Fonctionnaires : Macron ouvre-t-il la chasse ?

Revue de presse par Michel Pourcelot

Les propos sur le statut des fonctionnaires tenus en « off » par le ministre de l’Economie Emmanuel Macron et dévoilés dans la presse le 18 septembre n’ont pas fini de faire couler de l’encre. Stratégie, erreur ou jeu de rôle ? Les médias se sont interrogés.

Le Monde
A l’origine, « répondant à une question sur la réforme de l’État, le ministre se lance dans des considérations sur les règles encadrant le déroulement de carrière des agents publics. Ses déclarations sont relatées, quelques heures plus tard, par Ghislaine Ottenheimer, une journaliste de Challenges présente dans l’assistance. D’après le site Internet de l’hebdomadaire, M. Macron a dit que le statut des fonctionnaires n’est plus "adéquat" pour certaines missions ». Malgré ses dénégations, il y a enquête et « un peu plus tard dans l’après-midi, Les Echos ont à leur tour levé le voile sur l’intervention du ministre. Les propos relatés sont légèrement différents mais le sens est le même » : M. Macron a déclaré, selon le quotidien économique, que le statut des fonctionnaires n’était « plus adapté au monde tel qu’il va » et « surtout plus justifiable ». Ce qui ne déroge guère à la Macron-vision du monde.

La Nouvelle République
« Conscient du caractère explosif de telles déclarations, le chef de l’État a profité d’un déplacement dans son fief corrézien de Tulle pour tenter d’éteindre l’incendie. Honorant un fonctionnaire, il a loué en lui "un fonctionnaire d’État, attaché à son département de la Corrèze et, comme je le suis, attaché à son statut". De son côté, Emmanuel Macron a voulu minimiser la portée de ses propos, comme il l’avait fait après la polémique sur les 35 heures. "A aucun moment je n’ai parlé d’une réforme du statut de la fonction publique que le gouvernement envisagerait", a assuré le ministre de l’Économie. Un rétropédalage insuffisant pour calmer les foudres de son propre camp ». Vraiment ? Les coups de tonnerre de Macron étant généralement annonciateurs d’une pluie de mesures dans son sens...

La Charente Libre
En tous cas, « de son côté, le Premier ministre Manuel Valls a proclamé hier son "attachement au statut des fonctionnaires", tout en affichant son soutien "jusqu’au bout" à Emmanuel Macron ». Mais, au bout du bout, quel sera ce statut ?

Marianne
David Cayla, économiste, membre du Conseil d’administration des Économistes atterrés, enseignant-chercheur à l’université d’Angers rappelle qu’un « fonctionnaire n’est pas un salarié. Comme son nom l’indique, le fonctionnaire se doit de remplir une fonction. Il ne touche pas un salaire, mais un traitement. Les fonctionnaires assurent votre sécurité dans la rue, organisent le système judiciaire, enseignent à vos enfants, garantissent la neutralité des services publics dans la santé ou la culture. Ce sont eux qui collectent l’impôt et qui supervisent et contrôlent la qualité des aliments que vous achetez en grandes surfaces. Ils veillent à la bonne application de la loi. Ils sont chargés de superviser l’écriture des décrets, de contrôler les budgets publics. Ils sont militaires, chercheurs, magistrats, policiers, médecins urgentistes, inspecteurs du travail, enseignants ». Et c’est pour cela que « le statut du fonctionnaire est une manière de garantir son indépendance ».


Michel Pourcelot Ex-journaliste à L’inFO militante

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