Fonction publique : toutes les raisons de faire grève le 22 mars

Service Public par Valérie Forgeront

Les revendications des fonctionnaires avaient mobilisé plus de 400 000 agents lors de la journée de grève nationale et de manifestations le 10 octobre 2017. Photographie : F. Blanc (CC BY-NC 2.0)

Ils sont agents de l’État, de la territoriale, de l’hospitalière. Fonctionnaires ou contractuels, ils seront en grève le 22 mars à l’appel de sept organisations de la fonction publique dont FO. Cent quarante manifestations sont prévues en province. À Paris, le cortège se rendra de Bercy à la place de la Bastille, point d’arrivée aussi de la manifestation des cheminots.

Sept organisations dont l’UIAFP FO appellent les agents des trois versants de la fonction publique (5,5 millions de personnes) à une grève et à des manifestations le 22 mars. Quelles sont les revendications ? Les agents demandent une hausse des salaires mais aussi le respect de la fonction publique, de ses emplois et du statut général des fonctionnaires. Les personnels (fonctionnaires et contractuels) contestent en effet le gel des traitements indiciaires en 2018 alors qu’ils ont perdu 16 % de pouvoir d’achat depuis 2000, la réactivation du jour de carence pour maladie, la compensation imparfaite de la hausse de la CSG, la suppression de 120 000 emplois en cinq ans... Ce n’est pas tout. Ils s’élèvent contre les projets de réformes annoncés le 1er février par le gouvernement à l’issue d’un Comité interministériel de la transformation publique. Cela sans concertation avec les syndicats. Ces projets prévoient notamment un plan de départs volontaires, l’augmentation du nombre des agents contractuels ou encore le développement de la rémunération individuelle au mérite. Le gouvernement propose de refonder le contrat social avec les agents et programme d’ores et déjà une année de concertation.

Ça coince sur le fond et sur la forme

120 000

C’est le nombre d’emplois supprimés en cinq ans dans la fonction publique.

Autant dire que ce torrent de réformes annoncées va à contre-courant des revendications des agents, telles que la création d’emplois statutaires, le plan de titularisation des précaires ou encore l’adoption de mesures susceptibles de traduire une plus grande reconnaissance pour les missions de service public qu’ils exercent. Les projets du gouvernement ne passent donc pas. Ni sur le fond ni sur la forme, insistent les sept organisations, déplorant la surdité du gouvernement vis-à-vis des revendications et rappelant qu’une telle attitude avait déjà conduit à l’organisation de la grève du 10 octobre dernier. Massivement suivie. Or, soulignent les organisations, le nouvel appel syndical – appel toujours très large – à la journée d’actions du 22 mars en dit long sur l’exaspération des agents. Le gouvernement aurait-il entendu au moins la revendication salariale puisqu’il vient d’accepter d’avancer le rendez-vous annuel sur les salaires d’octobre à juin (a priori du 10 au 20 juin) ? Cela relève plutôt de la posture, indique en substance Christian Grolier, le secrétaire général de l’UIAFP FO. Ce changement de date constitue même un paradoxe car la revendication salariale est inscrite dans le cahier de revendications de la grève du 22 mars. Or, jusqu’à présent le gouvernement n’a pas voulu l’entendre en ouvrant des négociations. 

 

Focus : Les cheminots seront aussi en grève le 22 mars
Ils s’opposent au projet de réforme de la SNCF et seront eux aussi en grève et en manifestation le 22 mars, à l’appel de FO ainsi que de la CFDT, la CGT, l’UNSA et SUD. Le projet du gouvernement reprend les préconisations du rapport Spinetta (l’ex-patron d’Air France), dont l’abandon du statut et donc du régime spécial de retraite des cheminots. D’ores et déjà, la question se pose de la poursuite de la mobilisation après le 22 mars et de la forme qu’elle prendrait. Pour la fédération FO, l’heure est à une grève franche et reconductible.

Valérie Forgeront Journaliste à L’inFO militante

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