Fonctionnaires : aucune réponse aux attentes

Service Public par Valérie Forgeront, FEETS-FO, FGF FO, FNAS FO, FO SPS

Manifestation des agents de la Fonction publique contre le projet de loi dit de transformation de la fonction publique, le 9 mai 2019 à Paris. Photos : F. Blanc.
Article publié dans l’action Élections dans la Fonction publique

Alors qu’un rendez-vous salarial est prévu le 2 juillet, le gouvernement montre déjà qu’il veut rester sourd à la revendication salariale. Il persiste aussi à vouloir imposer des contre-réformes cependant contestées par les agents et leurs syndicats, dont FO. Conséquences, les conflits – grèves et actions diverses – se multiplient dans nombre de secteurs de la Fonction publique.

A quelques jours du rendez-vous salarial du 2 juillet qui sera présidé par le secrétaire d’État Olivier Dussopt, les fonctionnaires sont pour le moins irrités par l’attitude récurrente du gouvernement à leur égard. Le 18 juin, la préparation technique de cette prochaine rencontre salariale entre les organisations syndicales, dont FO-Fonction publique, et l’administration de la Fonction publique (DGAFP) n’a débouché sur aucune proposition de la part de cette dernière.

FO a rappelé ses revendications dont l’augmentation générale de la valeur du point d’indice, le retrait du jour de carence pour maladie, l’octroi d’une prime exceptionnelle, la demande de résolution du problème d’absence de pérennité dans la compensation à la hausse de la CSG… Mais le ministère ne répond rien et dit ne rien à avoir à proposer. Bref, c’est une réunion pour rien déplorait le même jour Christian Grolier le secrétaire général de FO-Fonction publique à l’ouverture du comité national de la fédération générale des fonctionnaires FO (FGF-FO).

Pire, poursuit-il, la DGAFP qui admet que la compensation à la hausse de la CSG n’est pas pérennisée n’estime pas que cela est important, déclarant qu’un changement d’échelon ou l’augmentation d’une prime permettra à un agent d’autofinancer sa hausse de CSG ! Pour le premier employeur du pays, c’est un drôle d’exemple. Honte à l’État employeur. FO a quitté avant la fin cette séance de préparation du rendez-vous salarial.

La multiplication des conflits

Sourd aux revendications des agents, le gouvernement semble donc ignorer la réalité d’un mécontentement qui grossit chaque jour dans les trois versants de la Fonction publique. Des conflits éclatent depuis des semaines et même des mois (Douanes, Poste, Education, services de Santé dont les hôpitaux et les urgences) et cette protestation se concentre notamment sur le manque de moyens des services ainsi que sur les pertes d’effectifs. Tous les jours il y a des grèves dans les services souligne Christian Grolier.

Cela s’est déjà traduit cette année par des grèves et/ou des manifestations le 19 mars (date d’une journée nationale interprofessionnelle), le 9 mai, le 28 mai, le 6 juin, le 11 juin. Le mécontentement des agents s’est exprimé aussi par une marche/périple symbolique du Havre à Matignon organisée en février dernier par FO-Fonction publique et assortie d’un rassemblement qui avait réuni plus de 8 000 militants FO à Paris.

Plus récemment, le secteur FO de la Santé et de la Territoriale (Fédération SPS-FO) a appelé avec d’autres syndicats à une « semaine sans Fonction publique ». L’ensemble des organisations du public, dont FO-Fonction publique appellent par ailleurs à un rassemblement le 27 juin (à midi) à Paris devant les ministères des Finances et de l’Action et des comptes publics. La branche Santé de la fédération SPS-FO ainsi que la fédération FO de l’Action sociale appellent aussi – et avec deux autres organisations – à un rassemblement le 2 juillet devant Bercy. Depuis mai, FO-Fonction publique organise des réunions publiques dans les régions…

Une semaine d’actions à l’Ecologie

Le secteur FO (fédération FEETS-FO) des ministères de la Transition écologique et solidaire-Cohésion des territoires (MTES/MCTRCT) appelle quant à lui à une semaine d’actions du 20 au 27 juin prochain à Paris et en régions. Le 20 juin quatre syndicats dont FO ont par exemple prévu d’organiser une « cérémonie d’installation » pour un conseil de défense du ministère de l’Ecologie. Ce conseil rappellera chaque fois que nécessaire la réalité des moyens engagés au regard des ambitions des discours indiquent les syndicats.

Nos ministères parce qu’ils agissent sur un champ très large de compétences (…) sont des acteurs indispensables à mobiliser pour mener les politiques publiques nécessaires à une réelle transition écologique et solidaire. Expertise, conseil, financement, police… Nos ministères regorgent de compétences mobilisables qui ne demandent qu’à s’exprimer pour garantir et mettre en œuvre des politiques ambitieuses d’aménagement du territoire intégrant mobilité et habitat durables au service d’une nécessaire transition écologique et solidaire.

Les agents se heurtent cependant à un quotidien fait de réductions d’effectifs (-3,7% entre 2014 et 2015, -2,9% entre 2015 et 2016), de baisse des moyens, de restructurations incessantes, de fusions de services, de mutualisation des moyens, d’externalisation de services, de privatisations, de transferts de missions vers d’autres ministères ou vers les collectivités…

Or, insistent les syndicats il est illusoire de croire que dérèglement climatique et effondrement de la biodiversité verront des solutions en réduisant l’action publique à commencer par les moyens humains et financiers de nos ministères.

Le miroir des ordonnances Macron

Alors que la colère gronde à l’évidence dans nombre de secteurs, l’humeur des agents publics est encore gâtée par l’entêtement du gouvernement lequel poursuit ses projets de contre-réformes (loi Santé, loi Blanquer, réforme de la Fonction publique…) qui ne feront qu’accélérer le processus de détérioration des services publics. Ainsi le projet de transformation de la Fonction publique – actuellement en débat au Sénat (après un vote en première lecture par l’Assemblée nationale) et que le gouvernement souhaite voir adopté avant le mois d’août– inquiète FO au plus haut point.

Après quatorze mois de discussions, 60 réunions, et alors que les syndicats n’ont disposé du texte du projet qu’à la fin, cette concertation est un vrai fiasco, une vraie mascarade souligne Christian Grolier. Si le texte de ce projet reste en l’état nous assisterons à un changement fondamental dans la Fonction publique, y compris au plan de l’exercice syndical s’inquiète le militant.

La transformation des CAP devenant hiérarchiques et vidées de leurs prérogatives participe aux atteintes contre les agents sans compter le problème de la fin annoncée du CHSCT, cela alors que la Fonction publique vit au rythme de restructurations lesquelles dégradent sans cesse les conditions de travail des personnels.

Le projet porte aussi en lui le risque de voir poindre des accords dont la portée juridique pourrait être régionale, voire départementale, ce qui répondrait à la volonté gouvernementale de déconcentrer le dialogue social s’inquiète FO-Fonction publique qui demande toujours le retrait du texte du projet de loi.

Les craintes portent aussi sur le recours exacerbé aux contractuels en passant par la conception d’une « boîte à outils RH » sur laquelle le gouvernement entend s’appuyer pour pousser les agents dehors, ce qui pourrait participer à l’objectif de suppressions de 120 000 emplois d’ici 2022 s’alarme FO fustigeant une réforme (garnie d’ordonnances) qui s’inscrit dans une dynamique d’affaiblissement du syndicat et constitue pour la Fonction publique un miroir aux ordonnances Macron. Pour FO, il faut donc résister mais aussi construire le rapport de force à même de faire reculer le gouvernement.

Valérie Forgeront Journaliste à L’inFO militante

FEETS-FO Équipements, environnement, transports et services

FGF FO Fonctionnaires

FNAS FO Action sociale

FO SPS Services publics et de Santé