Formation des chômeurs : FO veillera à la qualité du plan

Emploi et Salaires par Valérie Forgeront

Annoncé le 31 décembre dernier par le chef de l’État, le plan de « 500 000 formations supplémentaires pour les chômeurs » a fait l’objet d’une réunion de mise en œuvre le 29 février entre la ministre du Travail Myriam El Khomri, la secrétaire d’État à la formation professionnelle Clotilde Valter, les partenaires sociaux et les présidents des régions.

Ce plan vise à faire passer le nombre de formations pour les demandeurs d’emplois de 515 000 l’an dernier à un million d’ici la fin de 2016.

Il sera financé par l’État à hauteur d’un milliard d’euros et pour 110 à 130 millions d’euros par le Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels (FPSPP).

Celui-ci, composé des organisations syndicales représentatives des employeurs et des salariés (dont FO), a été créé par l’accord national interprofessionnel (7 janvier 2009) sur le « développement de la formation tout au long de la vie professionnelle, la professionnalisation et la sécurisation des parcours professionnels » ainsi que par la loi du 24 novembre 2009 relative à « l’orientation et à la formation professionnelle tout au long de la vie ».

Les Régions satisfaites du plan

Le fonds FPSPP fédère et anime un réseau d’organismes paritaires (OPCA, OPACIF…) agréés par l’État et collecteurs des cotisations versées par les entreprises en fonction de leur masse salariale.

Contrairement aux précédents plans de formation qui étaient mis en œuvre par Pôle emploi, celui-ci sera directement « piloté » par les Régions à travers des conventions qu’elles signeront avec l’État d’ici le 31 mars. Cet engagement, contractuel, sera donc sur la base du volontariat.

« Le préalable pour qu’une Région s’engage dans le plan, c’est qu’elle maintienne son effort de formation. Au-delà tout effort supplémentaire sera compensé par l’État » indique le ministère du Travail. Celui-ci précise encore qu’au sein des Régions non signataires d’une convention « l’État abondera les fonds de Pôle emploi et les demandeurs d’emploi seront tout de même formés ».

Pour l’association des régions de France (ARF), le système mis au point pour ce plan est positif. « Nous sommes heureux de voir que le gouvernement a tenu ses engagements en laissant aux Régions la possibilité de gérer ce nouveau dispositif et en compensant tout effort supplémentaire des Régions » indiquait ce 29 janvier le nouveau président de l’ARF, M. Philippe Richert.

Les adaptations régionales

Le 27 janvier, avant une rencontre sur le thème de la formation des chômeurs avec le Président de la République, M. François Hollande et le Premier ministre, M. Manuel Valls, l’ARF demandait notamment que le plan des 500 000 formations relève d’un « pilotage par les Régions du service public d’accompagnement vers l’emploi au-delà des dispositions de la loi NOTRe » et cela « avec le transfert aux régions de subventions versées par l’État aux organismes concernés (crédits budgétaires et fonds social européen) ».

Adoptée le 7 août dernier, la loi NOTRe a redistribué les compétences entre les collectivités. L’échelon régional, conforté comme chef de file du territoire en matière de développement économique, a conservé ses compétences dans le domaine de la formation professionnelle.

C’est dans ce cadre que l’État entend mettre en oeuvre son plan de 500 000 formations. Celles-ci seront organisées en trois familles : formations courtes, acquisition de compétences de base, formations longues et qualifiantes.

Les services de la Dares (ministère du Travail) et Pôle emploi fourniront les statistiques déterminant les besoins en formation. Ces besoins seront toutefois adaptés selon les régions et par les régions.

A titre d’exemple, les formations pour des « métiers en tension » se feront selon les spécificités régionales souligne le secteur de la Confédération FO chargé des dossiers de l’Emploi et de la Formation professionnelle.

FO demande de vraies formations qualifiantes

« Ce raisonnement en terme de bassin d’emploi et d’employabilité pour les entreprises locales présente un risque » analyse FO. Le fait de tout renvoyer aux régions peut aussi conduire à des inégalités dans les offres de formation entre les régions riches et les régions pauvres. La Confédération FO s’interroge par ailleurs sur le contenu du rôle de coordinateur des antennes locales de Pôle emploi.

FO sera aussi vigilante quant à la qualité des formations qui seront proposées. Ainsi « le contrôle par les représentants paritaires des qualités des formations ainsi qu’une surveillance du risque de clientélisme au plan régional vont avoir une grande importance. »

Ces formations devront mener à une réelle qualification inscrite au répertoire des certifications professionnelles.

« On ne joue pas avec les demandeurs d’emploi » a tenu exprimer le secrétaire confédéral, Stéphane Lardy, lors de la rencontre du 29 février indiquant encore quant à la sollicitation du fonds FPSPP « on ne sera pas un payeur aveugle ».



Chômage : l’imbroglio statistique invalide l’apparente éclaircie de janvier


Le nombre de demandeurs d’emploi sans activité a baissé de 27 900 personnes en janvier en métropole annonçait Pôle emploi le 24 février dernier. Le nombre total de demandeurs d’emploi s’établit à 3.55 millions (3.81 millions avec l’outre-mer).

Ces dernières statistiques pourraient laisser à penser à une légère baisse du chômage… Hélas l’interprétation que l’on peut déduire de ces chiffres n’est pas si simple. Les services du ministère du Travail eux même alertent le peu de fiabilité de ces dernières statistiques.

« Le nombre de sorties de catégories A, B et C (sans activité et activité réduite) pour cessation d’inscription pour défaut d’actualisation a enregistré une hausse inhabituellement forte » explique ainsi la Dares (services du ministère) pour qui cette hausse « inexpliquée » « affecte à la baisse » le chômage.

+9.1% en un an pour le chômage de longue durée

Concrètement, ces chiffres ne permettent de tirer de conclusions hâtives sur une baisse réelle du chômage en janvier. Au mieux est-il possible de dégager une « tendance » sur trois mois.

Sur cette période, le chômage baisse légèrement, de 0.8%, ce qui ne compense pas la hausse de 1.8% sur un an.

« Pour le moment, on n’a pas encore une tendance de vraie inversion de la courbe du chômage » souligne ainsi le secrétaire général de la Confédération FO, Jean-Claude Mailly notant que s’il existe « une baisse du chômage chez les jeunes, il y a toujours une augmentation chez les plus de 50 ans et le chômage de longue durée continue à augmenter ».

Le taux de chômage chez les jeunes recule de 2.4% sur trois mois. En revanche, pour les plus de 50 ans, ce taux augmente de 0.8% sur trois mois et de 7.8% sur un an. Quant-au chômage de longue durée (demandeurs d’emploi inscrit à Pôle emploi depuis plus d’un an) il progresse de 1.6% sur trois mois et de 9.1% sur un an.

Valérie Forgeront Journaliste à L’inFO militante