Mardi 5 janvier 2021, la FEETS FO a été auditionnée dans le cadre du Fontenoy du maritime, grande concertation lancée par la ministre de la Mer ayant pour objectif le rayonnement du pavillon français et sa souveraineté
ou encore le développement économique et la compétitivité de la flotte nationale
.
La FEETS FO a rappelé d’entrée de jeu ses fondamentaux : la lutte pour l’amélioration des conditions de travail, de sécurité et d’emploi des marins sans distinction de nationalité. Nous avons aussi rappelé qu’il ne pouvait pas y avoir de stratégie maritime digne de ce nom sans que les sujets des ports soient traités.
La FEETS FO ne recherche pas le rayonnement du pavillon français en tant que tel mais l’élévation des standards sociaux internationaux, communautaires et nationaux dans l’intérêt des marins et de la profession maritime.
Le cabinet de la ministre et les représentants de l’administration des Affaires Maritimes ont à l’inverse laissé transparaître leurs objectifs que la FEETS FO analyse ainsi :
• Normalisation du pavillon français second registre (RIF)
• Individualisation du marin amené à naviguer sous tout pavillon
La FEETS FO a rappelé le classement en complaisance du pavillon RIF. La fédération s’opposera à toute tentative de banalisation de ce pavillon.
Il devient en effet clair que depuis son introduction, le pavillon RIF est progressivement devenu un outil marketing, les autorités entretenant volontairement la confusion entre premier et second registre pour exporté le RIF comme une marque en trompe-l’œil pour armateur en recherche de « respectabilité ».
Pour la FEETS FO, faire la course avec les pavillons de complaisance n’amène qu’à la dégradation des conditions d’emploi et à terme à la disparition du métier de marin en France. Métier qui a pourtant montré, comme bien d’autres, sa nécessité dans le maintien de la continuité territoriale, la desserte des propulsions et leur approvisionnement tout au long de la crise Covid-19.
Pour la FEETS FO, l’avenir du transport maritime passe au contraire par une refonte de nos chaînes de transport.
La prise en compte de l’environnement doit amener à optimiser les trajets et non à les concentrer sur quelques places portuaires européennes au risque de saturer les axes maritimes et routiers.
Une nouvelle répartition des trafics, notamment sur l’ensemble du littoral français doit permettre de redynamiser l’économie portuaire et le cabotage local.
L’attractivité de la profession maritime passe ainsi par une évolution de ses modes de navigation, permettant aussi au marin d’évoluer dans ses rythmes de travail au gré de ses contraintes personnelles, tout l’inverse d’une mise en concurrence mondiale du marin.
Comme la FEETS FO l’a déjà porté au niveau européen avec ETF, il est nécessaire d’aller vers un encadrement de la navigation dans les eaux communautaires de même que vers la disparition des pavillons de complaisance en Europe.
La fédération a au passage rappelé son opposition à la privatisation et à l’autocontrôle de la sécurité des navires et revendiqué le maintien et le renforcement des capacités d’inspection des affaires maritimes, véritable levier de lutte contre la complaisance déguisée. Il est par ailleurs nécessaire de lutter en Europe contre le laxisme de certains ports pour attirer des trafics, fussent-ils non respectueux des réglementations nationales et internationale.
Enfin, sur le contrôle, la fédération a pris note du projet d’amendement à la MLC visant à transformer le droit à rapatriement en une obligation de l’armateur à respecter les durées d’embarquement maximum. La fédération a toutefois émis des réserves quant à traduction concrète si ce point ne fait pas partie des éléments de contrôles des Port State Control (PSC).
La fédération s’est opposée à toute notion de « patriotisme économique » et a au contraire dénoncé :
• L’exclusion récente des représentants des marins dans les instances stratégiques nationales
• La suppression des collèges de marins dans les CSE et la disparition du CHSCT et son pendant Maritime.
Enfin, la fédération a prévenu le cabinet de la ministre contre toute velléité de remettre en cause la retraite des marins (ENIM), piller de la profession, reconnaissance de sa pénibilité et de ses rythmes de travail bien particuliers.
A la croisée d’enjeux sociaux et environnementaux planétaires, support de la mondialisation, le transport maritime et sa réglementation sont une priorité pour avancer vers une économie durable, respectueuse des travailleurs et de l’environnement. Poursuivre sa libéralisation et le greenwashing serait une faute aux conséquences lourdes.