issu du secteur de l’administration pénitentiaire et président de l’Union FO Justice, Emmanuel Baudin était depuis quatre ans secrétaire général adjoint de la fédération. Le nouveau secrétaire général souligne clairement l’axe qu’adopte la Fage : on est maintenant dans le développement de la fédération. Cela va mieux en le disant : Plus on est nombreux, plus on est fort. Et, pour cela, Emmanuel Baudin ne manque pas d’idées : du développement de la communication de la fédé en passant par la création d’un pôle juridique, le soutien au développement des syndicats, donner plus d’essor à la formation syndicale, etc.

L’ensemble des congressistes, une soixantaine, ont eux-mêmes traduit toute la détermination dont il va falloir faire preuve pour vaincre les attaques déjà présentes contre les droits, et hélas celles à venir. La combativité est plus que jamais d’actualité et cela s’est d’ailleurs traduit à Roiffé par le vote unanime de la résolution générale du congrès.

Une solidarité interfédérale pour des combats communs

La détermination est aussi de mise dans la préparation des élections dans la fonction publique. On se concentre sur décembre. On a une fédé en ordre de bataille. L’objectif de la fédération est de se développer, de syndicaliser lançait Emmanuel Baudin, en fin de congrès. Plus tôt, François Guérard avait rappelé le score de la Fage-FO, lors des précédentes élections. La fédé FO avec près de 20 000 voix en 2018, était la 3e de la Fonction publique d’État derrière l’Éducation nationale et l’Intérieur.

Au cours de ce congrès, nombre d’invités, notamment des représentants de fédérations, du privé comme du publique, ont souligné eux aussi l’importance de l’enjeu de ces élections. On va avoir beaucoup de combats communs : les retraites, les intérêts des agents publics, les salaires, les statuts, etc. indiquait Clément Poullet pour la Fnec FP-FO. Avec le secteur de l’enseignement agricole de la Fage, on a des dossiers communs : sur les AESH, les grilles indiciaires spécifiques, les salaires, etc. précisait-il encore.

Le secteur de l’administration centrale de l’Éducation nationale est à la Fage rappelait François Guérard, notant par ailleurs le travail en commun sur l’interministériel [au sein des directions départementales interministérielles/DDI, NDLR] avec la fédé FO des Finances. Philippe Grasset, secrétaire général de FO-Finances appuyait les propos et évoquait le rendez-vous électoral essentiel de décembre. L’objectif, c’est les élections, c’est de garder à FO sa première place dans les DDI et de meilleures places dans les Drees, les sites régionaux de la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques, direction relevant à la fois des ministères sanitaires et sociaux, la Fage est donc concernée, et du secteur ministériel de l’Économie et des finances.

Les agents vont voter pour des instances qu’ils ne connaissent pas !

Une longue culture de travail en commun lie aussi la Fage avec la Feets-FO (fédération de l’Equipement, des transports et des services), notamment au plan des DDI, soulignait François Guérard. Les résultats que l’on a à l’interministériel, dont dans les DDI, cela vient des rendez-vous que l’on a réussi à avoir entre nos fédérations, entre la fédé des finances, la Fage et la FEETS, pour réussir à faire progresser, à faire monter FO là où elle est, et à continuer à se battre, pour qu’elle soit à la place où elle doit être, donc au plus haut déclarait Zaïnil Nizaraly, secrétaire général de la FEETS-FO.

On n’est loin d’être insensible au challenge des élections dans la Fonction publique. Et on scrute vos travaux [de congrès, NDLR] appuyait pour sa part Jean-Yves Sabot, trésorier fédéral de FO Métaux, soulignant ainsi la solidarité public/privé au sein de l’organisation FO, et les revendications communes sur beaucoup de sujets.

Il faut gagner pour pouvoir peser plus encore et ainsi mettre en échec les contre-réformes visées par le gouvernement dans le public ou encore lutter contre son inertie assumée en matière de salaires (le ministre, Stanislas Guérini a annoncé le 15 septembre aux syndicats qu’il n’envisageait aucune hausse supplémentaire du point d’indice en 2022), déclarait en substance, Christian Grolier, secrétaire général de la FGF-FO (fédération générale des fonctionnaires, périmètre du versant dans le lequel s’inclut la Fage) et de l’union interfédérale du public (FO-Fonction publique).

Ce qui compte, c’est de ne pas perdre une voix, référence à la difficulté du vote électronique quasi généralisé. Référence aussi au taux de participation très moyennement satisfaisant en 2018. Il y avait eu 52% de participations sur les 3 versants... Donc seulement un agent sur deux avait voté ! Cette année, se greffe une difficulté et pas des moindres : les agents vont voter pour des instances qu’ils ne connaissent pas !. Ainsi, le comité social, instance de dialogue social né de la fusion du comité technique et du CHSCT. Ainsi les CCP, commissions consultatives paritaires, instances dédiées aux contractuels. Ainsi en est-il aussi des CAP, lesquelles, si elles existent toujours, ont perdu en compétences et sont axées sur l’appréciation des mesures disciplinaires contre les agents.

Sur le mode de ce qui s’est passé dans le privé avec la fusion des instances représentatives des personnels (IRP) découlant des ordonnances Travail de 2017, la loi de Transformation de la Fonction publique du 6 août 2019, a ainsi tout chamboulé au plan des instances. Il faut donc expliquer ces changements aux agents et leur expliquer aussi que la présence syndicale est toujours là pour les défendre. Autre chamboulement, l’ordonnance, du 17 février 2021, relative à la négociation collective dans la Fonction publique. Elle consacre un nouveau principe, celui des accords majoritaires rappelait Christian Grolier. Si l’accord n’est pas majoritaire, il ne s’applique pas. Donc pour nous, cela signifie une pression supplémentaire et le devoir d’une grande responsabilité.

Une contre-réforme sur les carrières : FO dit Non

Plus largement, comme dans le privé, le sujet d’actualité, c’est les salaires martelait-il pestant contre le projet du gouvernement voulant changer, après 2023, le mode de fonctionnement des salaires. Les syndicats, dont FO, ont dû d’ailleurs batailler pour qu’une discussion sur les carrières ne vienne pas polluer la préparation des élections professionnelles de décembre. Le ministre voulait s’empresser de la lancer et de la conclure, avec la perspective évoquée dès cet été d’y introduire des éléments tels l’intéressement ou le « mérite », cela prétendant doper l’attractivité des carrières dans le public.

Mais alors qu’après la réunion bilan du 15 septembre sur les mesures salariales du 1er juillet, des réunions sur la refonte des carrières et des rémunérations sont annoncées pour octobre, le mois de janvier 2023 semble augurer des discussions compliquées. Arriverait ainsi un projet de nouvelles rémunérations des fonctionnaires, comprenez une nouvelle architecture des rémunérations, donc des carrières, indiquait Christian Grolier. Et de rappeler que l’an dernier, marquant sa désapprobation, FO Fonction publique avait quitté de précédentes discussions sur les carrières.

L’idée du gouvernement dans ce qu’on peut appréhender pour l’instant ? Un classement et regroupement des métiers ! indiquait le secrétaire général de la FGF-FO. L’idée serait de rémunérer à la fonction, cela sans considérer le diplôme comme paramètre essentiel. C’est donc casser la référence, le diplôme, qui crée l’appartenance à la catégorie, A, B ou C s’indignait-il notant qu’une telle idée n’est pas nouvelle. Le premier à l’avoir eue, c’était le ministre Renaud Dutreil », en 2004/2005.

Aujourd’hui, il s’agit donc de faire échouer ce projet de rémunérations par métiers niant le principe même de la carrière. Les discussions promettent d’être houleuses d’autant que, déjà, le ministre de la Transformation et de la fonction publique, considérant la revalorisation du point de 3,5% en juillet, ne comprend pas pourquoi on est déçu face à une inflation à 6% ! ironisait Christian Grolier. Et de rappeler la perte de pouvoir d’achat de 23,44% depuis 2000. Et de fustiger la confusion volontaire qu’affiche le gouvernement arguant que les salaires progressent dans le public alors que seule augmente l’enveloppe dédiée au GVT (glissement vieillesse technicité). Ce qui est logique, cela étant dû à la progression dans le déroulement de carrière (changement d’échelons, de grades ou de corps. L’affirmation gouvernementale d’une réelle progression salariale des agents est si infondée qu’en tout paradoxe, il maintient la GIPA [garantie individuelle de pouvoir d’achat, NDLR]..., créée en 2008 !

Elections : Si l’on veut peser, il faut gagner

Ces invraisemblances salariales, la lutte contre les pertes d’effectifs et contre les réformes qui « restructurent » et fusionnent ou suppriment les services en dégradant, entre autres, la capacité à assurer les missions publiques..., sauf à voir s’alourdir toujours plus sa charge de travail, ce que vivent bon nombre d’agents : les militants de la Fage évoqueront largement dans leurs interventions à la tribune tous ces reculs impactant les secteurs de la fonction publique. Et contre lesquels ils bataillent chaque jour.

Venu saluer les congressistes, le secrétaire général de la confédération, Frédéric Souillot revenait sur l’actualité économique et sociale, rappelait les revendications de FO sur la hausse des salaires, l’opposition à une réforme des retraites détruisant les droits, tout comme celle sur l’assurance chômage. Il pointait aussi la mise en difficulté des services publics (hôpital, école, inspection du travail, etc.), notamment par le fait du raisonnement comptable qui prévaut depuis des années et qui conduit à ne plus investir, à ne plus apporter à ces services tous les moyens dont ils ont besoin.

Le secrétaire général mettait aussi en évidence la traduction de la solidarité public/privé au sein de FO et la détermination à gagner les élections dans le public. Ainsi, jusqu’au 29 novembre, la confédération a prévu quelque 94 déplacements (de secrétaires confédéraux et/ou du secrétaire général de FO) sur le terrain, cela visant à aller soutenir les camarades du public dans la campagne pour ces élections expliquait-il.

La priorité, c’est d’abord de monter des listes, de faire voter, de mobiliser, y compris les camarades du privé indiquait Frédéric Souillot, rappelant la place leader de FO dans le versant de l’État de la Fonction publique. Je veux que FO progresse. Si l’on veut peser, dans le cadre de l’intersyndicale et sur le gouvernement... il faut gagner. Alors, la préparation de ces élections, on y va à fond !

Valérie Forgeront Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération