Ford Blanquefort : le cynisme jusqu’au bout ?

Revue de presse par Christophe Chiclet

© Brian REYNAUD/REA

Six semaines avant l’échéance prévue, la direction du site Ford de Blanquefort en Gironde a définitivement fermé l’usine, cela en pleines vacances et en catimini. Et sans prévenir ni les salariés, ni les pouvoirs publics. Aperçus dans la presse.

La Tribune
Alors que l’usine Ford de Blanquefort fermera définitivement ses portes le 30 septembre prochain, la production est déjà à l’arrêt depuis le 24 juillet. Une décision unilatérale de la direction du site suscite un nouveau tollé de la part des syndicats comme des élus locaux. 849 emplois disparaîtront.

Sud Ouest
Le grand quotidien aquitain qui suit de très près la longue lutte des ouvriers de cet important site industriel de la banlieue bordelaise donne des précisions. Le porte-parole de Ford France, Fabrice Devaulay, a confirmé ce mercredi [24 juillet] l’arrêt total et définitif de la production à l’usine Ford de Blanquefort. Plus aucune boîte à vitesses automatiques ne sortira désormais de cette usine girondine ouverte en 1972. Ce matin, on a embauché normalement à six heures. Mais lorsqu’on est arrivé, on nous a demandé de ne pas démarrer les machines témoigne Thierry Boudin, un des ouvriers travaillant sur la ligne de production. On nous a dit que l’on pouvait rentrer chez nous et que ce n’était pas la peine de revenir. Je trouve que c’est très brutal comme annonce.
Ils ont viré les gens comme des malpropres, j’ai croisé des salariés en pleurs, témoignait pour sa part le secrétaire de Force Ouvrière Eric Troyas, présent lui aussi sur le grand parking de l’entreprise, dans la matinée
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Le Figaro
Eric Troyas, ancien secrétaire FO, en préretraite depuis juin,…, [a accusé] la direction d’avoir profité de la faible présence syndicale pendant l’été.

France 3 Nouvelle Aquitaine
La chaîne régionale a aussitôt envoyé ses caméras à l’entrée de l’usine. Les salariés présents ont été invités à quitter les lieux et à ne pas revenir travailler. La décision, prise par le siège de Ford Europe à Cologne, a été annoncée dans la matinée. Et de poser la vraie question. Hasard du calendrier ou pas, la direction et les représentants syndicaux devaient se réunir dans le même temps pour dresser le bilan économique de l’année 2018.

L’Humanité
Le quotidien explique cette soudaine précipitation de la direction. Premier round hier [24 juillet] avec la réunion du conseil économique et social de l’entreprise (CSE). L’expertise économique de Sécafi, cabinet mandaté par le CSE, y a mis à nouveau en lumière l’absence d’arguments économiques pour fonder la fermeture du site. D’une part, Ford Aquitaine industrie enregistre pour 2018 des bénéfices, avec un excédent de 31 millions d’euros. D’autre part, les 280 millions d’euros que FAI a provisionnés pour payer le plan social (235 millions) et la fermeture et la démolition de l’usine, représentent plus de trois fois le montant de l’investissement qui aurait été nécessaire pour mettre en production la nouvelle boite de transmission à même de pérenniser le site pour les cinq à sept ans à venir. Enfin, l’analyse des données économiques de 2018 révèle que les dix plus gros salaires mensuels ont augmenté en moyenne de 7,1%. FAI ne manque donc pas de sous !. Et n’oublions pas qu’en 47 ans la direction de Ford a reçu des centaines de millions d’aides publiques provenant tant de l’État que les collectivités territoriales.

Christophe Chiclet Journaliste à L’inFO militante